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plomb, ni de pierres par le bas, & qu’il n’a que la corde du pié, & les bouts frappés sur le bâton qui fait couler bas le pié du rets. Deux hommes, un à chaque bout, tiennent le filet un peu en cercle, l’ouverture du côté de terre, & le fond exposé à la mer. La pêche s’en fait de marée montante, une heure au plus avant le plein de l’eau. Le haut du rets est garni de flottes de liege enfilées, pour le soutenir à fleur-d’eau. Il faut commencer la pêche avant le jussant, parce que les poissons qui ont monté à la côte avec le flux, s’en retournent à l’instant que le reflux se fait sentir. Quand le rets est exposé le long de la côte, cinq à six hommes se mettent à l’eau jusqu’au cou, & battent l’eau avec des perches, allant du bord de la côte vers le filet dans lequel ils chassent les muges ou mulets, qui sont les seuls poissons qu’on prenne à ces côtes de cette maniere.

Pour relever le rets, lorsque le trait ou le land est fini, les deux hommes qui tiennent le bâton ou le canon du rets, le relevent, & joignant en même tems ensemble les deux lignes de la tête & du pié, ils en ramassent tout le poisson qu’ils viennent jetter dans l’acon, pour recommencer encore un nouveau trait, si la marée le permet.

Cette pêche dure à cette côte pendant trois mois, de la S. Jean à la S. Michel, parce que plus les eaux sont chaudes, & plus volontiers les muges ou mulets rangent la côte. Les vents d’est & d’est-sud-est, sont les plus favorables ; ceux d’aval font fuir le poisson de la côte.

Cette pêche ne se fait jamais que de jour ; elle ne peut causer aucun préjudice au général de la pêche, parce qu’elle se fait sur des fonds de vases & de bourbes, où le frai, comme on l’a remarqué, ne se forme point, si on excepte celui des anguilles.

Les mailles de ces uredelées sont de trois especes ; les plus larges ont seulement 12 lignes en quarré, les autres dix ; & les plus serrées, qui sont au fond pour arrêter ce qui entre dans le filet, n’ont que 6 lignes aussi en quarré, en quoi il y auroit de l’abus ; mais avec des mailles de 15 lignes en quarré, permises pour faire la pêche du grand haneau, par la déclaration du 18 Mars 1727, ces pêcheurs pourront, sans abus, faire une bonne pêche avec succès.

UREDO, (Maladies.) est un mot latin, qui signifie la nielle ou brouine des arbres ou des herbes. Voyez Nielle, Brouine, Maladies des plantes, &c.

Les Médecins emploient aussi quelquefois ce terme pour marquer une démangeaison de la peau. Voyez Gratelle.

URENA, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné par Dillenius à un genre de plante, dont voici les caracteres selon Linnæus. Le calice est une double enveloppe ; l’extérieure est formée d’une seule feuille, légérement découpée en cinq larges segmens ; l’intérieure est composée de cinq feuilles étroites & angulaires. La fleur est à cinq pétales oblongs qui naissent ensemble, s’élargissent vers le sommet, & finissent en une pointe obtuse ; les étamines sont des filets nombreux, qui vers leur base croissent en cylindre, mais qui se dégagent à leur sommité. Le germe du pistil est arrondi ; le stile est simple, de la longueur des étamines, & est couronné de dix stygma, chevelus & recourbés. Le fruit est une capsule arrondie, formant cinq angles, & contenant cinq loges. Les graines sont uniques, rondelettes, mais en quelque maniere applaties à leur pointe. Linnæi, gen. plant. page 329. Dillen. hort. eltham. page 319.

URETAC, s. m. (Marine.) c’est une manœuvre qu’on passe dans une poulie, qui est tenue par une herse dans l’éperon, au-dessus de la saisine de beaupré, & qui sert à renfoncer l’amure de misaine, quand il est nécessaire qu’elle le soit.

URETERE, s. m. (Anatom.) les ureteres sont deux canaux longs, ronds & membraneux, de la grosseur d’une plume à écrire. Ils sortent de chaque côté de la partie cave des reins, & descendant le long des muscles psoas, en forme d’S capitale, enfermés dans la duplicature du péritoine, ils vont se terminer postérieurement vers le col de la vessie.

Ils sont composés de trois tuniques, dont la premiere est charnue, la seconde est nerveuse, & la troisieme veloutée ; cette derniere empêche que l’âcreté de l’urine n’irrite les fibres nerveuses.

Ils reçoivent des rameaux d’arteres & de veines des parties voisines, & des nerfs de l’intercostal, & des vertebres des lombes, qui donnent à ces canaux un sentiment très-vif, & font souffrir d’extrèmes douleurs à ceux qui sont attaqués de la gravelle, ou de la néphrétique.

Mais pour mieux développer l’origine & la structure des ureteres, il faut savoir qu’il part de la circonférence des papilles rénales 11 à 12 canaux membraneux, qui les reçoivent avec l’humeur qui en découle, & qui forment trois rameaux dont l’union ne produit qu’un large bassinet, lequel se termine en un seul tuyau membraneux, épais, fort, garni d’arteres, de veines, de nerfs, de petits vaisseaux lymphatiques, de fibres motrices & de lacunes mucilagineuses, propres à adoucir ses parois. Ce canal (l’uretere) va d’abord droit en-bas, se courbe aussitôt, couvert par la lame du péritoine d’une largeur inégale en différens endroits.

Il va s’insérer à la partie postérieure de la vessie, presqu’à deux doigts de distance de la partie inférieure de son col, & de l’autre uretere. Après avoir percé la tunique extérieure, & parcouru obliquement l’espace du petit doigt entr’elle & la tunique interne, il s’insinue dans la cavité de la vessie. Il y forme, par la production de ses fibres, un corps rond, long, déterminé en bas, qui empêche l’urine de remonter dans l’uretere, lorsque la vessie est pleine ; car alors l’expansion de la vessie fait que ce corps tire nécessairement l’uretere en bas & le bouche. Ce canal est donc tellement situé & construit, qu’il peut surement porter l’urine des reins dans la vessie, sans qu’elle puisse jamais remonter dans ce canal, quelque comprimée qu’elle soit.

Il résulte de ce détail, que les plaies des ureteres sont suivies de violentes douleurs aux flancs, le blessé rend des urines sanglantes ; & lorsque ces conduits sont totalement coupés, il souffre une suppression d’urine, qui s’épanchant dans la cavité du ventre, se corrompt bientôt faute d’issue, & cause la mort au malade.

Parlons maintenant des jeux que la nature exerce sur cette partie. D’abord M. Ruysch dit avoir observé que les ureteres descendent quelquefois des reins vers la vessie en ligne spirale ; mais Riolan a vu des choses bien plus singulieres dans le corps d’un vérolé, qui venoit de finir ses jours au bois d’une potence. Ce fut en 1611 qu’il fit la dissection du cadavre ; il trouva premierement deux ureteres à chaque rein, où ils avoient chacun leur cavité particuliere, séparée par une membrane mitoyenne. L’insertion de chaque uretere se faisoit en divers endroits de la vessie ; l’un y entroit joignant le col, & l’autre par le milieu du fond. Ils étoient tous deux creux, & égaux en grosseur : ce n’est pas tout. Riolan trouva trois émulgentes au rein droit, & une seule au rein gauche, qui jettoit une double branche. Pour comble de singularités en ce genre, les spermatiques sortoient des émulgentes à droite & à gauche.

Il arrive encore d’autres jeux de la nature sur les ureteres. Le bassinet du rein, qui n’est autre chose qu’une dilatation de l’extrémité supérieure de l’uretere, se divise quelquefois avant que d’être reçu dans