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quelque chose de si neuf, qu’on y a donné le nom de gout hudibraslique. Les uns l’appellent poeme burlesque, les autres heroi-comique, & d’autres épi-comique ; mais ce dernier nom ne lui convient ni pour la mesure du vers, ni pour la maniere brulque de finir par les deux lettres du chevalier & de la veuve.

Quoi qu’il en soit, le poëme Hudibras a été souvent cité & loué par les plus illustres écrivains de son siecle & du nôtre, par le comte de Rochester, Prior, Dryden, Addisson, &c. Le héros de ce poeme est un saint don Quixotte de la secte des Puritains, & le redresseur de tous les torts imaginaires qu’on fait à sa Dulcinée ; il ne lui manque ni rossinante, ni aventures burlesques, ni même un Sancho ; mais l’écuyer anglois est tailleur de métier, tartuffe de naissance, & si grand théologien dogmatique, que, dit le poëte,

Mysteres savoit déméler
Tout comme aiguilles enfiler.

On a sur-tout loué dans Hudibras les parodies du merveilleux (Machinery) poétique ; telle est entr’autres la description de la renommée, dont on sentira encore mieux le plaisant, si l’on veut la comparer avec la description serieuse de la renommée par Virgile. Il ne se peut rien de plus bisarre que la figure & l’habillement de la renommée dans Hudibras : ses deux trompettes & les avis qu’elle vient donner sont d’un excellent comique.

Il est vrai que la versification du poëte n’est pas harmonieuse, & qu’elle doit déplaire à ceux qui n’aiment que des vers nombreux & coulans ; ceux au contraire qui ne s’arrêtent qu’aux choses & aux idées, prendront un grand plaisir à la lecture d’Hudibras. Ce plaisir, dit un anglois, peut être comparé à celui que sait une jolie chanson, accompagnée d’un excellent violon ; au-lieu que le plaisir qu’on éprouve à la lecture d’un poeme épique sérieux est semblable à celui que produit le Te Deum de M. Handel lorsqu’il touche lui-même l’orgue, & qu’il est accompagne des plus belles voix & des plus beaux instrumens.

Hudibras est l’idole du parti de la haute-église, dont il est, pour ainsi dire, le breviaire, tandis que le gros des non-conformistes regardent ce poëme comme une piece fort odieuse. M. Fenton, dans sa belle épître à M. Southerne, faisant allusion au tems qui fait le sujet d’Hudibras, suppose plaisamment que lorsque les théatres furent fermés, la comédie prit un autre habit & parut ailleurs, les conventicules lui servant de théatres. La réforme qui suivit la mort du roi Charles I. ayant été aussi rigide qu’elle le fut, il étoit naturel à un poëte d’un esprit aussi enjoué que M. Fenton, d’en railler ; mais c’est ce qu’il fait avec noblesse.

Ce tems, dit-il dans le langage des dieux, fut suivi d’un autre plus abominable encore, souillé du sang d’un grand monarque : la tragédie n’eût pas plutôt vu sa chûte, qu’elle s’enfuit, & céda sa place aux ministres de la justice. La comédie, sa sœur, continua toujours ses fonctions, & ne fit que changer d’habillement. Elle commença par composer son visage, & apprit à faire passer des grimaces pour des signes de régénération. Elle se coupa les cheveux, & prit un ton tel que celui d’un tambour de basque ou d’un bourdon. Elle instruisit ses yeux à ne s’ouvrir qu’à demi, ou à s’enfuir en-haut. Bannie du théatre, elle prit gravement une robe, & se mit à babiller sur un texte …… Mais lorsque par un miracle de la bonté divine l’infortuné Charles remonta sur le trône de son pere, lorsque la paix & l’abondance revinrent dans nos contrées, elle arracha d’abord son bonnet de satin & son collet, & pria Wycherley

de soutenir ses intérêts, & de faire paroître hardiment de l’esprit & du bon sens ; Etheridge & Sidley se joignirent à lui pour prendre sa defense, ils mériterent tous, & reçurent des applaudissemens. (Le chevalier de Jaucourt.)

WORDT, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de France, dans la basse-Alsace, & qui appartient au comte de Hanau Liectenberg. Cette ville passoit autrefois pour la capitale du pays de Wasgaw, aux confins duquel elle est située, sur la riviere Saur. L’empereur Louis IV. accorda à cette ville l’an 1330 quelques privileges & immunités. (D. J.)

WORINGEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans l’électorat de Cologne, sur la rive gauche du Rhein, à trois lieues de Cologne. Il s’y livra en 1297 une grande bataille, entre les troupes de l’électeur & celles de la ville de Cologne, pour savoir à qui des deux partis resteroient les clés de Woringen, qu’on y avoit portées sur un chariot ; la victoire décida pour la ville de Cologne. Long. 24. 46. lat. 50. 48.

WORKSOP, (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleterre, dans la province de Nottingham, sur le bord de l’Idle. Le terroir de ce bourg est fertile en réglisse, qui est la meilleure du royaume de la grande-Bretagne.

WORKUM ou WORCUM, (Géog. mod.) anciennement Voudriken, petite ville des Pays Bas, dans la Hollande méridionale, sur la rive gauche de la Meuche, au confluent du Vahal, à 5 lieues au dessus de Dort. Elle est entourée de bonnes murailles, & défendue par quatre bastions. L’air qu’on y respire est meilleur que dans le reste de la Hollande, & les eaux y sont plus saines. Philippe de Montmorency, comte de Horn, à qui cette ville appartenoit, ayant été décapité à Bruxelles en 1568, sans laisser de postérité, sa veuve vendit Workum aux états généraux pour 90 mille florins. Long. 22. 57. lat. 52. 48. (D. J.)

Workum ou Worcum, (Géog. mod.) ville des Pays-Bas, dans la Frise, au comté de Westergo, sur le Zuyderzée, à 4 lieues de Harlingen, avec un petit port, dont les habitans se servent pour faire quelque commerce. Le territoire de cette ville est assez fertile, parce qu’il est arrosé du Vliet, & coupé de plusieurs canaux. Long. 23. 7. lat. 53.

Tiara (Petréius) philologue du seizeme siecle, naquit à Workum, en Frise, l’an 1516, & mourut en 1588. Il a traduit du grec en latin divers morceaux, comme Platonis Sophista, Euripidis Medea, Pythagoræ, Phocylidis, & Theognidis sententia, &c.

Bos (Lambert) littérateur célebre, est aussi né à Worcum, en Frise, en 1670, & mourut professeur à Francker en 1717, après avoir donné plusieurs ouvrages qui lui ont fait beaucoup d’honneur ; voici les principaux : I. exercitationes philologicæ, in quibus novi fæderis nonnulla loca è profanis maximè auctoribus gracis, illustrantur, Francker 1713, in 8°. c’est un excellent livre en son genre. Il Mysterii Ellipsios græcè specimen, Francker 1702, in 12. Il s’est fait plusieurs éditions de ce livre, qui est d’un grand usage pour l’étude de la langue grecque. III. Antiquitatum græcarum, præcipuè atticarum brevis descriptio, Francker 1713, in-12. IV. Animadversiones ad scriptores quosdoin græcos & latinos. Francker 1715, in 8°. Cet ouvrage concerne principalement la partie de la critique qui regarde la correction des auteurs anciens. M. Bos s’y est conduit avec beaucoup de retenue, & ne décide que sur des choses bien claires. Il explique, il corrige, & il défend divers passages de César & d’Horace, avec la modération convenable. V. Il donna en 1709 une nouvelle édition de la version des septantes, in-4°. & cette édition accompagnée de prolégomenes, est fort belle, tant pour le papier, que pour les caracteres ; mais il seroit à desirer que l’au-