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VOCATIF, s. m. (Gram.) dans les langues qui ont admis des cas pour les noms, les pronoms & les adjectifs, le vocatif est un cas qui ajoute, à l’idée primitive du mot décliné, l’idée accessoire d’un sujet à la seconde personne. Dominus est au nominatif, parce qu’il présente le seigneur comme le sujet dont on parle, quand on dit, par exemple, Dominus regit me, & nihil mihi deerit in loco pascua ubi me collocavit (Ps. xxij.), ou comme le sujet qui parle, par exemple, dans cette phrase, ego Dominus respondebo ei in multitudine immunditiarum suarum (Ezech. xiv. 4.). Mais Domine est au Vocatif, parce qu’il présente le Seigneur, comme le sujet à qui l’on parle de lui-même, comme dans cette phrase, exaudi Domine vocam meam, quâ clamavi ad te (Ps. xxvj.). Voici les conséquences de la définition de ce cas.

1°. Le pronom personnel ego ne peut point avoir de vocatif ; parce qu’ego étant essentiellement de la premiere personne, il est essentiellement incompatible avec l’idée accessoire de la seconde.

2°. Le pronom réflechi sui ne peut pas avoir non plus de vocatif ; parce qu’il n’est pas plus susceptible de l’idée accessoire de la seconde personne, étant nécessairement de la troisieme. D’ailleurs étant réfléchi, il n’admet aucun cas qui puisse indiquer le sujet de la proposition, comme je l’ai fait voir ailleurs. Voyez Reciproque.

3°. Le pronom de la seconde personne ne peut point avoir de nominatif ; parce que l’idée de la seconde personne étant essentielle à ce pronom, elle se trouve nécessairement comprise dans la signification du cas qui le présente, comme sujet de la proposition, lequel est par conséquent un véritable vocatif. Ainsi c’est une erreur à proscrire des rudimens, que d’appeller nominatif le premier cas du pronom tu, soit au singulier, soit au pluriel.

4°. Les adjectifs possessifs tuus & vester ne peuvent point admettre le vocatif. Ces adjectifs désignent par l’idée générale d’une dépendance relative à la seconde personne : voyez Possessif. Quand on fait usage de ces adjectifs, c’est pour qualifier les êtres dont on parle, par l’idée de cette dépendance ; & ces êtres doivent être différens de la seconde personne dont ils dépendent, par la raison même de leur dépendance : donc ces êtres ne peuvent jamais, dans cette hypothèse, se confondre avec la seconde personne ; & par conséquent, les adjectifs possessifs qui tiennent à cette hypothèse, ne peuvent jamais admettre le vocatif, qui la détruiroit en effet.

Ce doit être la même chose de l’adjectif national vestras, & pour la même raison.

5°. Le vocatif & le nominatif pluriels sont toujours semblables entr’eux, dans toutes les déclinaisons greques & latines ; & cela est encore vrai de bien des noms au singulier, dans l’une & dans l’autre langue.

C’est que la principale fonction de ces deux cas est d’ajouter à la signification primitive du mot, l’idée accessoire du sujet de la proposition, qu’il est toujours essentiel de rendre sensible : au-lieu que l’idée accessoire de la personne n’est que secondaire, parce qu’elle est moins importante, & qu’elle se manifeste assez par le sens de la proposition, ou par la terminaison même du verbe dont le sujet est indéterminé à cet égard. Dans Deus miseretur, le verbe indique assez que Deus est la troisieme personne ; & dans Deus miserere, le verbe marque suffisamment que Deus est à la seconde : ainsi Deus est au nominatif, dans le premier exemple, & au vocatif dans le second ; quoique ce soit le même cas matériel.

Cette approximation de service dans les deux cas, semble justifier ceux qui les mettent de suite & à la tête de tous les autres, dans les paradigmes des déclinaisons : & je joindrois volontiers cette réflexion à

celles que j’ai faites sur les paradigmes. Voyez Paradigme. (B. E. R. M.)

VOCATION, s. f. en terme de Théologie ; grace ou faveur que Dieu fait quand il appelle quelqu’un à lui, & le tire de la voie de perdition pour le mettre dans celle du salut.

Dans ce sens-là nous disons, la vocation des juifs, la vocation des gentils.

Il y a deux sortes de vocations, l’une extérieure & l’autre intérieure : la premiere consiste dans une simple & nue proposition d’objets qui se fait à notre volonté : la seconde est celle qui rend la premiere efficace en disposant nos facultés à recevoir ou embrasser ces objets.

Vocation se dit aussi d’une destination à un état, ou à une profession. C’est un principe que personne ne doit embrasser l’état ecclésiastique ni monastique sans une vocation particuliere. Voyez Ordres, Ordination, &c.

Les catholiques soutiennent que la vocation des pasteurs ou théologiens réformés est nulle & invalide ; & parmi les Anglois-mêmes, quelques-uns prétendent qu’une succession qui n’ait point été interrompue est nécessaire pour la validité de la vocation des prêtres. Voyez Ordination.

VOCEM, terme de Breviaire ; c’est le nom qu’on donne au cinquieme dimanche d’après Pâques, parce que l’introit de la messe commence par vocem jucunditatis, & qu’il est ainsi marqué dans quelques almanachs. Les Rogations sont immédiatement le lendemain du dimanche vocem jucunditatis. (D. J.)

VOCENTII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoise, à l’orient des Tricastini, & à l’occident des Tricorii. Ce peuple étoit limitrophe des Allobroges, & libre ; c’est-à-dire, que par la libéralité des Romains, il étoit exemt de la jurisdiction du président de la province. Ptolomée, l. II. c. x. donne à ce peuple pour capitale Vasio, aujourd’hui Vaison. (D. J.)

VOCETUS ou VOCETIUS, (Géog. anc.) montagne de l’Helvétie. Cluvier, germ. ant. l. II. c. iv. & Cellarius, c. iij. sont d’avis que le mont Vocetus, est cette partie du mont Jura, qui est dans le canton de Zoug, & qu’on appelle présentement Bozen, Bozberg ou Botyberg. Quelques-uns ont confondu le Vocetus, ou Vocetius avec le Vogesus. C’est une grande erreur. Voyez Vogesus.

VOCONTIENS, s. m. pl. (Hist. ancienne.) Vocontio ; peuple de l’ancienne Gaule, qui du tems des Romains habitoient les pays connus des modernes sous le nom de Dauphiné.

VOCONTII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoise. Ils habitoient à l’orient des Tricastini, & à l’occident des Tricorii : ce que nous apprenons de la route d’Annibal décrite par Tite-Live, l. XXI. c. xxxj. Quum jam Alpes peteret, non rectà regione iter instituit, sed ad lævam in Triscastinos flexit : indè per extremam oram Vocontiorum agri, tetendit in Tricorios.

Strabon, l. IV. p. 178, écrit Οὐοκόντιοι, Vocontii, p. 203, Οὐοκούντιοι, Vocuntii. Il dit que ce peuple étoit limitrophe des Allobroges, & libre ; c’est-à-dire, que par la libéralité des Romains il étoit exempt de la jurisdiction du président de la province ; aussi Pline, l. III. c. iv. lui donne-t-il le titre de cité confédérée. Il ajoute qu’ils avoient deux capitales Vasio, Vaison, & Lucus Augusti, le Luc. Pomponius Mela, l. II. c. iij. & Ptolomée, l. II. c. x. ne nomment qu’une de ces capitales ; savoir, Vasio Vocontiorum, ou civitas Vasiorum.

Trogue-Pompée étoit du pays des Voconces, & fleurissoit du tems d’Auguste. Son pere étoit secrétaire & garde du sceau de cet empereur. Trogue-Pompée s’acquit une grande gloire par une histoire