ni action ni passion. Voyez Actif, Passif, Neutre, Relatif, art. I.
Toutes les autres divisions du verbe adjectif, ou en absolu & relatif, ou en augmentatif, diminutif, fréquentatif, inceptif, imitatif, &c. ne portent pareillement que sur de nouvelles idées accessoires ajoutées à celle de la modification déterminée qui rend concret le sens du verbe adjectif ; & par conséquent elles sont toutes conciliables avec la définition générale, qui suppose toujours l’idée de cette modification déterminée.
Après ce détail où j’ai cru devoir entrer, pour justifier chacune des idées élémentaires de la notion que je donne du verbe, détail qui comprend, par occasion, l’examen des définitions les plus accréditées jusqu’à présent ; celle de P. R. & celle de Scaliger ; je me crois assez dispensé d’examiner les autres qui ont été proposées ; si j’ai bien établi la mienne, les voila suffisamment refutées, & je ne ferois au-contraire qu’embarrasser de plus en plus la matiere, s’il reste encore quelque doute sur ma définition. Je n’ajouterai donc plus qu’une remarque pour achever, s’il est possible, de répandre la lumiere sur l’ensemble de toutes les idées que j’ai réunies dans la définition générale du verbe.
La grammaire générale dit que c’est un mot dont le principal usage est de signifier l’affirmation. Cette idée de l’affirmation, que j’ai rejettée, n’est pas la seule chose que l’on puisse reprocher à cette définition, & en y substituant l’idée que j’adopte de l’existence intellectuelle, je définirois encore mal le verbe, si je disois simplement que c’est un mot dont le principal usage est de signifier l’existence intellectuelle, ou même plus briévement & avec plus de justesse, un mot qui signifie l’existence intellectuelle. Cette définition ne suffiroit pas pour expliquer tout ce qui appartient à la chose définie ; & c’est un principe indubitable de la plus saine logique, qu’une définition n’est exacte qu’autant qu’elle contient clairement le germe de toutes les observations qui peuvent se faire sur l’objet défini. C’est pourquoi je dis que le verbe est un mot déclinable indéterminatif qui désigne seulement par l’idée générale de l’existence intellectuelle, sous une relation à une modification.
Je sais bien que cette définition sera trouvée longue par ceux qui n’ont point d’autre moyen que la toise, pour juger de la briéveté des expressions ; mais j’ose esperer qu’elle contentera ceux qui n’exigent point d’autre briéveté que de ne rien dire de trop. Or :
1°. Je dis en premier lieu que c’est un mot déclinable, afin d’indiquer le fondement des formes qui sont communes au verbe, avec les noms & les pronoms ; je veux dire les nombres sur-tout, & quelquefois les genres.
2°. Je dis un mot déclinable indéterminatif ; & par là je pose le fondement de la concordance du verbe, avec le sujet déterminé auquel on l’applique.
3°. J’ajoute qu’il désigne par l’idée générale de l’existence, & voila bien nettement l’origine des formes temporelles, qui sont exclusivement propres au verbe, & qui expriment en effet les diverses relations de l’existence à une époque.
4°. Je dis que cette existence est intellectuelle ; & par-là je prépare les moyens d’expliquer la nécessité du verbe dans toutes les propositions, parce qu’elles expriment l’objet intérieur de nos jugemens ; je trouve encore dans les différens aspects de cette idée de l’existence intellectuelle, le fondement des modes dont le verbe, & le verbe seul, est susceptible.
5°. Enfin je dis l’existence intellectuelle sous une relation à une modification : & ce dernier trait, en facilitant l’explication du rapport qu’a le verbe à l’expression de nos jugemens objectifs, don ne lieu de di-
J’ose donc croire que cette définition ne renferme rien que de nécessaire à une définition exacte, & qu’elle a toute la briéveté compatible avec la clarté, l’universalité & la proprieté qui doivent lui convenir ; clarté qui doit la rendre propre à faire connoître la nature de l’objet défini, & à en expliquer toutes les propriétés essentielles ou accidentelles : universalité qui doit la rendre applicable à toutes les especes comprises sous le genre défini, & à tous les individus de ces especes, sous quelque forme qu’ils paroissent : propriété enfin, qui la rend incommunicable à tout ce qui n’est pas verbe. (B. E. R. M.)
Verbe, s. m. (Théolog.) terme consacré dans l’Ecriture, & parmi les théologiens, pour signifier le fils unique de Dieu, sa sagesse incréée, la seconde personne de la sainte Trinité, égale & consubstantielle au pere.
Il est à remarquer que dans les paraphrases chaldaïques des livres de Moïse, ce Verbe qui est appellé par les Grecs λόγος, & par les Latins sermo ou verbum, est nommé memra, & l’on prétend avec fondement que les auteurs de ces paraphrases ont voulu désigner sous ce terme le fils de Dieu, la seconde personne de la sainte Trinité : or leur témoignage est d’autant plus considérable qu’ayant vêcu avant Jesus-Christ, ou du tems de Jesus-Christ, ils sont des témoins irréprochables du sentiment de leur nation sur cet article ; dans la plupart des passages où se trouve le nom sacré de Jehovah, ces paraphrastes ont substitué le nom de Memra qui signifie le Verbe, & qui differe du Pitgama qui en chaldéen signifie le discours ; & comme ils attribuent au Memra tous les attributs de la divinité, on en infere qu’ils ont cru la divinité du Verbe.
En effet c’est selon eux le Memra qui a créé le monde ; c’est lui qui apparut à Abraham dans la plaine de Mambré, & à Jacob au sommet de Béthel. C’étoit ce même Verbe qui apparut à Moise sur le mont Sinai, & qui donna la loi aux Israélites. Tous ces caracteres & plusieurs autres où les paraphrastes emploient le nom de Memra, désignent clairement le Dieu tout-puissant, & les Hébreux eux-mêmes ne le désignoient que par le nom Jehovah ; ce Verbe étoit donc Dieu, & les Hébreux le croyoient ainsi du tems que le targum a été composé. Voyez Targum.
Le Memra répond au cachema, ou à la sagesse dont parle Salomon dans le livre des proverbes & dans celui de la sagesse, où il dit que Dieu a créé toutes choses par son Verbe, omnia in Verbo tuo fecisti, & qu’il appelle la parole toute puissante de Dieu, omnipotens sermo tuus.
Philon, fameux juif qui a vêcu du tems de Jesus-Christ, & qui avoit beaucoup étudié Platon, se sert à-peu-près des mêmes manieres de parler. Il dit par exemple, lib. de mundi opificio, que Dieu a créé le monde par son Verbe, que le monde intelligible n’est autre que le Verbe de Dieu qui créa le monde, que ce Verbe invisible est la vraie image de Dieu. Les Platoniciens, pour marquer le Créateur de toutes choses, se servoient quelquefois du mot λόγος, qui est employé dans saint Jean pour signifier le Verbe éternel. Les Stoïciens s’en servoient aussi contre les Epicuriens qui soutenoient que tout étoit fait au hasard & sans raison, au-lieu que les Platoniciens & les Stoïciens pretendoient que tout avoit été fait par le λόγος ou la raison, & la sagesse divine. Au reste, c’est par surabondance de droit que nous citons ces philosophes & Philon lui-même ; car on doute avec raison