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tonius ont passé dans la fable pour ses véritables enfans.

Les noms les plus ordinaires qu’on donne à ce dieu, sont Héphestos, Lemnius, Mulciber ou Mulcifer, Ethneus, Tardipes, Junonigena, Chrysor, Caleopodion, Amphigimeus, &c. (D. J.)

VULCANALES, s. f. pl. (Mythol.) fête de Vulcain, qui se célebroit au mois d’Août ; & comme Vulcain est le dieu du feu, ou le feu même, on brûloit une portion des victimes qu’on offroit sur ses autels.

VULCANI insula, (Géog. anc.) île voisine de la Sicile, selon Ptolomée, l. III. c. iv. & Tite-Live, l. XXI. c. xlix. C’est l’île d’Hiera, située entre la Sicile & l’île de Lipara. Elle étoit consacrée à Vulcain ; Strabon l’appelle le temple de Vulcain ; & Virgile la maison & la terre de Vulcain. Il faut transcrire ici sa description, c’est un chef-d’œuvre de poésie, mais un chef-d’œuvre que notre langue ne peut imiter.

Insula sicanium juxtà latus Æoliamque
Erigitur Liparem, fumantibus ardua saxis ;
Quam subter pecus, & Cyclopum exesa caminis
Antra Ætnæa tonant, validique incudibus ictus
Auditi referunt gemitum, striduntque cavernis
Stricturæ chalybum ; & fornacibus ignis anhelat ;
Volcani domus, & volcania nomine tellus,
Huc tunc ignipotens coelo descendit ab alto.

Ænéid. l. VIII. v. 416.


« Entre la Sicile & l’île de Lipara, l’une des Eoliennes, s’éleve une île couverte de rochers, dont le sommet vomit d’affreux tourbillons de flammes & de fumée. Sous ces rochers tournans, émules du mont Etna, est un antre profond, miné par les fournaises des Cyclopes, qui sans cesse y font gémir l’enclume sous leurs pesans marteaux. Là un feu bruiant, animé par les soufflets, embrase le fer, qui retentit & étincelle sous les coups redoublés des forgerons. C’est dans cette île ardente, demeure de Vulcain, dont elle porte le nom, que le dieu du feu descendit du haut des cieux ». (D. J.)

VULCANO ou VOLCANO, l’île de, (Géog. mod.) île d’Italie, voisine, & un peu moins grande que celle de Lipari. On en tire beaucoup de soufre. Sur le haut de cette île du côté du nord, il y a une montagne dont le sommet est ouvert, & dont il sort presque continuellement du feu & de la fumée ; c’est de cette île que nous avons donné le nom de volcans à toutes les montagnes qui jettent du feu. (D. J.)

VULGAIRE, adj. (Gram.) commun, trivial, ordinaire, du petit peuple ; des idées vulgaires ; des sentimens vulgaires ; penser comme le vulgaire, sur le vice, sur la vertu, sur la religion. Vulgaire s’oppose quelquefois à ancien & savant. On dit les langues vulgaires ; la Vénus vulgaire ou publique, étoit l’opposée de la Vénus Uranie.

Vulgaire, substitution, (Jurisprud.) la substitution vulgaire est celle qui est faite au profit d’un second héritier au cas que le premier ne recueille pas la succession. Voyez Substitution & Fidéicommis. (A)

VULGATE, s. f. (Théol.) nom qu’on donne au texte latin de nos bibles, que le concile de Trente a déclare autentique & préférable aux autres versions latines.

Voici les termes de ce concile, sess. iv. c. ij. « le saint concile considérant que l’église de Dieu ne tireroit pas un petit avantage si de plusieurs éditions latines que l’on voit aujourd’hui, on sçavoit qui est celle qui doit passer pour autentique, ordonne & déclare qu’on doit tenir pour autentique l’ancienne & commune édition qui a été approuvée dans l’Eglise par un long usage de tant de siecles, qu’elle

doit être reconnue pour autentique dans les leçons publiques, dans les disputes, dans les prédications, dans les explications théologiques, & veut que nul ne soit si osé que de la rejetter, sous quelque prétexte que ce soit ».

Le concile, comme on voit, ne compare pas la vulgate aux originaux ; il n’en étoit pas question alors ; mais seulement aux autres versions latines qui couroient en ce tems-là, & dont plusieurs étoient suspectes, comme venant d’auteurs inconnus ou hérétiques. C’est donc mal-à-propos qu’on accuse l’Eglise d’avoir préféré la vulgate aux originaux. Salmeron qui avoit assisté au concile de Trente, & Pallavicin qui en a fait l’histoire, nous assurent que le concile n’eut point d’autre intention que de déclarer que la vulgate étoit la seule des versions latines qu’il approuvât & qu’il tînt pour autentique, comme ne contenant rien ni contre la foi ni contre les mœurs.

Il est certain que les chrétiens ont eu de bonne heure des versions de l’Ecriture, & qu’elles s’étoient si fort multipliées & avec tant de différences entre elles, que S. Jérôme assûroit qu’il y avoit autant de versions diverses qu’il y avoit d’exemplaires. Mais parmi ces anciennes versions, il y en eut toujours une plus autorisée & plus universellement reçue, c’est celle qui est connue dans l’antiquité sous le nom d’ancienne italique, itala vetus, de commune, de vulgate, & qui fut appellée ancienne, depuis que S. Jérôme en eût composé une nouvelle sur l’hébreu. La premiere avoit été faite sur le grec des septante, mais on n’en connoît pas l’auteur, pas même par conjecture. On lui avoit donné le premier rang parmi les éditions latines, parce qu’elle étoit la plus attachée à la lettre & la plus claire pour le sens. Verborum tenacior cum perspicuitate sententiæ, dit S. Grégoire, præfat. moral. in Job. S. Augustin pensoit aussi qu’elle devoit être préférée à toutes les autres versions latines qui existoient de son tems, parce qu’elle rendoit les mots & le sens ou la lettre, & l’esprit du texte sacré avec plus d’exactitude & de justesse que toutes les autres versions. Nobilius en 1588 & le pere Morin en 1628, en donnerent de nouvelles éditions, prétendant l’avoir rétablie & recueillie dans les anciens qui l’ont citée.

S. Jérôme retoucha cette ancienne version, traduisit sur l’hébreu la plûpart des livres de l’ancien Testament, mais il ne toucha point à ceux qui ne se trouvent qu’en grec, il fit quelques légeres corrections à l’ancienne version italique du pseautier, & traduisit tout le nouveau Testament à la sollicitation du pape S. Damase. C’est cette version de S. Jérôme qu’on appelle aujourd’hui la vulgate, & que le concile de Trente a déclarée autentique.

L’Eglise romaine ne se sert que de cette vulgate de S. Jérôme, excepté quelques passages de l’ancienne qu’on a laissés dans le missel & le pseautier tel qu’on le chante, qui est presque tout entier de l’ancienne italique ; ou, pour mieux dire, notre version du pseautier n’est pas même l’ancienne version latine réformée sur le grec par S. Jérôme ; c’est un mélange de cette ancienne italique & des corrections de ce saint docteur.

Le concile de Trente ayant ordonné, sess. iv. que l’Ecriture sainte seroit imprimée au plûtôt le plus correctement qu’il seroit possible, particulierement selon l’édition ancienne de la vulgate, le pape Sixte V. donna ses soins à procurer une édition parfaite de la vulgate latine, qui pût servir de modele à toutes celles que l’on feroit dans la suite pour toute l’église catholique. Il employa à cet ouvrage plusieurs savans théologiens qui y travaillerent avec beaucoup d’application. Son édition fut faite dès l’an 1589, mais elle ne parut qu’en 1590 ; & comme elle ne se trouva pas encore dans toute la perfection que l’on desiroit, le