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tre deux montagnes. Cette ville autrefois considérable, ne contient pas aujourd’hui cinq cens maisons. (D. J.)

ZERMAGNE, (Géog. mod.) riviere de la Dalmatie, anciennement Tedanius ou Tedanium ; elle prend son cours par la Dalmane propre, & par la Morlaquie ; & après avoir arrosé Obroazo, elle se décharge au fond d’un long golfe, au septentrion de la ville de Novigrad. (D. J.)

ZÉRO, s. m. l’un des caracteres ou figures numériques, dont la forme est 0. Voyez Caractere & Figure.

Le zéro marque par lui-même la nullité de valeur, mais quand il est joint dans l’arithmétique ordinaire à d’autres caracteres placés à sa gauche, il sert alors à en augmenter la valeur de dix en dix, suivant la progression décuple ; & lorsque dans l’arithmétique décimale il a d’autres caracteres à sa droite, il sert alors à en diminuer la valeur dans la même proportion. Voyez Numération & Décimal. Chambers. (E)

ZEROGERE, (Géog. mod.) ville de l’Inde, en deçà du Gange ; Ptolomée, l. VII. c. j. la compte parmi les villes situées à l’orient du fleuve Namadus. Le manuscrit de la bibliothéque Palatine porte Xérogere au-lieu de Zérogere. (D. J.)

ZÉROS, s. m. (Lythol. anc.) pierre précieuse transparente, qui selon Pline, l. XXXVII. c. ix. est marquetée de taches noires & blanches, & a beaucoup de rapport avec une autre qu’il appelle iris ; nous ne savons point aujourd’hui quelle pierre ce peut être. (D. J.)

ZERTAH, (Géog. mod.) ville de Perse dans la province de Belad Ciston, selon Tavernier, qui dit que les géographes du pays marquent à 79 d. 30′de long. & à 32. d. 30′ de lat. (D. J.)

ZERUIS, (Géog. anc.) ville de la Thrace, selon l’itinéraire d’Antonin, qui la marque sur la route de Dyrrachium à Byzance, en passant par la Macédoine & la Thrace ; elle s’y trouve entre Dyma & Plotinopolis, à 24 milles de chacune de ces villes : quelques manuscrits portent Zeruim, & Simler lit Zerne. (D. J.)

ZERUMBETH, s. m. (Botan. exot.) racine étrangere très-rare & très-peu connue ; voici le précis de ce qu’en dit M. Geoffroi.

C’est une racine tubéreuse, genouillée, inégale, grosse comme le pouce, & quelquefois comme le bras, un peu applatie, blanchâtre ou jaunâtre, d’un goût âcre, un peu amer, aromatique, approchant du gingembre, d’une odeur agréable : on la trouve rarement dans les boutiques de droguistes ou d’apothicaires.

La plante s’appelle zerumbeth. Garz. Zinziber latifolium sylvestre, Herm. Cat. Hort. Lugd. Bat. 636. 386. Kna. Hort. Malab. 11. 13. sab. 7. Walinghuru, sive zingiber sylvestre zeylanensibus, H. Lugd. Bat. Paco-Ceroca, Brasiliensibus, Pison & Marcgr. Zinziber sylvestre majus, fructu in pediculo singulari. Hans Sloane.

Cette plante est fort curieuse, & nous en devons la description au p. Plumier dans sa botanique manuscrite d’Amérique.

La racine de zérumbeth, dit-il, est entierement semblable à celle du roseau ; mais d’une substance tendre & rougeâtre, garnie de petites fibres ; elle pousse une tige haute d’environ cinq piés, épaisse d’un pouce, cylindrique, formée par les queues des feuilles qui s’embrassent alternativement.

Les feuilles sont au nombre de neuf ou de dix, disposées à droite & à gauche, membraneuses, de la même figure, de la même grandeur & de la même consistance que celles du balisier ordinaire, rougeâtres & ondées sur leurs bords, d’un verd clair en-dessus, & d’un verd foncé & luisant en-dessous.

De la même racine, & tout près de cette tige, sortent d’autres petites tiges de couleur écarlate, hautes d’environ un pié & demi, épaisses de quatre pouces, & couvertes de petites feuilles étroites & pointues.

Des aisselles de feuilles naissent des fleurs d’un beau rouge qui sont rangées comme en épi ou en pyramide, & composées de trois tuyaux posés l’un sur l’autre. Ces tuyaux sont partagés en deux parties à leur extrèmité. Le calice, qui porte un pistil alongé, menu, blanc, rouge à son extrémité, devient un fruit ovalaire, de la grosseur d’une prune, charnu, creux en maniere de nombril, rouge en dehors, & rempli d’un suc de même couleur ; il s’ouvre par le haut en trois parties, & contient plusieurs semences, rousses, dures, nichées dans une pulpe filamenteuse.

Cette plante se plaît dans les forêts humides, & le long des ruisseaux ; elle vient en abondance dans l’île de S. Vincent ; son fruit est un aliment agréable aux bœufs & aux autres bêtes de charge. On tire du suc de ce fruit, un beau violet, qui appliqué sur les toiles de lin ou sur la soie, est ineffaçable.

Parmi les preuves qui font voir que la racine de cet aromate contient beaucoup de sel volatil, huileux, aromatique, la distillation en est une principale ; car elle donne dans l’alembic une eau odorante avec assez d’huile, dans laquelle, si la distillation est récente, il nage un peu de sel volatil sous la forme de neige ou de camphre ; ce sel dissous dans l’esprit de vin, & mêlé comme il convient avec des confitures, des électuaires & autres choses semblables, est utile dans les crudités acides, les vents & les douleurs d’estomac. Le suc nouvellement exprimé de la racine, produit le même effet, mais avec une douce dégection du ventre.

La racine seche & réduite en farine, perd beaucoup de son âcreté ; c’est pourquoi on en fait du pain dont les Indiens se nourrissent dans la disette. Le mucilage, qui est attaché dans les interstices de la tête qui est écailleuse, se ressent un peu de la vertu de cet aromate. Les qualités médecinales de la racine, paroissent fort analogues à la zédoaire & au gingembre. Herman prétend que notre zérumbeth est le même que celui des Arabes, mais il faut 1°. convenir que presque toutes leurs descriptions des drogues sont si imparfaites, qu’on n’en peut juger que par conjecture ; 2°. qu’en particulier les descriptions qu’ils nous ont données de leur zérumbeth, ne s’accordent point avec celle qu’on vient de lire. (D. J.)

ZERYTHUS, (Géog. anc.) ville de Thrace, selon Etienne le géographe qui y met aussi une caverne de même nom, appellée par les anciens Zerynthum antrum. Cette caverne qu’Isacius nomme antrum Rheæ ou Hecatæ, étoit consacrée à Hécate, à qui, comme le remarque Suidas, on immoloit des chiens. C’est dans ce sens que Lycophron dit, v. 77.

Ζηρύνθον ἄντρον τῆς κυνοσφαγοῦς θεᾶς.

Le scholiaste Lycophron, Etienne le géographe & le lexicon de Favorinus, mettent cette caverne dans la Thrace. Tite-Live, l. XXXVIII. c. xlj. qui connoît Zerynchus, sous le nom d’Apollinis Zerynthi templum, le place aussi dans la Thrace, aux confins du territoire de la ville d’Œnus : Eo die, dit-il, ad Hebrum flumen perventum est. Indè Œniorum fines, præter Apollinis (Zerynthum quem vocant incolæ) templum superant. Cependant Suidas, & le scholiaste d’Aristophane, veulent que l’antre de Zerynthe fût dans l’île de Samothrace. Ovide, l. I. Trist. éleg. ix. en parle d’une maniere si vague, qu’il ne décide rien.

Venimus ad portus Imbria terra tuos.