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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/586

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WALTMUNCHEN, (Géog. mod.) petite ville délabrée d’Allemagne, dans le palatinat de Baviere, vers les confins de la Bohème, sur le bord de la riviere de Schwartzach. (D. J.)

WALWICK, (Géog. mod.) bourg d’Angleterre, dans le comté de Northumberland, sur la Tyne, à cinq lieues au-dessus de Neucastle. Le savant Gale conjecture que c’est la Galava d’Antonin, & cependant il convient que la distance de ce lieu ne convient pas aux chiffres marqués dans l’itinéraire entre Glanoventa & Alone, c’est-à-dire, entre Gebrin & Witleycastle : Camden croit que Galava est Kellenton. (D. J.)

WANDSWORTH, (Géog. mod.) village d’Angleterre, dans le comté de Surrey, à six milles de Londres, sur le bord du Wand. Ce village ne ressemble pas aux nôtres ; il est non-seulement brillant, mais célebre par ses forges de cuivre, ses teintures d’écarlate, & ses manufactures de chapeaux. (D. J.)

WANGEN, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la basse-Alsace, sur la pente d’une montagne, à trois lieues au nord-ouest de Strasbourg. (D. J.)

Wangen, (Géog. mod.) ville impériale d’Allemagne, dans la Suabe, sur la riviere du haut Arg (Ober-Arg) à 12 milles au nord de Lindaw, & à 30 au nord-est de Constance ; il s’y fait quelque commerce de toiles : cette ville est l’ancienne Vemania, ou Viana de la Rhétie. Long. 27. 35. latit. 47. 36. (D. J.)

Wangen, (Géog. mod.) petite ville de Suisse, au canton de Berne, sur le bord méridional de l’Aar ; elle est chef-lieu d’un bailliage, qui comprend plusieurs beaux villages. (D. J.)

WANNA, la, ou UNNA, (Géog. mod.) riviere de Croatie ; elle a sa source dans la montagne de Tsemernitza, & va se jetter dans la Save, entre les embouchures de la Sunja & de la Verbaska. (D. J.)

WANQUI, (Géog. mod.) royaume d’Afrique, dans la Nigritie ; Drapper dit qu’il a celui de Bouvé au nord, celui de Vassa au midi, & celui d’lucassan à l’occident. (D. J.)

WANTAGE, (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleterre, dans le Berkshire, sur la petite riviere d’Oke ; il y avoit autrefois dans ce bourg une maison royale.

C’est dans cette maison que naquit Alfred, l’homme le plus accompli, & le plus grand roi qui soit monté sur le trône : peut-être n’y a-t-il jamais eu sur la terre un mortel plus digne des respects de la postérité.

Il sut négocier comme combattre ; & ce qui est étrange, les Anglois & les Danois qu’il vainquit, le reconnurent unanimement pour maître. Il prit Londres, la fortifia, l’embellit, y éleva des maisons de briques & de pierres de taille, équippa des flottes, empêcha les descentes des Danois, poliça sa patrie, fonda les jurés, partagea l’Angleterre en comtés, & encouragea le premier ses sujets à commercer. Il prêta des vaisseaux & de l’argent à des gens entreprenans & sages qui allerent jusqu’à Alexandrie ; & de-là, passant l’Isthme de Suez, trafiquerent dans la mer Persique.

Il institua des milices, établit divers conseils, mit partout la regle & la paix qui en est la suite. Ses lois furent douces, mais séverement exécutées ; il jetta les fondemens de l’académie d’Oxford, fit venir des livres de Rome, & étoit lui-même l’homme le plus savant de sa nation, donnant toujours à l’étude les momens qu’il ne donnoit pas aux soins de son royaume. Une sage économie le mit en état d’être libéral ; il rétablit plusieurs églises, & pas un seul monastere. Aussi ne fut-il pas mis au nombre des saints ; mais l’histoire qui ne lui reproche ni défauts, ni foiblesses, le met au premier rang des héros immortels, utiles au genre humain, qui sans ces hommes extraor-

dinaires eût toujours été semblable aux bêtes farouches.

Voilà en raccourci le tableau d’Alfred & de son regne ; entrons dans les détails de sa vie, qui est sans doute une belle école pour les souverains.

Alfred ou Elfred le grand (son mérite lui donne ce titre) étoit le plus jeune des fils d’Ethelwolph, roi de Wessex, & naquit en 849. Ses parens enchantés de sa douceur & de son esprit, le firent élever à la cour, contre l’usage des Saxons, qui à l’exemple des Gaulois, n’y admettoient jamais leurs enfans, qu’ils ne fussent en âge de porter les armes. Son pere le mena tout jeune à Rome, où ils demeurerent une année. Alfred de retour se forma aux exercices qui étoient ordinaires chez les Saxons, pour accoutumer les jeunes gens à la fatigue, & les rendre en même tems plus hardis, & plus courageux. Ce prince s’étant formé de cette maniere, commença sa premiere campagne à l’âge de 18 ans, sous les ordres de son frere Ethelred.

Bientôt après il eut occasion d’exercer sa valeur contre les Danois en 866 & 871, son frere étant mort d’une blessure qu’il reçut dans la derniere bataille ; Alfred monta sur le trône, & se trouva de nouveau engagé dans une dangereuse guerre contre les mêmes Danois qui s’étoient rendus maîtres de la Mercie, de l’Estanglie, & du Northumberland ; il les combattit jusqu’à sept fois dans une seule campagne, & enfin les obligea de lui demander la paix, d’abandonner le Wessex, & de lui donner des ôtages.

En 878, on vit paroître une nouvelle armée danoise, plus formidable que toutes les précédentes, & qui inspira tant de terreur aux West-Saxons, qu’ils n’eurent plus le courage de se défendre. Alfred se déguisa en joueur de harpe pour connoître par lui-même l’état de l’armée danoise. Il passa sans peine à la faveur de ce déguisement dans le camp ennemi, & s’instruisit de tout ce qu’il lui importoit de savoir. De retour il assembla ses troupes, surprit les Danois, & remporta sur eux une victoire complette. Les conditions de paix qu’il leur imposa, furent plus avantageuses qu’ils n’avoient lieu d’espérer. Il s’engagea de donner des terres dans l’Estanglie à ceux qui voudroient se faire chrétiens, & obligea les autres de quitter l’île, & de laisser des ôtages pour assurance qu’il n’y remettroient jamais le pié.

Quelques années étoient à peine écoulées, que d’autres danois ayant ravagé la France & la Flandre, vinrent faire une descente en Angleterre ; mais les Anglois les repousserent, & le roi se trouva partout à leur tête dans le plus fort des combats. Après tant d’heureux succès, il pourvut à la sûreté des côtes, en faisant construire des vaisseaux plus longs & plus aisés à manier que ceux des ennemis, & en munissant le reste du royaume d’un bon nombre de places fortes : il assiégea & prit la ville de Londres, la fortifia, & l’embellit. Enfin, pour qu’il ne lui manquât rien de la monarchie de toute l’Angleterre, les Gallois le reconnurent pour leur souverain.

Il ne se distingua pas moins dans le gouvernement civil qu’il avoit fait dans la guerre : il forma un excellent corps de lois, dont Jean Harding parle de la maniere suivante en vieux anglois.

King Alvrede the Laws of Troye and Brute,
Laws Moluntynes, and Mercians congregate,
With Danish Lawes, that were well constitute,
And Grekisbe also, well made, and approbate.
In Englishe tongue he dit thene all translate,
Which yet bee called the Lawes of Alvrede,
At Westminster remembred yet indede.

Ce qui revient à ceci : « Que le roi Alfred ayant recueilli un grand nombre de lois anciennes de divers peuples, les fit traduire en anglois, & que ce sont celles qu’on nomme les lois d’Alfred, &