La piété sévere exige son offrande ;
Le roi, de son pouvoir, se voit déposseder,
Et voilant son visage, est contraint de céder.
Clitemnestre en fureur, maudit la Grece entiere ;
Elle dit dans l’excès de sa douleur altiere :
Quoi, pour noyer les Grecs, & leurs nombreux vaisseaux,
Mer, tu n’ouvriras pas des abîmes nouveaux !
Quoi, lorsque les chassant du port qui les recele,
L’Aulide aura vomi leur flotte criminelle,
Les vents, les mêmes vents si long-tems accusés,
Ne te couvriront point de ses vaisseaux brisés ?
Et toi soleil, & toi, qui dans cette contrée,
Reconnois l’héritier, & le vrai fils d’Atrée,
Toi, qui n’osas du pere éclairer le festin,
Recule ; ils l’ont appris ce funeste chemin !
Mais cependant, ô ciel, ô mere infortunée !
De festons odieux ta fille couronnée,
Tend la gorge aux couteaux par un prêtre apprêtés :
Calchas va dans son sang ...... barbares, arrêtez,
C’est le pur sang du dieu qui lance le tonnerre ;
J’entends gronder la foudre, & sens trembler la terre ......
Enfin, la terreur s’empare de nos cœurs, & l’art fait couler des pleurs honnêtes.
Thalie appuyée contre une colonne, & tenant un masque de la main droite, fait rire le public du tableau de ses propres mœurs. Quelquefois même, l’art dramatique s’éleve, & peint les passions des belles ames. On voit dans Constance & dans Dorval, que la vertu est capable de sacrifier tout à elle-même.
C’en est fait, l’hiver répand sa derniere obscurité, & regne sur l’année soumise ; le monde végétal est enseveli sous la neige. Arrête-toi, mortel livré aux erreurs & aux passions ; contemple ici le tableau de ta vie passagere, ton printems fleuri, la force ardente de ton été, ton automne, âge voisin du midi, où tout commence à se faner, & l’hiver de ta vieillesse, qui, bientôt fermera la scene. Que deviendront alors ces chimeres de grandeur, cet espoir de la faveur, brillante & volage divinité des cours ;
Qui seme au loin l’erreur & les mensonges,
Et d’un coup d’œil enivre les mortels ;
Son foible trône est sur l’aîle des songes ;
Les vents légers soutiennent ses autels.
que deviendront ces rêves d’une vaine renommée, ces jours d’occupations frivoles, ces nuits passées dans les plaisirs & les festins, ces pensées flottantes entre le bien & le mal ? toutes ces choses vont s’évanouir. Apprens que la vertu survit, & qu’elle seule méritoit ton amour ! « Malheur à celui ne qui lui a pas assez sacrifié pour la préférer à tout, ne vivre, ne respirer que pour elle, s’enivrer de sa douce vapeur, & trouver la fin de ses jours dans cette noble ivresse ». C’est ainsi que parle & que pense le philosophe vertueux, le digne & célebre auteur du Fils naturel ou des Epreuyes de la vertu, acte III. scene III. pag. 105. (Le chevalier de Jaucourt.)
Zone, (Conchyl.) les Conchyliographes nomment zones les bandes, cercles ou fasces que l’on remarque sur la robe d’une coquille ; ces zones ou bandes sont quelquefois de niveau, d’autres fois saillantes, & d’autres fois gravées en creux. (D. J.)
Zone, (Antiq. Rom.) en latin zona, car c’est ainsi qu’on nommoit la ceinture des Romains. Comme la chemise ou tunique qu’ils avoient sous la toge étoit fort ample, ils se servoient d’une zone ou ceinture pour l’arrêter & pour la retenir quand il étoit nécessaire. Ces ceintures étoient différentes selon le sexe, le tems & les âges ; mais l’on ne pouvoit être vêtu décemment sans zone, & c’étoit une marque
de dissolution & de débauche de n’en point avoir, ou de la porter trop lâche ; de là l’expression latine discinctus, un efféminé & c’est pour cette raison que Perse dit, non pudet ad morem discincti vivere nattæ.
Les hommes affectoient de la porter fort haute, & les dames la plaçoient immédiatement sous le sein, & elle servoit à le soutenir, car elles n’usoient point de corps ni de corsets. Cette zone ou ceinture des femmes se nommoit castata.
Sur la fin de la république, elles joignirent à cette ceinture un ornement qui y étoit attaché, & qui marquoit la séparation de la gorge ; il étoit ordinairement enrichi d’or, de perles ou de pierreries, & fait de maniere qu’il formoit une espece de petit plastron.
Il y eut un tems chez les Romains, que les hommes attachoient à leur zone une bourse dans laquelle ils mettoient leur argent. Aulugelle, l. XV. c. xij. rapporte le discours que Cornelius Gracchus fit au peuple Romain, auquel il rendit compte de la conduite qu’il avoit tenue dans son gouvernement, & en finissant, il lui dit : « enfin, messieurs, j’emportai de Rome ma bourse pleine d’argent, & je la rapporte vuide » : Itaque, Quirites, quùm Romam profectus sum, zonas quas plenas argenti extuli, eas ex provinciâ inanes retuli. A quoi il ajoûte ces paroles remarquables, alii vini amphoras quas plenas tulerunt, argento plenas domum reportaverunt. Cette coutume n’a pas été abolie, & subsistera toujours dans les pays où l’argent est plus précieux que la vertu. (D. J.)
Zone, s. f. (Hydr.) en fait de fontaines, se dit d’un espace vuide d’environ une ligne ou deux de large, percée circulairement sur la platine d’un ajutage à l’épargne. Ce peut être encore une bande tracée sur la platine d’une gerbe, pour y percer d’espace en espace des fentes ou portions de couronne ou des parallelogrammes d’une ligne ou de deux de large. (K)
Zone, (Jardinage.) se dit d’une ligne épaisse dentelée, placée horisontalement sur l’extrémité des feuilles des arbres.
ZONNAR, s. m. (terme de relation.) le zonnar est une ceinture de cuir noir, assez large, que les Chrétiens & les Juifs portent dans le Levant, & particuliérement en Asie. Motavakkel, dixieme kalife de la maison des Abassides, est le premier qui ait obligé les Chrétiens & les Juifs à porter cette ceinture pour les distinguer des Mahométans. L’ordonnance qu’il en fit fut publiée l’an 235 de l’Hégire, & depuis ce tems-là, les Chrétiens d’Asie, & principalement ceux de Syrie & de Mésopotamie, presque tous ou Nestoriens ou Jacobites, portent ordinairement cette ceinture. D’Herbelot, biblioth. orien. (D. J.)
ZONZEN, (Géog. mod.) ville de Perse dans la province de Mazanderan. Long. 85. 15. latit. 35. 59. (D. J.)
ZOOGRAPHIE, s. f. (Phys. générale.) c’est un terme moderne composé de ζῷον, animal, & de γράφω, je décris ; ainsi la zoographie est la description des propriétés, & de la nature des animaux ; mais leurs propriétés sont presque nulles, & leur nature nous est inconnue. (D. J.)
ZOOLATRIE, s. f. (Hist. anc.) culte que les païens rendoient aux animaux. Ce nom est composé de ζῷον, animal, & λατρεία, culte divin, adoration des animaux. On sait jusqu’où les anciens Egyptiens ont porté cette superstition qui est encore fort commune dans les Indes ; elle est fondée sur la créance de la métempsycose, ou transmigration des ames dans d’autres corps ; ainsi les Egyptiens disoient que l’ame d’Osiris avoit passé dans le corps d’un taureau, & les Indiens modernes s’abstiennent de tuer plusieurs animaux dont le corps, à ce qu’ils prétendent, pourroit bien être habité par l’ame de quelqu’un de leurs ancêtres.