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M. Noguez, médecin, l’a traduit en françois sous le titre de l’existence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature, à Paris 1725, in 4°. avec des fig. au nombre de 29 planches. Le p. Niceron a fait l’article de Nieuwentit dans ses mém. des homm, illustres, 2. III. On peut le consulter. (D. J.)

WESMANLAND, (Géog. mod.) & plus communément Westmanie, province de Suede. Voyez Westmanie.

WESTMANIE, (Géog. mod.) province de Suede, bornée au nord par la Dalécarlie, au midi par la Sudermanie & la Néricie, au levant par l’Uplande, & au couchant par le Wermeland. On lui donne 30 lieues de long, sur 17 de large ; mais c’est une contrée stérile, & qui n’a que quelques mines d’argent. Westéras est la capitale. (D. J.)

WESTMINSTER, (Geog. mod.) ville d’Angleterre dans le comté de Middlesex, au bord de la Tamise, & à l’occident de Londres, avec laquelle elle ne fait plus qu’une même ville. Mais quoique Westminster soit jointe à Londres par une suite de maisons & d’hôtels sans interruption, & qu’on la comprenne ordinairement sous le nom de Londres, cependant elle fait un corps de ville qui a ses privileges & ses droits séparés, aussi-bien que sa jurisdiction.

Dans le commencent du dix-septieme siecle, il y avoit encore un mille de distance entre l’une & l’autre de ces villes, & cet espace étoit rempli par des champs & par des prairies ; mais les habitans de Londres s’étant multipliés d’année en année depuis le regne de Charles I. cet espace de terrein a été rempli peu-à-peu par de belles & de magnifiques rues qu’on y a bâties, desorte que les deux villes sont jointes aujourd’hui comme le fauxbourg S. Germain & Paris, & sans la difference de jurisdiction, elles seroient parfaitament confondues.

Anciennement Westminster s’appelloit Thorney du dieu Thor qu’on y adoroit avant la conversion des Saxons. Elle prit ensuite le nom de West-Minster, à cause d’un monastere bâti dans cet endroit, à l’ouest de la ville de Londres. Les trois principales choses qu’on y remarque, sont l’église, l’abbaye & les restes d’un vieux palais royal.

Le gouvernement de Westminster s’étend non-seulement sur la cité de ce nom, mais encore sur les fauxbourgs qui avancent du côté de Londres, jusqu’à Temple-Bar. Quoique la cité n’ait qu’une paroisse appellée Sainte-Marguerite, cette paroisse est d’une grande étendue, & ses dépendances consistent en cinq autres paroisses.

Il n’y a pour le gouvernement de Westminster, ni maire, ni échevins, ni shérifs ; c’est le chapitre qui est revêtu de toute la jurisdiction civile & ecclésiastique. Il est vrai que le gouvernement civil a été mis entre les mains des laïcs choisis ou confirmés par le chapitre. Le chef de tous les magistrats s’appelle high-steward, qui est d’ordinaire un noble du premier rang, nommé par le chapitre. Il possede cette charge pendant sa vie, & en fait exercer les fonctions par un homme bien versé dans les lois. Cet homme, choisi par le high-steward, doit être confirmé par le chapitre, & pour lors il tient avec les autres magistrats la cour qu’on appelle leet.

Après lui est le bailli ou le shériff, car il convoque les jurés. Tous les sergens de Westminster lui sont soumis ; il regle les formalités au sujet de l’élection des membres du parlement pour la cité de Westminster, qui a droit de nommer deux députés. Toutes les amendes & les confiscations appartiennent au bailli, ce qui rend sa charge très-lucrative : il y a de plus un grand connétable, choisi par la cour de leet, & ce magistrat a sous ses ordres tous les autres connétables. Il est ordinairement deux années en charge.

Enfin, cette jurisdiction est composée de quatorze des principaux bourgeois qu’on appelle Burgesses, & dont sept sont pour la cité, & sept pour ses dépendances : leur office a beaucoup de rapport à celui des échevins de Londres, car ils ont chacun un ward ou quartier particulier sous leur jurisdiction. De ces quatorze burgesses, il y en a deux qui sont élus sous le nom de Head-Burgesses, ou chefs des bourgeois ; l’un d’eux est pour la cité, & l’autre pour ses dependances, auxquelles dépendances on donne les noms de libertés & de franchises.

C’est à Westminster qu’est né vers l’an 1575, Benjamin Johnson, ou Jonson, illustre poéte dramatique, & c’est dans l’abbaye de ce lieu, qu’il fut enterré en 1637 ; comme j’ai déja donné le caractere de ce poëte au mot tragédie, j’y renvoie le lecteur. j’ajouterai seulement qu’il possédoit tout le savoir qui manquoit à Shakespeare, & manquoit de tout le génie dont l’autre étoit partagé : tous deux étoient presque également dépourvus d’élégance, d’harmonie & de correction : Johnson, servile copiste des anciens, traduisit en mauvais anglois leurs plus beaux passages : mais Shakespear créa & prévalut par son génie sur l’art grossier de ses contemporains.

Johnson étant né fort pauvre, & n’ayant pas de quoi poursuivre ses études, travailloit au bâtiment de Lincolns-Inn avec la truelle à la main, & un livre en poche : Shakespeare ayant vu une de ses pieces, la recommanda, & cette recommandation introduisit Johnson dans le monde. Il donna la premiere édition de ses œuvres en 1616, in-fol. elles ont été réimprimées plus commodément à Londres en 1716, en 6 vol. in-8o. Dans cette collection, se trouve une piece intitulée, humble requête du pauvre Ben au meilleur de tous les rois, de tous les maîtres, de tous les hommes, le roi Charles. Il y expose, à ce prince, que le roi son pere lui a donné une pension annuelle de cent marcs, & le supplie d’en faire des livres sterlings. On sait sa réponse au sujet du présent modique qu’il reçut de Charles I. « Je suis logé à l’étroit (dit ce bel esprit lorsqu’on lui remit la somme), mais je vois par l’étendue de cette faveur, que l’ame de sa majesté n’est pas logée plus au large ». J am lodg’d in an Alley ; but j see from the extent of this bounty, that hers majesty’s soul is too lodg’d in an Alley.

Il parle dans ses découvertes (discoveries) avec une vérité charmante, de toutes sortes de traverses auxquelles il avoit été exposé de la part de ses ennemis. Ils me reprochoient, dit-il, de ce que je m’occupois à faire des vers, comme si je commettois un crime dans cette occupation : ils produisirent contre moi mes écrits par lambeaux ; odieuse méchanceté ! puisque les écrits de l’auteur le plus sage paroîtront toujours dangereux, lorsqu’on en citera quelques périodes hors de leur liaison avec le reste. Ils m’ont aussi reproché ma pauvreté : j’avoue qu’elle est à mon service, sobre dans ses alimens, simple dans ses habits, frugale, laborieuse & me donnant de bons conseils qui m’empêchent de tomber dans les vices des enfans chéris de Plutus. Qu’on jette les yeux, continute-t-il, sur les plus monstrueux excès, on ne les trouvera guere dans les maisons de l’indigence. Ce sont les fruits des riches géants, & des puissans chasseurs ; tandis que tout ce qu’il y a de noble, de digne de louange & de mémoire, doit son origine à de chétives cabanes. C’est l’ancienne pauvreté qui a fondé les états, bâti les villes, inventé les arts, donné des lois utiles, armé les hommes contre les crimes ; c’est-elle qui a fait trouver aux mortels une récompense dans leur propre vertu, & qui a conservé la gloire & le bonheur des peuples jusqu’à ce qu’ils se soient vendus aux tyrans ambitieux.

Betterton (Thomas), estimé généralement le meil-