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Sylla le dictateur, qui est le premier dont on a brûlé le corps, l’ancien usage d’enterrer les morts n’a jamais entierement cessé. Les urnes où l’on recueilloit les cendres s’appelloient ollæ, & avant que les cendres y fussent mises, virgines. L’auteur établit dans ce même chapitre, que par les mots livia Augusti dans les inscriptions, les anciens désignoient la femme d’Auguste, & non sa fille ; & que tous les gladiateurs n’étoient pas de condition servile, mais qu’il y en avoit de l’ordre des chevaliers. Dans le chapitre second il justifie que le nom de genii se donnoit tantôt aux dii manes, tantôt aux ames humaines, tantôt à ces puissances qui tenoient le milieu entre les dieux & les hommes.

Il prouve aussi que la ville de Parme s’appelloit anciennement Julia Chrysopolis. Il observe dans le troisieme chapitre, que les anciens mettoient un point à la fin de chaque mot dans leurs inscriptions, mais toujours à la fin de chaque ligne, & quelquefois à la fin de chaque syllabe. Il recherche la signification du mot ascia dans les anciennes inscriptions ; terme, dit-il, qu’il ne trouve guere que dans les inscriptions des Gaules. Il remarque dans le quatrieme chapitre, que le mot d’alumnus, ne se prend jamais dans les bons auteurs dans un sens actif, mais dans un sens passif. Il montre dans le septieme, que les poids des anciens étoient plus grands que ceux des modernes. Il soutient dans le huitieme, que les vaisseaux de verre que l’on trouve auprès des tombeaux des anciens chrétiens, sont des preuves de leur martyre, & que les taches rouges qu’on y apperçoit, sont des restes du sang que les fideles y ont mis, ce qui n’est nullement vraissemblable, & est peu physique.

A la fin de ce recueil, il rend compte des corrections qu’il a faites dans les inscriptions recueillies par Gruter en deux volumes ; outre un grand nombre d’autres corrections sur divers autres compilateurs d’inscriptions, qui sont répandues dans l’ouvrage même.

M. Fabretti avoit une capacité merveilleuse pour déchiffrer les inscriptions qui paroissent toutes défigurées, & dont les lettres sont tellement effacées, qu’elles ne sont presque plus reconnoissables. Il nettoyoit la surface de la pierre, sans toucher aux endroits où les lettres avoient été creusées ; ensuite il mettoit dessus un carton bien mouillé, & le pressoit avec une éponge, ou un rouleau entouré d’un linge ; ce qui faisoit entrer le carton dans le creux des lettres pour en prendre la poussiere qui s’y attachoit, & dont la trace faisoit connoître les lettres qu’on y avoit autrefois gravées.

M. Baudelot dans son livre de l’utilité des voyages, indique un secret à-peu-près semblable, pour lire sur les médailles les lettres qu’on a de la peine à déchiffrer. (Le Chevalier de Jaucourt.)

URBINUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans l’Umbrie, près de la voie Flaminienne du côté du couchant, entre le Metaurus & le Pisaurus, à-peu-près à égale distance de ces deux fleuves, selon Tacite, Procope & Paul diacre. Elle conserve encore son ancien nom ; car on l’appelle Urbino.

Pline, l. III. c. xiv. nomme ses habitans Urbinates : mais il distingue deux sortes d’Urbinates, les uns surnommés Metaurenses, & les autres Hortenses ; & comme il est sans contredit, que les premiers demeuroient sur le bord du Metaurus, où étoit la ville Urbinum Metaurense, aujourd’hui Castel-Durante, il s’ensuit que les Urbanites Hortenses habitoient la ville d’Urbinum, devenue depuis la capitale du duché d’Urbin.

Procope dit qu’il y avoit dans Urbinus une fontaine, où tous les habitans puisoient de l’eau. Cette fontaine, selon Cluvier, Ital. ant. l. II. c. vj. est aujour-

d’hui hors de la ville, au pié de la citadelle. C’étoit

un municipe considérable, comme le prouvent plusieurs inscriptions qu’on y voit encore présentement. (D. J.)

URBS ou URBIS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans la Ligurie, selon Claudien, de Bel. get. v. 534. qui en parle ainsi :

. . . . . . . . Ligurum regione supremâ
Pervenit ad fluvium miri cognominis Urbem.

Ce fleuve se nomme encore aujourd’hui Urba ou Orba : il mouille la ville d’Ast.

Urbs-Salvia, (Géog. anc.) aujourd’hui Urbi-Saglia, ville d’Italie dans le Piscenum, en-deçà de l’Apennin. La table de Peutinger, écrit Urbe-Salvia, & la marque à douze milles de Ricina. (D. J.)

Ures-Vetus, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans l’Etrurie, selon Paul-Diacre, Longobard, liv. IV. c. xxxiij. Procope la met sur le Clanis aujourd’hui la Chiana, & la nomme Urbiventus. On croit que cette ville est Orviete.

URE, s. m. (Hist. nat. des quadrupedes.) en latin urus, & je ne peux mieux rendre ce mot qu’en le francisant ; car le mot de bœuf sauvage ne répond pas aussi bien au terme latin. L’ure est un quadrupede, dont les anciens ont beaucoup parlé ; cet animal a la corne large, le poil noir & court, le corps gros, la peau dure, & la tête fort petite proportionellement à la grosseur du corps. Virgile appelle avec raison ces animaux sylvestres, Georg. l. II. v. 374.

Sylvestres uri, assiduè capræque sequaces
Illudunt.

« Les ures & les chevreuils qui se suivent de près, feroient de grands dégats dans votre vigne ». Servius remarque que les ures de Virgile naissent dans les Pyrénées, & qu’ils sont ainsi nommés du mot grec ὄρος, montagne.

César est le premier romain qui les ait décrits, l. VI. de bell. gallico. Il dit que les ures sont un peu moins grands que les éléphans ; qu’ils ressemblent à un taureau, & qu’ils en ont la couleur & la figure ; qu’ils sont d’une force & d’une vîtesse merveilleuse ; qu’ils se jettent sur tout ce qu’ils apperçoivent, homme ou bête, qu’on les prend dans des fosses ou trapes, & qu’on les met à mort ; il ajoute que les jeunes gaulois s’exerçoient à leur chasse, qu’ils rapportoient les cornes de ces animaux pour témoignage de leur valeur ; que ceux qui en tuoient le plus acquéroient le plus de gloire, que les ures ne pouvoient s’apprivoiser, pas même quand on les prenoit tout petits ; que l’ouverture & la forme de leurs cornes étoit fort différente de celle de nos bœufs ; que les Gaulois les recherchoient avec soin ; qu’ils en revêtoient les bords d’un cercle d’argent, & s’en servoient au-lieu de coupes dans les festins solemnels.

Solin met les ures en Germanie. Pline prétend que les forêts des Indes en sont pleines ; nous savons aussi que l’Afrique en a quantité ; mais les ures de l’Europe different beaucoup des ures de l’Afrique & de l’Asie ; nous en avons parlé avec quelqu’étendue au mot Taureau sauvage. (D. J.)

UREDELÉE, s. f. terme de Pêche, sorte de rets qui est une espece de picot, à la côte & à pié. Ce rets a environ 15 à 20 brasses de longueur, une brasse de chûte par les bouts, & il augmente à mesure qu’il avance dans le milieu, où il a alors au moins 3 à 4 brasses de chûte.

Il faut ordinairement dix à douze hommes pour faire la pêche avec ce filet, & un seul acon pour porter le rets à l’eau. Il y a aux deux bouts un bâton, comme aux seines & aux colerets, avec cette différence que le rets ne traîne jamais ; qu’il n’est chargé ni de