Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cident demande les fumigations résineuses, l’application des balsamiques & des lotions astringentes.

III. L’uterus ne s’éleve jamais dans les femmes qui ne lont pas enceintes ; mais dans les femmes grosses, la matrice étant gonflée, elle éloigne le mésentere & les intestins ; elle monte directement en-haut, elle se porte davantage d’un côté ou d’autre, ou quelquefois se panche trop sur l’os pubis ; ce changement de situation produit un travail difficile, à moins qu’on ne le prévienne par une position favorable du corps, par la prudente intromission de la main de l’accoucheur & par quelque soutien. Quand l’uterus vient à descendre, la compression qu’il fait sur les nerfs, les arteres ou les veines iliaques, cause ordinairement l’engourdissement, des varices ou l’enflure des piés. La compression que fait cette partie sur l’intestin rectum ou sur la vessie, est suivie de difficulté d’aller à la selle & d’uriner ; mais ces maladies se dissipent par le changement de situation & après l’accouchement. On garantit les piés d’enflure & de varices par le secours d’un soutien artificiel.

Si l’orifice de la matrice, à l’approche des couches, descend trop, il cause un accouchement laborieux, auquel on ne peut remédier qu’en le repoussant adroitement avec la main, & en procurant à la femme qui est en travail, une situation plus déclive.

Quelquefois dans les femmes qui ne sont point grosses, l’uterus tombe à la suite des fleurs blanches, du flux immodéré des regles, d’accouchement, d’avortemens fréquens ; l’uterus tombe quelquefois après un saut considérable, après une toux très-violente, après le vomissement, le ténesme, lorsqu’on a élevé un poids avec force ; car on découvre dans ces cas l’orifice de l’uterus au milieu d’une grosse tumeur ; il faut sur le champ le remettre dans sa place. Mais si la chûte de la matrice est ancienne, il convient, avant toutes choses, d’y faire des fomentations & des ablutions ; & après l’avoir remise dans sa situation naturelle, il l’y faut maintenir par un soutien convenable, en faisant coucher la malade. La partie intérieure de cet organe a ensuite besoin d’être mondifiée & resserrée par les consolidans. Quelquefois la matrice se renverse dans un accouchement laborieux, en procurant imprudemment la sortle du placenta ; si la tumeur se trouve environnée d’une dureté en forme d’anneau, il faut s’appliquer à la fondre sans délai. Quand elle est ancienne, elle demande le même traitement que la chûte de l’uterus, de crainte qu’il ne tombe dans le sphacele, & que la malade ne meure.

IV. Quelquefois la figure de la matrice se trouve déformée par une hernie dans un de ses côtés, ou par une cause externe comprimante, ou par une cicatrice qui y est restée. Ces maladies doivent être traitées par la soustraction de la cause comprimante, & par le moyen d’un soutien convenable.

V. La blessure de l’uterus dans les femmes qui sont enceintes, menace d’avortement & de mort. La contusion de cet organe n’a guere lieu que dans les femmes grosses. Dans celles qui sont fort grasses, la compression de ce viscere cause la stérilite ; mais il arrive quelquefois qu’une tumeur externe donne à la matrice une situation oblique ou une figure difforme. Le moyen d’y remédier consiste à dissiper les causes de la compression.

Il n’y a point d’exemples de rupture de matrice dans les femmes qui ne sont pas enceintes ; mais dans celles qui le sont, si le fœtus par un mouvement violent vient à rompre la matrice, & qu’il tombe dans la cavité du bas-ventre, la seule section de cette partie peut conserver la vie de la mere & de l’enfant. On prévient cet accident par un soutien artificiel. Le déchirement trop fréquent de

ce viscere doit être attribué à la maniere imprudente dont la sage-femme touche la matrice, ou en arrache le placenta. On en tentera la guérison par des injections d’un émollient balsamique, & en appliquant en même tems un cataplasme sur le ventre, accompagné d’un soutien.

VI. Le trop grand relâchement de l’uterus, suite ordinaire d’un accouchement ou d’un avortement trop fréquent, d’une extension occasionnée par des humeurs morbifiques contenues dans sa cavité, d’un flux immodéré des regles, des vuidanges & des fleurs blanches, produit la stérilité. Si ce relâchement arrive à l’orifice de ce viscere & dans l’accouchement, il cause l’inversion de l’uterus.

De ce dernier accident s’ensuit un travail laborieux, la retenue du placenta, un sentiment de pesanteur & de fréquentes hémorrhagies de matrice. Pour prévenir ces maladies & les guérir, il convient d’appliquer des corroborans sur le ventre, & un léger soutien. La roideur de l’orifice de l’uterus dans les femmes qui accouchent pour la premiere fois, & dans les vieilles femmes, annonce un accouchement difficile, qu’on tâche de faciliter par des onctions & des fomentations faites avec un liniment émollient. Quand cette rigidité vient de convulsion, c’est alors le cas de recourir aux antispasmodiques. Mais la trop grande dureté de l’orifice, & sa callosité qu’on recouvre par le toucher, élude tous les remedes. Si la contraction ou l’inflammation sont cause de cet état, on le traitera comme la roideur. Une matrice trop humide, molle, & plus froide qu’à l’ordinaire, répand une grande quantité d’humeurs & des regles blanches, d’où resulte souvent la stérilité. La cure demande des corroborans chauds appliqués sur le ventre avec un léger soutien. Je ne conseille point les remedes âcres, parce qu’ils sont trop dangereux.

La trop grande & constante sécheresse de l’utérus, dont l’origine est une inflammation ou un érésipelle, demande le même traitement que ces maladies. Quand la matrice parvenue à ce degré de sécheresse, est tombée, il est à propos, avant que de la rétablir dans la situation naturelle, d’employer pour l’humecter les fomentations émollientes, humides, & tant soit peu onctueuses. La trop grande chaleur de cette partie, qui est le résultat des maladies inflammatoires ou des érésipelles, ou de quelque humeur âcre, bilieuse, n’exige point un traitement particulier ; mais cette légere affection requiert l’usage des raffraichissemens tant internes qu’externes. Sa trop grande froideur occasionnée par le rallentissement de son mouvement vital & particulier, est cause que les regles coulent moins abondamment, & moins colorées. Souvent même les femmes deviennent sujettes aux fleurs blanches & à l’avortement. Pour la cure de cet état, il faut recourir aux échaussans & aux corroborans. L’affoiblissement de l’action de la matrice, qui vient du mouvement vital, particulier ou général, demande la méthode curative ordinaire, avec l’usage des utérins.

La douleur qu’on ressent dans la matrice, quelle que soit la cause qui la produit, est suivie d’anxiétés, & souvent par sympathie, la vessie & le bas-ventre se trouvent affectés. Dans le traitement on doit avoir égard à la connoissance de la cause ; s’il n’est pas possible de la dissiper, il est à propos d’employer les anodins utérins. La pesanteur de la matrice produite par la rétention d’humeurs, & accompagnée d’une tumeur autour de ce viscere, exige l’évacuation des matieres qui la gonflent ; mais si cette douleur n’est point accompagnée de tumeur, & qu’elle soit accompagnée par le rallentissement de l’action de la matrice, il convient de la traiter comme on traite la foiblesse de cette partie.

VII. L’utérus qui doit son enflure à la grossesse,