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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/78

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Le vernis s’y conserve parfaitement, si ce n’est qu’il se forme à la superficie une espece de croute noirâtre que l’on jette. On rougit le vernis quand on veut avec du cinabre de la Chine, ou avec une espece de terre rouge, que les Hollandois portoient autrefois de la Chine au Japon, & que les Chinois y portent présentement eux-mêmes ; ou enfin avec la matiere qui fait le fond de l’encre du pays : le jus du vernis, tant de celui du Japon que de celui de Siam, a une odeur forte qui empoisonneroit ceux qui l’emploient, leur causeroit de violens maux de tête, & leur feroit enfler les levres, s’ils n’avoient soin de se couvrir la bouche & les narines avec un linge, quand ils le recueillent. On trouvera la description & la figure de l’arbre du vernis des Indes dans les Aménités exotiques de Kæmpfer ; il n’y a rien d’assez particulier pour l’ajouter ici. (D. J.)

Vernis d’ambre jaune, (Chimie.) c’est une dissolution d’ambre à petit feu, ensuite pulvérisé & incorporé avec de l’huile seche. Le docteur Shaw nous indique le procédé de ce vernis.

Prenez, dit-il, quatre onces d’ambre jaune, mettez-les dans un creuset, & faites-les fondre précisément au juste degré de chaleur qui convient à cette substance, c’est-à-dire à très-petit feu. Quand la matiere sera en fusion, versez-la sur une plaque de fer ; lorsqu’elle sera refroidie vous réduirez l’ambre en poudre, & vous y ajouterez deux onces d’huile seche (c’est-à-dire d’huile de semence de lin préparée ou épaissie par un peu de litharge avec laquelle on l’aura fait bouillir), & une pinte d’huile de térébenthine ; faites ensuite fondre le tout ensemble & vous aurez du vernis.

Cette méthode de faire le vernis d’ambre a été regardée jusqu’à présent comme un secret, dont un très-petit nombre de personnes étoient instruites ; cependant il mérite qu’on le rende public, parce que ce procédé peut nous diriger, dans la conduite des moyens propres à perfectionner l’art des vernis, & particulierement celui du Japon, ou dans la maniere de dissoudre l’ambre, d’où dépend la perfection de plusieurs arts, tels en particulier que l’art des embaumemens. On perfectionneroit beaucoup en effet ce dernier, si l’on pouvoit parvenir à conserver le corps humain dans une espece d’enveloppe transparente d’ambre, comme nous voyons les mouches, les araignées, les sauterelles, &c. qu’on conserve de cette maniere dans la plus grande perfection.

Pour parvenir à ce but, du-moins par approximation, on a substitué utilement à l’ambre une belle résine cuite jusqu’à la consistence de colophone, ou sous la forme d’une substance transparente & compacte, quoique fragile ; on fait dissoudre cette résine à une chaleur douce, & l’on y trempe ensuite à plusieurs reprises successivement les corps de quelques insectes, par ce moyen ils sont revêtus de colophone. Cette substance en effet ressemble en quelque façon à l’ambre, il faut seulement avoir soin de la préserver du contact de la poussiere si l’on veut lui conserver sa transparence.

Si l’on pouvoit dissoudre l’ambre sans diminuer sa transparence, ou en former une masse considérable, en unissant par le moyen de la fusion plusieurs morceaux ensemble, ce procédé tendroit non-seulement à perfectionner l’art des embaumemens, mais parviendroit à rendre l’ambre une matiere d’usage dans plusieurs circonstances, au-lieu de bois, de marbre, de glace, d’argent, d’or, & d’autres métaux ; car alors on pourroit en faire aisément différentes especes de vaisseaux & d’instrumens.

Notre expérience pousse encore plus loin la découverte, & nous apprend que l’ambre contient une certaine partie visqueuse, aqueuse ou mucilagineuse.

En conséquence il exige ordinairement qu’on le fasse évaporer à un très-grand degré de chaleur avant que de pouvoir se dissoudre aisément dans l’huile, avec laquelle il forme ensuite une substance d’une nature composée de celle d’une huile, d’une gomme, & d’une résine. L’huile éthérée de térébenthine ne la dissoudroit même pas à-moins qu’elle ne fût épaissie, & qu’on ne l’eût rendue propre à ce dessein par le moyen d’une huile seche. Il paroît donc évidemment d’après ces observations, que l’ambre n’est pas seulement résineux, mais aussi mucilagineux ; ainsi lorsqu’on voudra tenter de fondre ensemble de petits morceaux d’ambre pour en former une seule masse, on fera bien de considérer cette substance comme une résine mucilagineuse, & par conséquent propre à se dissoudre ; 1°. dans une huile épaissie par une évaporation préalable de ses parties aqueuses, ou par la destruction de sa portion la plus mucilagineuse ; 2°. il est possible de la dissoudre en la faisant bouillir dans une lessive de sel de tartre ou de chaux vive, ou dans quelque autre substance plus âcre & plus alkaline encore ; 3°. & que le digesteur paroit très-propre à dissoudre cette substance résineuse & mucilagineuse par le moyen d’une huile par expression qu’on ajoute à l’ambre qu’on a d’abord réduit en poudre subtile. On empêche ensuite l’une & l’autre de brûler par l’interposition de l’eau ; nous recommandons sur-tout dans cette opération, une digestion lente & modérée, plutôt qu’un très-grand degré de chaleur. L’expérience que nous venons de donner indique donc trois différentes méthodes pour dissoudre l’ambre sans détruire considérablement sa texture, ou du-moins nous met en état de pouvoir lui rendre sa premiere forme, & d’en refaire une espece d’ambre par une opération très-utile. Shaws, Essais chimical. (D. J.)

Vernis, terme d’Imprimeur, composition de térébenthine & d’huile de noix ou de lin, cuits séparément, puis mêlées & incorporées l’une avec l’autre, dont ils font leur encre à imprimer, en la broyant avec du noir de fumée. (D. J.)

Vernis à la bronze, (Peint.)on le compose en prenant une once de gomme-laque plate, qu’on réduit en poudre très-fine, & qu’ensuite on met dans un matras de verre de Lorraine qui tienne trois demi-septiers, voyez Matras ; alors on verse par-dessus un demi-septier d’esprit-de-vin, & l’on bouche le matras, le laissant reposer quatre jours durant pour laisser dissoudre la gomme laque ; il faut néanmoins pendant ce tems-là remuer le matras, comme en rinçant, quatre ou cinq fois par jour, afin d’empêcher que la gomme laque ne se lie en une masse, & ne s’attache aux parois du matras. Mais si au bout de ces quatre jours la gomme n’est pas dissoute, on mettra le matras sur un petit bain de sable, à un feu très-doux, voyez Bain de sable, pour la faire dissoudre entierement, & lorsque la laque sera dissoute, le vernis sera fait. En mettant l’esprit-de-vin sur la gomme qui est dans le matras, vous le verserez peu-à-peu, afin qu’il pénetre mieux la poudre, & de tems-en-tems il faut cesser de verser l’esprit-de-vin & remuer le matras en rinçant, & continuer jusqu’à ce qu’on y ait mis tout l’esprit-de-vin, pour qu’il soit bien mêlé avec la gomme laque.

Vernis pour les plâtres, prenez quatre gros du plus beau savon, & quatre gros de la plus belle cire blanche dans une pinte d’eau. L’on met l’eau sur les cendres chaudes, l’on ratisse le savon & la cire que l’on fait fondre dans cette eau dans un vase neuf & vernissé : on y trempe le plâtre en le soutenant un moment ; un quart-d’heure après, on le retrempe de même ; cinq ou six jours après, lorsqu’il est entierement sec, on le polit en frottant avec un doigt enveloppé de mousseline. Ce vernis ne fait aucune épais-