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à la volée que j’ai déjà déterminée, & en L je fais sur LK la perpendiculaire LM, qui est cette largeur si souvent mentionnée ; je la partage en cinq parties égales, & je fais MN = de LM ; je tire la ligne NI & la prolonge du côté de I, & je fais IO = de LM, de même que IP ; Ib & Ia = . En O, je fais sur NO la perpendiculaire QR, laquelle doit avoir 140/150 de LM ; je tire la ligne MR du point F comme centre, & avec le rayon FC, je fais un cercle qui est la circonférence du tourillon de la piece ; de S je tire la perpendiculaire ST sur MR ; de T vers V, je prends 60/150 pour la largeur de l’entaille à placer l’essieu ; je fais VW = 18/150 & WX = 14/150, ou 1/6 de la hauteur de l’essieu XY, qui est = 1/150 ; je prends YZ = 30/150, & la perpendiculaire Za de même, & en a se trouve le centre du bras de l’essieu ; de a, comme centre de la roue, je fais avec son rayon l’arc bcd, auquel je mene une tangente parallele à la ligne AB, qui me donne la ligne de terre. Je divise MR en 200 parties égales, & pour l’affut de 24, je prends 18/200 seulement pour la ligne Re, mais pour tous les autres, j’ajoute chaque fois la différence du diametre de leurs roues à celle de 24, pour avoir la ligne R e. Je fais ef = LM, fg perpendiculaire sur cf, & = 80/150, fh = 12/150, gi & kh = 16/150, hl parallele à ef, & = fg ; je tire les lignes Qm, & gm, & je fais l’arc noh, qui partant du point h, ne fasse que toucher les lignes Re, ef ; je prends Op = 85/150, & Pq = 46/150. Pour trouver le contour de l’entre-toise de volée, je tire une tangente rs à la circonférence du tourillon, qui avec la ligne As fasse un angle de cinq degrés Asr ; la ligne rs est l’axe de canon sur lequel je dessine sa partie antérieure depuis le centre des tourillons jusqu’au bourrelet, pour voir comment je pourrois placer ladite entre-toise sans qu’elle empêche le canon de se baisser sous un tel angle, & je trouve que je puis faire Nt = 45/150, tv = 70/150, vw = 5/150, & tx = 50/150.

On peut considerer le corps d’affut, comme un levier qui a le point d’appui dans le moyeu des roues, la puissance au bout de la crosse, & dont le poids est la piece de canon. Si le centre de gravité du canon étoit dans l’axe des tourillons, toute sa pesanteur seroit comme réunie à cet endroit, & la culasse se soutiendroit en l’air comme la volée ; & pour qu’il fût alors en équilibre avec l’affut, ensorte pourtant que la crosse touchât encore terre, on sent que le point d’équilibre devroit se trouver à quelque distance au-delà de l’essieu, que le levier seroit de la premiere espece, & que pour mouvoir la piece avec l’affut, soit dans un plan vertical, soit dans un plan horisontal, comme cela arrive lorsqu’on donne du flasque en pointant le canon, on ne pourroit jamais le faire avec une moindre puissance que dans ce cas, où l’on ne fait attention qu’à la plus grande facilité de la manœuvre, en faisant pour un moment abstraction de tout le reste. Mais comme pour des raisons connues le canon est plus pesant derriere les tourillons qu’au-devant, la culasse descend, & le poids se trouve entre le point d’appui & la puissance, ensorte que le corps d’affut devient un levier de la seconde espece, où la puissance doit augmenter à mesure que le poids y est plus proche ; c’est pourquoi plus la culasse en seroit éloignée, & plus la manœuvre en seroit facile à cet égard, mais par contre, moins solidement le canon seroit-il posé sur son affut, & celui-ci deviendroit trop long au-devant de l’essieu ; & par-là sujet à plusieurs inconveniens ; de façon que ce n’est pas une chose si facile de trouver le point juste pour l’emplacement des tourillons par rapport à l’essieu, & je ne sache pas que jusqu’à présent on l’ait déterminé par les lois de la méchanique, & ne crois pas qu’on puisse jamais le faire, parce qu’en fait d’artillerie il s’agit beaucoup de ce qui est commode pour diffé-

rentes manœuvres à-la-fois ; car ce qui est bon pour

l’une est souvent contraire à une autre, ce qui ne peut être susceptible d’aucun calcul, ni découvert que par l’expérience ; & puisque j’ai éprouvé que pour les grosses pieces les affuts sont d’un meilleur usage, lorsqu’ils ont les tourillons placés, comme dans la fig. 1. que lorsqu’ils sont placés autrement, je m’y suis conformé ; mais j’ai trouvé aussi après de bons connoisseurs, qu’à mesure que les pieces sont plus légeres, plus on peut approcher l’entaille de l’essieu de celle des tourillons ; ainsi que pour celle de 4 on peut avancer le point T d’un demi-calibre vers M, & d’autres à proportion.

La distance des flasques de l’un à l’autre, doit être telle qu’ils touchent le canon aux plattes-bandes du premier & second renfort, & celles de la culasse au point k, lorsque le canon repose sur la semelle en I.

AIGREUR, (Or & Argent.) qualité qui empêche ces métaux d’être malléables, & qu’ils ne quittent que lorsque les sels dans l’action du feu, les ont purgés des hétérogenes qui la leur donnent.

AIR caractérisé, (Musiq.) on appelle communément, airs caractérises, ceux dont le chant & le rithme imitent le goût d’une musique particuliere, & qu’on imagine avoir été propre à certains peuples, & même à certains personnages de l’antiquité, qui peut-être n’existerent jamais. L’imagination se forme donc cette idée sur le chant & sur la musique, convenable au caractere de ces personnages, à qui le musicien prête des airs de son invention. C’est sur le rapport que des airs peuvent avoir avec cette idée, laquelle, bien qu’elle soit une idée vague, est néanmoins à peu-près la même dans toutes les têtes, que nous jugeons de la convenance de ces mêmes airs. Il y a même un vraissemblable pour cette musique imaginaire. Quoique nous n’ayons jamais entendu de la musique de Pluton, nous ne laissons pas de trouver une espece de vraissemblance dans les airs de violon, sur lesquels Lulli fait danser la suite du dieu des enfers dans le quatrieme acte de l’opéra d’Alceste, parce que ces airs respirent un contentement tranquille & sérieux, & comme Lulli le disoit lui-même, une joie voilée. En effet, des airs caractérisés par rapport aux fantômes que notre imagination s’est formés, sont susceptibles de toutes sortes d’expressions, comme les autres airs. Ils expriment la même chose que les autres airs ; mais c’est dans un goût particulier & conforme à la vraissemblance que nous avons imaginée. C’est Lulli le premier, qui a composé en France les airs caractérisés. Réfléxions sur la poésie & la peinture. (D. J.)

AMOUR, GALANTERIE, (Langue franç.) ce ne sont point-là deux synonymes.

La galanterie est l’enfant du desir de plaire, sans un attachement fixe qui air sa source dans le cœur. L’amour est le charme d’aimer & d’être aimé.

La galanterie est l’usage de certains plaisirs qu’on cherche par intervalles, qu’on varie par dégoût & par inconstance. Dans l’amour la continuité du sentiment en augmente la volupté, & souvent son plaisir s’éteint dans les plaisirs mêmes.

La galanterie devant son origine au tempérament & à la compléxion, finit seulement quand l’âge vient en tarir la source. L’amour brise en tout tems ses chaînes par l’effort d’une raison puissante, par le caprice d’un dépit soutenu, ou bien encore par l’absence ; alors il s’évanouit comme on voit le feu matériel s’éteindre.

La galanterie entraîne vers toutes les personnes qui ont de la beauté ou de l’agrément, nous unit à celles qui répondent à nos desirs, & nous laisse du goût pour les autres. L’amour livre notre cœur sans réser-