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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/667

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lorsque les purgatifs forts sont indiqués, & que les forces du malade le permettent. On donne ou le suc de ces écorces ordinairement mêlé avec la décoction d’orge, ou des fruits appellés pectoraux, ou-bien en infusion. Geoffroi rapporte, d’après Fernel, que la vertu purgative de l’yéble se dissipe par l’ébullition. Mais cette prétention n’est pas confirmée par l’expérience ; car l’extrait même de l’écorce d’yéble est très-purgatif. Le suc dont nous venons de parler se donne à la dose d’une once ; & celle de l’écorce, pour l’infusion dans l’eau ou dans le vin, est depuis demi once jusqu’à deux onces.

Les graines purgent aussi très-bien, données en poudre, jusqu’à la dose d’un gros, ou en infusion à la dose de demi-once.

On prépare un rob avec le suc des baies, qui, à la dose de demi-once jusqu’à une once, est aussi un puissant hydragogue.

Les feuilles & les jeunes pousses sont regardées comme des purgatifs plus temperés.

Quant à l’usage extérieur de l’yéble, qui est aussi assez commun, on croit ses feuilles fort utiles, si on les applique en forme de cataplasme sur les tumeurs froides & œdémateuses, & qu’elles dissipent sur-tout les hydroceles, & même les tumeurs inflammatoires des testicules & du scrotum. On les applique encore sur les érésypeles & sur les brûlures.

La racine d’yéble entre dans l’emplâtre de grenouilles, la semence dans la poudre hydragogue de la pharmacopée de Paris, & les feuilles dans l’extrait panchymagogue de Crollius, &c. (b)

YECOLT, (Botan. exot.) fruit de l’Amérique, ainsi nommé par les naturalistes du pays : ce fruit est long, couvert de plusieurs écailles, couleur de châtaigne, & ressemblant beaucoup à la pomme de pin ; il renferme une espece de pruneau bon à manger. L’arbre qui le fournit, croît dans les montagnes de la nouvelle Espagne ; c’est le palmier-pin des botanistes, arbor fructu nucis pineæ specie, C. B. Il pousse d’une seule racine, deux ou trois troncs qui portent des feuilles longues, étroites, épaisses comme celles de l’iris, mais beaucoup plus grandes ; on en tire un fil délié, fort, dont on fait de la toile. Ces fleurs sont composées chacune de six pétales blancs & odorans ; elles sont disposées par grappes, & suspendues par un pédicule. (D. J.)

YEMAN, s. m. (Hist. mod.) nom de ceux qui en Angleterre sont les premiers après les gentils-hommes, dans les communes. Voyez Commune & Gentils-hommes.

Les yemans sont proprement ceux qui ont des francs fiefs, qui ont des terres en propre. Le mot anglois yeoman vient du saxon geman, qui veut dire commun. Le mot youngman est employé au-lieu de yeoman, dans le 33 stat. Henr. VIII. & dans les vieux actes on le trouve quelquefois écrit geman, qui en allemand signifie un gaidant.

Suivant le chevalier Thomas Smith, un yeman est en Angleterre un homme libre, qui peut tirer de son revenu annuel la somme de quarante shelings sterlings.

Les yemans d’Angleterre peuvent posseder des terres en propre jusqu’à une certaine valeur, & peuvent remplir certaines fonctions, comme de commissaires, de marguilliers, de jurés ; ils ont voix dans les élections du parlement, & peuvent être employés dans les troupes.

Les yemans étoient autrefois fameux par leur valeur à la guerre, ils étoient sur-tout distingués par leur adresse à manier l’arc, & l’infanterie étoit en grande partie tirée du corps des yemans. Voyez Archer.

Dans plusieurs occasions, les lois sont plus favorables aux yemans qu’aux gens de métier.

Par le reglement d’Henri IV. il est porté qu’aucun yeman ne portera la livrée, sous peine de prison & d’amende à la volonté du roi. Voyez Livrée.

Yeman est aussi le titre d’une petite charge chez le roi, moyenne entre l’usher & le groom. Tels sont les yemans ou valets de garderobe, &c.

Les yemans de la garde, appellés proprement yemans de la garde du corps, étoient anciennement deux cens cinquante hommes choisis parmi tout ce qu’il y avoit de mieux après les gentils-hommes. Chaque yeman de la garde devoit avoir six piés. Voy. Garde.

Il n’y a à présent que cent yemans de service, environ soixante & dix surnuméraires. Si un des cens vient à mourir, la place est remplie par quelqu’un des 70. Ils doivent être habillés suivant qu’on l’étoit du tems d’Henri VIII. Ils avoient la nourriture outre leurs gages, lorsqu’ils étoient de service, avant le regne de la reine Anne. Leurs fonctions sont de garder la personne du roi, tant au-dedans du palais qu’au-dehors ; ils ont une chambre particuliere, qu’on appelle en anglois guard-chamber.

Les officiers des yemans sont à la disposition du capitaine, & le capitaine est à la nomination du roi.

YEMEN, (Géog. mod.) ce mot yemen ou yamen, signifie la main droite en arabe, & avec l’article alyaman, il signifie l’Arabie heureuse, que les Cartes appellent ordinairement ayaman ou hyaman, par corruption. La raison de ce nom-là vient de ce que cette partie de l’Arabie est au midi des autres ; car en hébreu jamin signifie la main droite, & ensuite le midi : il en est de même en Arabe. C’est de ce lieu-là que la reine de Saba vint à Jérusalem pour voir Salomon ; c’est pourquoi elle est appellée la reine du midi, ce qui exprime fort bien la signification du mot al-yemen, qui veut dire la même chose.

L’un des plus considérables royaumes de l’Arabie, est celui d’Yemen ; il comprend la plus grande partie du pays qui a été nommé l’Arabie heureuse. Ce pays s’étend du côté de l’orient, le long de la côte de la mer Océane, depuis Aden jusqu’au cap de Rasalgate, c’est à-dire d’un golfe à l’autre. Une partie de la mer Rouge le borne du côté du couchant & du midi ; & le royaume, ou pays de Hidgias, qui appartient au chérif de la Mecque, en fait les limites du côté du septentrion.

Sanaa, située dans les montagnes, passe pour la capitale de tout le pays ; ce sont les montagnes qui font l’agrément & les richesses naturelles du royaume d’Yemen : car elles produisent des fruits, plusieurs especes d’arbres, & en particulier celui du caffé : on y trouve de la bonne eau & de la fraîcheur, au-lieu que toute la côte qui s’étend le long de la mer Rouge, & qui en quelques endroits a jusqu’à dix lieues de largeur, n’est qu’une plaine seche & stérile. (D. J.)

YEN, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) nom d’un fruit de la Chine, commun dans la province de Fokien, & autres lieux ; sa figure est ronde, son écorce externe est lisse, grise d’abord, ensuite jaunâtre ; la chair du fruit est blanche, acide, succulente, fraîche, & agréable pour appaiser la soif : l’arbre qui le porte est de la grosseur de nos noyers ; c’est là toute la description qu’en fait le pere le Comte. (D. J.)

YENNE, (Géog. mod.) village de Savoie, sur le Rhône, à deux lieues de la ville de Belley ; l’abbé de Longuerue dit que c’est l’ancienne Epaona, qui a été une ville considérable, où Sigismond, roi des Bourguignons assembla un concile d’évêques de son royaume, l’an 517. Thomas, comte de Savoie, lui donna ses franchises & ses privileges, l’an 1215.

YERDEGERDIQUE, adj. (Astron.) année yerdegerdique est l’année ancienne dont les Perses se sont servis jusqu’à l’an 1089, & dont l’époque étoit fixée à l’an 632 de Jesus-Christ, au commencement