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du regne d’Yerdegerd, roi des Perses, & petit fils de Cosroës. Ce prince est appellé par quelques auteurs, Jesdagir. Voyez Année.

YERE, l’, (Géog. mod.) riviere de France en Normandie. Elle a sa source au pays de Caux, & tombe dans la mer à une grande lieue de la ville d’Eu. (D. J.)

YERONDA, (Géog. mod.) M. de Lisle écrit ainsi, & le Portulan de la Méditerranée écrit Gironda, port de Turquie sur la côte méridionale de l’Anatolie, dans la Caramanie, au couchant du cap Chelidoni. (D. J.)

YESD, ou YEST, ou JESSEDE, (Géog. mod.) ville de Perse, sur la route d’Ispahan à Kerman, au milieu des sables qui s’étendent deux lieues à la ronde ; il y a cependant quelques bonnes terres qui produisent d’excellens fruits. C’est une grande villace où l’on a établi des caravanserais, & des bazards. Il y a beaucoup de manufactures d’étoffes en laine & en soie pure, ou mêlée d’or & d’argent. Longit. selon Tavernier, 7. 15. latit. 32. 15.

Moulla Scherefeddin Aly, qui composa l’histoire des conquêtes du prince Timur, en persan, étoit né à Yesd ; il publia cet ouvrage à Schiraz, l’an de grace 1424, & de l’Hégire 828. Kondemir le préfére pour la beauté du style, à tous les auteurs qui ont traité l’histoire des Mogols & des Tartares : d’ailleurs, les routes sont exactement décrites dans ce livre, & elles éclaircissent beaucoup la géographie de ces pays là. (D. J.)

YETTUS, s. m. (Hist. nat. Lithol.) pierre d’une couleur de sang, dure & opaque, qui servoit quelquefois de pierre de touche.

YEU, l’île de (Géog. mod.) en latin Oya, petite île de France sur la côte du Poitou. Elle n’a qu’une lieue d’étendue en longueur. (D. J.)

YEVA-CHARUM, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les naturels des Indes orientales à une sorte de litharge, commune dans cette partie du monde, & qu’on dit être faite en partie de plomb, en partie de zink ; elle est moins pesante que notre litharge jaune, & d’une couleur plus pâle. (D. J.)

YEUKE, s. f. terme de relation, c’est le nom que les Turcs donnent à la femme qui couche la mariée le jour de ses nôces. Deloir. (D. J.)

YEUSE, s. m. (Hist. nat. Bot.) ilex, genre de plante décrit sous le nom de chêne-verd. Voyez Chene-verd.

Il est si petit qu’il n’est qu’un arbrisseau ; mais nous ne devons pas le mépriser, puisque c’est sur ses feuilles & ses tendres rejettons, que se forme la coque de kermès, toute remplie de petits œufs & d’insectes, qui étant pressés entre les doigts, donnent une liqueur de couleur écarlate ; on ne trouve ces galles-insectes que sur les yeuses des pays les plus chauds, & seulement au fort des chaleurs, dans les mois de Mai & de Juin. Voyez Kermès.

L’yeuse est nommée ilex aculeata, cocci-glandifera, par C. B. P. 4. 25. Quercus foliis ovatis, dentato spinosis, Van-Royen, Flor. Leyd. Prodr. 81. 8.

C’est un arbrisseau dont la racine ligneuse rampe au loin & au large, couverte d’une écorce de différente couleur, selon la nature du terroir, tantôt noirâtre, tantôt rougeâtre ; elle est grêle, épaisse de quatre ou six lignes, quelquefois fibrée ; elle pousse plusieurs jets de la hauteur de trois ou quatre palmes, ligneux, revêtus d’une écorce mince, cendrée, partagés en plusieurs rameaux.

Ils sont chargés de feuilles placées sans ordre, dont les bords sont sinueux, ondés, armés d’épines, semblables aux feuilles du houx, mais plus petites, longues de huit ou dix lignes, larges de six ou sept, lisses des deux côtés, d’un beau verd ; elles ne tombent pas, & sont portées sur une queue longue d’environ deux lignes.

Cet arbrisseau donne des fleurs mâles & femelles sur le même pié ; les fleurs mâles forment un chaton lâche ; elles sont sans pétales, & ont un calice d’une seule piece, divisé en quatre ou cinq parties, dont les découpures sont partagées en deux, & terminées en pointes ; les étamines sont au nombre de huit ou environ, mais très-courtes, & à sommets à deux bourses. Les fleurs femelles sont aussi sans pétales, & posées sur un bouton sans pédicule, composées d’un calice d’une seule piece, coriace, hémisphérique, raboteux, entier, & que l’on a peine à découvrir.

L’embryon est ovoïde, & très-petit ; il porte deux ou cinq stiles déliés, plus longs que le calice, garnis de stigma simples, & qui subsistent. Le fruit est un gland ovoïde, lisse, couvert d’une coque coriace, attachée dans un petit calice, court, & comme épineux.

Cet arbuste croît dans les collines pierreuses des pays chaux, autour de Montpellier, de Nismes, d’Avignon, & autres endroits du Languedoc, où la graine d’écarlate est d’un grand revenu : il vient aussi en Provence, en Espagne, & en Italie. (D. J.)

YEUX, (Médec. séméiotiq.) les yeux ne sont pas moins le miroir fidele des affections du corps que des passions de l’ame ; le séméioticien éclairé y voit représentés avec exactitude & netteté les divers états de la machine, tandis que l’observateur inhabile, le charlatan effronté, le chirurgien déplacé, la ridicule bonne femme, & autres médecins subalternes, qui sans connoissance de la médecine se mêlent d’en faire le dangereux exercice, ne soupçonnent pas même qu’ils puissent rien signifier, & ne voient pas le rapport qu’il peut y avoir entre une petite partie en apparence isolée, peu nécessaire à la vie, & les différens organes à l’action desquels la santé & la vie sont attachées. Mais ces lumieres ne sont pas faites pour eux, ce n’est que pour les vrais & légitimes médecins que leur illustre législateur a prononcé que « l’état du corps est toujours conforme à celui des yeux, & que sa bonne ou mauvaise disposition influe nécessairement sur la couleur & l’action de ces organes ». (Epidem. lib. VI. sect. IV. n°. 26.) Ce n’est que pour eux qu’il a établi & fixé d’une maniere invariable le rapport qu’il y a entre certains états des yeux & certains dérangemens présens ou futurs de la machine, & qu’il a en conséquence établi les signes prognostics & diagnostics que les yeux peuvent fournir. Dans le détail où nous allons entrer, nous suivrons la même méthode que nous avons adoptée dans les autres articles de Séméiotique, & qui nous paroît la plus avantageuse, c’est-à-dire nous ne ferons qu’extraire des différens ouvrages d’Hippocrate les axiomes que cet exact observateur y a répandus, & qui sont relatifs à notre sujet, & nous les exposerons tels qu’il les a donnés lui-même, sans prétendre démontrer l’enchaînement qui doit se trouver entre le signe & la chose signifiée, laissant par conséquent à part toute discussion théorique.

Nous remarquerons d’abord avec lui que les yeux bien disposés, c’est-à-dire bien colorés, brillans, clairvoyans, ni rouges, ni livides, ni noirâtres, ni chargés d’écailles connues sous le nom de ems, indiquent une bonne santé, ou font espérer dans l’état de maladie une parfaite guérison. Il y a peu d’exemples de maladies qui aient eu une issue peu favorable avec un pareil état des yeux. Les vices de cet organe dénotent toujours dans le courant des maladies, un nouveau dérangement, un trouble survenu dans la machine, qui dans quelques cas peut être avantageux, & qui le plus souvent est funeste. Les yeux sont censés vicieux, lorsqu’ils sont mal colorés, qu’ils ont perdu leur force & leur éclat, qu’ils ne peuvent pas supporter la lumiere, que leur action est ou di-