ce, il n’a jamais pu y réussir, & nul autre astronome dans l’espace de 54 ans n’a pu voir ce phénomene après lui, non pas même M. Bianchini, si célebre par les découvertes sur la planete de Vénus, pour lesquelles il a employé d’excellentes lunettes de Campani, de plus de 100 piés de longueur.
Enfin, en 1641 M. Short, écossois, revit ou crut revoir ce même satellite, si c’en est un, avec les mêmes apparences que M. Cassini a décrites. Mais cette nouvelle apparition du satellite de Vénus n’a pas été de plus longue durée que les deux premieres. L’observation avoit été faite à Londres le 3 Novembre 1740 ; & au mois de Juin suivant M. Short n’avoit encore pu revoir le satellite prétendu. Il apperçut d’abord comme une petite étoile fort proche de Vénus, dont il détermina la distance à Vénus. Prenant ensuite une meilleure lunette, il vit avec une agréable surprise que la petite étoile avoit une phase, & la même phase que Vénus ; son diametre étoit un peu moins que le tiers de celui de Vénus, sa lumiere moins vive, mais bien terminée. M. Short le vit pendant une heure avec différens télescopes, jusqu’à ce que la lumiere du jour ou du crépuscule le lui ravit entierement. Les deux observations de M. Cassini n’avoient guere duré qu’une heure non plus.
Si c’est là un satellite de Vénus, il devient encore plus difficile de déterminer quel peut être l’usage des satellites. Seroit-ce de suppléer, pour ainsi dire, à la lumiere que les planetes ne reçoivent pas du soleil ? Mais voilà une planete plus proche du soleil que nous, & qui en a un aussi gros que notre Lune ; d’ailleurs Mars ne paroit point avoir de satellite, quoiqu’il soit plus éloigné du soleil que la Terre. Voyez l’histoire de l’acad. 1741.
Les phénomenes de Vénus démontrent la fausseté du système de Ptolemée, puisque ce système suppose que l’orbite de Vénus enveloppe celle de la Terre, & qu’elle est placée entre le Soleil & Mercure. Car il suit de ce système qu’elle ne devroit jamais paroître au-delà de la distance qui est entre nous & le Soleil, ce qui arrive cependant souvent, ainsi que toutes les observations s’accordent à le prouver. Voyez Systeme, Terre, &c.
L’orbite de Vénus n’est pas dans le même plan que l’écliptique ; mais elle est, comme on l’a dit, inclinée à ce plan, avec lequel elle fait un angle de 3 degrés environ.
La position du nœud de cette planete, & le vrai mouvement de ce nœud, ne sauroient être mieux déterminés que par le passage de Vénus sur le Soleil qu’on attend en 1761. Le mouvement de ce nœud, dont M. de la Hire a publié diverses observations en 1692, a cependant été déjà calculé ; mais les astronomes sont fort peu d’accord entr’eux sur ce sujet. (O)
Vénus, (Astron.) les curieux feront bien de lire sur la planete de Vénus, l’ouvrage de Bianchini (François) mis au jour à Rome, en 1728, in-fol. sous ce titre : Hesperi & phosphori phoenomena, sive observationes circa planetam venerem, &c. c’est-à-dire, nouveau phénomenes de la planete de Vénus, ou la description de ses taches, le tournoyement sur son axe en vingt-quatre jours & huit heures, le parallélisme du même axe, & la parallaxe de cette planete, dédié à Dom Juan V. roi de Portugal.
M. de Fontenelle, hist. de l’acad. des Sc. an. 1729. remarque que Vénus est très-difficile à observer, autant & de la maniere dont il le faudroit pour en apprendre tout ce que la curiosité astronomique demanderoit.
M. Bianchini commença par la recherche de la parallaxe de cette planete, & il trouva qu’elle étoit de 24 secondes. Cependant, il ne faut pas trop compter encore sur cette observation : selon l’historien de l’académie, c’est plutôt la maniere de trouver la pa-
heureux dans l’observation, encore plus importante, des taches de Vénus, qu’il fit en 1626 ; il les vit, & les distingua assez nettement pour y établir, selon lui, vers le milieu du disque, sept mers, qui se communiquent par quatre détroits, & vers les extrémités deux autres mers sans communication avec les premieres ; les parties qui sembloient se détacher du contour de ces mers, il les appella promontoires, & en compta huit, & il imposa des noms à ces mers, à ces détroits, & à ces promontoires. Les astronomes se servent du privilege des célebres navigateurs qui font des découvertes de terres inconnues, auxquelles ils imposent des noms.
M. Bianchini a déterminé aussi l’axe de la rotation de Vénus, & sa rotation même, qu’il a fixée à vingt-quatre jours & huit heures. Enfin une découverte remarquable & plus certaine qu’il a faite, est celle du parallélisme constant de l’axe de Venus sur son orbite, pareil à celui que Copernic fut obligé de donner à la terre. Je me borne à indiquer ces découvertes du savant Italien : ceux qui aiment les détails sur ces matieres, & qui souhaiteront d’être instruits des différentes observations qu’il a faites sur ce sujet, peuvent avoir recours à ce qu’en a dit M. de Fontenelle, & aux curieux extraits qu’on a donné de l’ouvrage de M. Bianchini, dans la bibliotheque Italique, où l’on trouvera même par-ci par-là, des remarques qui sont intéressantes pour ceux qui aiment l’astronomie. (D. J.)
Vénus, (Mythol.) déesse de l’amour :
Tu dea, iu rerum naturam tota gubirnas,
Nec sine te quicquam dias in luminis oras,
Exoritur, nique fit loetum, nec amabile quicquam.
C’est Lucrece qui invoque en ces mots cette déesse si célebre dans l’antiquité payenne. Homere la dit fille de Jupiter & de Dioné. Hésiode la fait naître près de Cythere ; mais voici les traits sous lesquels les poëtes l’ont dépeinte.
Accompagnée de son fils Cupidon, des jeux, des ris, des graces, & de tout l’attirail de l’amour, elle fit sur la terre les délices des hommes, & celles des Dieux, quand les Heures chargées du soin de son éducation la conduisirent dans l’Olympe. Elle étoit alors montée sur un char, trainé par deux colombes, dans une nuée d’or & d’azur. Elle avoit cette éclatante beauté, cette vive jeunesse, & ces graces tendres qui séduisent tous les cœurs ; sa démarche étoit douce & légere comme le vol rapide d’un oiseau qui fend l’espace immense des airs.
Jamais elle ne faisoit un pas sans laisser après elle une odeur d’ambroisie qui parfumoit tous les environs ; elle ne pouvoit même ni parler, ni remuer la tête sans repandre une odeur délicieuse dont l’air d’alentour étoit embaumé. C’est le prince des poëtes latins qui nous le dit, & on doit l’en croire :
Avertens roseâ cervice resulsit,
Ambrosiæque coma divinum vertice odorem
Spiravere.
Ses cheveux flottoient tantôt sur ses épaules découvertes, & tantôt étoient négligemment attachés par derriere avec une tresse d’or ; sa robe avoit plus d’éclat que toutes les couleurs dont Iris se paroit dans ses plus beaux jours ; elle étoit quelquefois flottante, & quelquefois nouée par cette divine ceinture sous laquelle paroissoient les graces.
Qui ne connoît ce ceste ou cette ceinture mystérieuse de la déesse, qu’Homere semble lui avoir dérobée, pour la mieux décrire. In eo delireamenta omnia inclusa erant. Ibi inerat amor, inerat desiderium, inerat & amantium colloquium ; inerat & blandi loquen-