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lines, nedasobili, ou zibelines imparfaites ; elles se vendent à bas prix.

Ceux qui vont à la chasse des zibelines partent à la fin du mois d’Août ; ils forment des compagnies qui sont quelquefois de quarante hommes & se pourvoient de bateaux pour remonter les rivieres, de guides qui soient au fait des lieux où ils trouveront des zibelines, & d’amples provisions pour subsister dans les deserts. Arrivés au lieu de la chasse, ils y bâtissent des cabanes & se choisissent un chef expérimenté dans ces sortes d’expéditions ; celui-ci divise les chasseurs en plusieurs bandes, à chacune desquelles il nomme un chef particulier, & il leur assigne l’endroit où elles iront chasser. Quand le tems de se séparer est venu, chaque bande va de son côté & fait sur sa route des trous dans lesquels on enfouit des provisions. A mesure qu’on s’avance, les chasseurs tendent partout des piéges, en creusant des fosses, qu’ils entourent de pieux, & qu’ils recouvrent de planches pour empêcher la neige de les remplir ; l’entrée de ces piéges est étroite, & au-dessus est une planche mobile qui tombe aussi-tôt que l’animal vient prendre l’appât de viande ou de poisson qu’on lui a préparé. Les chasseurs continuent ainsi d’aller en-avant, & tendent partout des piéges ; à mesure qu’ils avancent, ils renvoient en arriere quelques-uns d’entre eux pour chercher les provisions qu’ils ont enfouies ; ceux-ci en revenant visitent les piéges pour en ôter les zibelines qui ont pu s’y prendre.

On chasse aussi les zibelines avec des filets ; pour cet effet on suit leur piste sur la neige ; ce qui conduit à leurs trous, que l’on enfume afin de les forcer d’en sortir ; le chasseur tient son filet tout prêt à les recevoir, & son chien pour les saisir ; il les attend quelquefois deux ou trois jours. On les tire aussi sur les arbres avec des fleches émoussées ; lorsque le tems de la chasse est fini, les bandes se rassemblent auprès du chef commun, à qui l’on rend compte de la quantité de zibelines ou d’autres bêtes que l’on a prises ; & on lui dénonce ceux qui ont fait quelque chose de contraire aux regles ; le chef les punit ; ceux qui ont volé sont battus & privés de leur part au butin. En attendant le tems du retour, qui est celui du dégel des rivieres, on prépare les peaux ; les chasseurs remontent alors dans leurs barques ; & de retour chez eux, ceux qui sont chrétiens donnent d’abord à l’Eglise quelques-unes de leurs fourrures, suivant le vœu qu’ils en on fait avant que de partir ; ces zibelines se nomment zibelines de Dieu. Ensuite ils payent leur tribut en fourrures aux receveurs du souverain ; ils vendent le reste & partagent également les profits. Voyez la description de Kamtschatka, par M. Kracheninikon.

Les fourrures de zibelines les plus cheres & les plus estimées, sont celles qui sont les plus noires, & dont les poils sont les plus longs. Depuis la conquête de la Sibérie, les souverains de la Russie se sont réservé le débit de cette marchandise, dans laquelle les habitans payent une partie de leur tribut. Le gouverneur de Sibérie met son cachet sur les zibelines prises dans son gouvernement, & les envoye au sénat de Petersbourg ; on les assortit alors par paquêts de dix peaux, & l’on en fait des caisses, dont chacune est composée de dix paquets ; ces caisses se vendent à proportion de leur beauté ; les plus belles se vendent jusqu’à 2500 roubles, (environ 12500 livres) ; celles d’une moindre qualité se vendent 1500 roubles (7500 livres). Ce sont les grands de la Turquie qui sont les plus curieux de cette marchandise. (—)

Zibeline, Fourrure.) nom que l’on donne aux peaux de martes les plus précieuses : les zibelines se tirent de la Laponie moscovite & danoise. Il s’en

trouve aussi une grande quantité en Sibérie, province des états du czar : l’animal qui fournit la zibeline est du genre des belettes, & de la grosseur d’un chat ; il a de longs poils autour des yeux, du nez, & du museau ; sa couleur est jaune obscur, mêlangé d’un brun foncé ; mais le devant de sa tête & ses oreilles, sont d’un gris brunâtre. (D. J.)

ZICLOS, (Géog. mod.) petite ville de la basse Hongrie, au comté de Baran ; cette ville située à cinq lieues de Cinq-Eglises, est prise pour l’ancienne Jovallium. (D. J.)

ZIGAE, (Géog. anc.) peuples de la Sarmatie asiatique : c’est Pline, l. VI. c. vij. qui en parle. Comme ils habitoient au bord du Tanaïs, divers géographes ont eu tort de vouloir les confondre avec les Zygi de Strabon, & avec les Sindi de Pline & de Ptolomée, qui avoient leur demeure au bord du Pont-Euxin. (D. J.)

ZIEGENHAUS, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, en Silésie, dans la principauté de Neiss, à trois lieues au midi de la ville de Neiss, sur la Bila. (D. J.)

ZIEGENHEIM, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans le landgraviat de Heile, capitale du comté de même nom, sur la petite riviere de Schwalm, à six lieues au sud-ouest de Cassel ; elle est petite, mais bien bâtie. Long. 27. 12. latit. 51. 8. (D. J.)

ZIEMNOI-POIAS, (Géog. mod.) ce mot russe signifie ceintures de la terre ; c’est ainsi que les Russes nomment de grandes montagnes qui sont dans le pays des Samojedes. Elles commencent à la pointe occidentale qui forme le golfe qui est à l’embouchure de l’Obi ; à l’extrémité est le fort Scop, ou le fort d’Obi. Elles courent trente lieues françoises vers le midi ; puis environ autant vers le sud-ouest, jusqu’au lac Kitatis, d’où sort la riviere de Soba qui va se joindre à l’Obi ; de-là tournant vers l’ouest l’espace de soixante lieues, elles vont se joindre à une autre chaine de montagnes qui s’avance vers le midi ; de sorte que plus elles s’éloignent de l’Obi, plus elles s’écartent de la mer. M. de Lisle les marque dans sa carte de la Tartarie, sans y mettre leur nom. (D. J.)

ZIGENE, voyez Marteau.

ZIGENRICK, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, au marquisat de Misnie, sur la droite de la Sala. (D. J.)

ZIGEIRA, ou ZIGIRA, (Géog. mod.) ville de l’Afriqué propre ; elle est mise par Ptolomée, l. IV. c. iij. au nonibre des villes situées entre la ville de Thabraca, & le fleuve Bagrada. (D. J.)

ZIGERE, (Géog. anc.) ville de la Thrace ; Pline, l. IV. c. xj. la place dans les terres, & au voisinage de la basse Moesie : il ajoute que c’étoit une des villes des Scythes Aroteres, qui s’étoient établis dans ce quartier. (D. J.)

ZIGETH, ZIGHET, ZYGETH, ou SIGETH, (Géog. mod.) ville de la basse Hongrie, capitale du comte qui porte son nom ; c’est une des plus fortes places de la Hongrie. Elle est située à trois lieues de la Drave vers le nord, & à sept de Cinq-Eglises vers le couchant, dans un marais formé par la riviere d’Alma ; & elle est défendue par une citadelle, & trois fossés pleins d’eau. Long. 36. 31. latit. 46. 2.

C’est en assiégeant cette place en 1566, que mourut Soliman II. fils de Selim, & la victoire l’accompagna jusque dans les bras de la mort ; à peine eut-il expiré, que la ville fut prise d’assaut. L’empire de ce conquérant s’étendit d’Alger à l’Euphrate, & du fond de la mer Noire, au fond de la Grece & de l’Epire. Les Impériaux n’ont pu reprendre Zigesh sur les Turcs que sur la fin du dernier siecle. (D. J.)

Zigeth comté de, (Géog. mod.) contrée de la basse Hongrie, entre la Drave & le Danube. Elle a