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la poussée des voûtes, le poids des planchers, des combles, &c. aussi ont-ils pour cela plus besoin que d’autres de se trouver sains & sans défauts.

Les ancres & les tirans ne pouvant être d’aucune utilité l’un sans l’autre, sont inséparables. Une ancre (fig. 12. & 13.) est une barre de fer quarrée proportionnée au tiran (fig. 14.) d’environ trois ou quatre piés de long sur un pouce ou deux de grosseur, quelquefois droit (fig. 12.) & quelquefois en esse (fig. 13.) Le tiran (fig. 14.) est une barre de fer plat, d’environ cinq à six piés de long, repliée sur elle-même en A, & soudée, formant un œil quarré par le bout A, dans lequel on fait entrer l’ancre C jusqu’au milieu ; à l’autre bout est un talon pour être entaillé dans l’épaisseur des poutres qui traversent les murs de face, & être attaché aux extrémités avec des clous de charrette, fig. 76. Pl. VI.

Les chaînes (fig. 15. Pl. II. & 16. Pl. III.) font le même effet que les tirans, à l’exception que les barres, quelquefois quarrées & quelquefois méplates, sont prises dans l’épaisseur des bâtimens, & ont une mouffle simple ou double par chaque bout ; si ces chaînes (fig. 16.) passent quinze ou dix-huit piés, alors on pratique au milieu une ou deux mouffles (fig 17. & 19.) Ces mouffles sont composées de plusieurs manieres ; les unes (fig. 17.) sont composées simplement de deux crochets pris l’un dans l’autre ; les autres (fig. 18. & 19.) sont faites en talon par chaque bout des deux barres posés l’un sur l’autre & liés ensemble avec des viroles AA, qui serrent à mesure qu’on les chasse[1] ; lorsque l’on juge à propos de faire serrer les chaînes en les raccourcissant, on fait passer entre les deux talons une serre B, qui les oblige de s’écarter à mesure qu’on l’enfonce.

Les harpons (fig. 20.) sont des barres de fer méplates, d’environ trois, quatre, ou cinq piés de longueur, portant un talon A, à chacune de leurs extrémités, pour être entaillées dans le bois & attachées de clous comme le tiran (fig. 14.) cette piece sert à unir deux poutres ou pieces de bois, qui le plus souvent se rencontrent dans l’épaisseur d’un mur de refend.

Les barres de languette (fig. 21. & 22.) sont des barres de fer plat, dont l’une (fig. 21.) est fendue en deux parties par ses extrémités A, dont chaque morceau BB est coudé, l’un en-haut & l’autre en-bas ; l’usage de cette piece est de contribuer, avec plusieurs autres, à entretenir les languettes[2] des cheminées en briques. Les boulons sont de deux especes ; les uns (fig. 23.) servent à-entretenir les limons[3] des escaliers de charpente ; les autres B (fig. 25.) contribuent avec les étriers, (même fig.) à entretenir la charpente, comme nous le verrons dans la suite ; les premiers (fig. 23.) sont des barres ou tringles arrondies, d’environ quinze à vingt lignes de grosseur, sur trois, quatre, cinq, & quelquefois six piés de long, selon la largeur des escaliers, portant par un bout A une tête quarrée ; l’autre B est quelquefois taraudé[4] d’environ six à sept pouces de long avec un écrou C, aussi quarré & taraudé intérieurement, quelquefois percé d’un trou plat garni d’une clavette.

Les barres des tremies (fig. 24.) qui servent à soutenir le foyer des cheminées dans lesquelles il ne doit point entrer de bois de peur du feu, sont des barres de fer plat, d’environ quatre à cinq lignes de largeur, six lignes d’épaisseur, & dont la longueur

differe, selon la largeur des mêmes foyers ; ces barres sont coudées & recoudées par chacune de leurs extrémités A, soutenues en B sur les plus prochaines solives.

Les étriers (fig. 25.) sont des barres de fer plat, coudées en deux endroits A, dont les extrémités sont renforcies & percées d’un gros trou rond, par lequel passe un fort boulon B, à tête ronde par un bout, & par l’autre D percées d’un trou plat, garni d’une clavette double.

Les manteaux de cheminée (fig. 36.) faits pour soutenir les manteaux des cheminées, sont des barres de fer quarrées de quinze à vingt lignes de grosseur, coudées en A & en B de la largeur des cheminées où elles doivent être placées, & les branches C d’une longueur aussi proportionnée à leur saillie ; elles sont encore fendues & écartées de part & d’autre par leur extrémité, qu’on appelle alors scellement[5], pour être scellées dans l’intérieur du mur.

Les armatures de seuils (fig. 27.) servent ordinairement à couvrir les seuils[6] des portes, & principalement des portes cocheres, charretieres, & autres semblables : il est bon d’observer que presque toutes les portes, grandes & petites, ont des seuils en pierre, qui, à l’égard de celles où il ne passe aucune voiture, n’ont pas besoin d’être armés en fer ; ceux au-contraire des portes où il passe journellement des voitures chargées ou non chargées, ont besoin pour se conserver d’être armés de fer, & par-conséquent empêcher que ces mêmes voitures ne les écrasent ; les uns sont composés de barres de fer plat AA, &c. en plus ou moins grande quantité plus ou moins près les unes des autres, coudées par chaque bout BB, & scellées en plâtre ou en plomb dans l’épaisseur du seuil de pierre ; les autres sont aussi de semblables barres de fer plat, coudées par chaque bout, mais entretenues par le milieu d’entretoises CC, rivées[7] sur chacune des barres.

Les fantons (fig. 28.) ne sont autre chose que des petites barres de fer coulé d’environ quatre à cinq lignes de grosseur, de deux à trois piés de long, recourbées en crochet par chaque bout A, pour être acrochées en B (fig. 29.) on les place ordinairement en forme de chaine depuis le haut jusqu’en bas, dans l’intérieur des languettes de cheminée en plâtre, pour les entretenir.

Les fantons des mîtres (fig. 30.) sont des petites barres de fer coulé semblable au précédent, d’environ dix-huit à vingt pouces de long, coudées par chaque bout, faites pour maintenir le faîte des cheminées, en forme de mître, dont elles tirent leur nom.

Les grilles de fourneau (fig. 31. & 32.) faites pour soutenir le charbon dans les fourneaux des cuisines, sont de deux especes, l’une quarrée & l’autre circulaire ou barelongue ; chacune d’elles est composée d’un chassis AA de fantons, sur lequel sont soudées des traverses BB de même fer.

Les grilles de gargouilles, fig. 23. placées à l’issue des gargouilles, sont plus ou moins fortes les unes que les autres à proportion de leur grandeur ; celle-ci est composée d’une traverse A dormante ou mouvante dans ses lacets B, sur laquelle sont assemblés à tenon & mortaise plusieurs barreaux à pointe CC.

Les barres de fourneau, fig. 34. faites pour les retenir & conserver leur arrête supérieure, sont des barres de fer plat, coudées par chaque bout en A, dont les extrémités sont fendues à scellement pour être scellées dans les murs.

Les armatures de borne se font plus ou moins solidement les unes que les autres ; on revêtit les premieres simplement d’une barre de fer de cornette,

  1. Chasser, c’est pousser le fer à grands coups de marteau.
  2. Languettes, sont les murs des cheminées qui les séparent ou les enferment.
  3. Les limons sont ce qui forme le noyau ou milieu de l’escalier, sur lequel sont appuyées toutes les marches.
  4. Taraudé, c’est-à-dire formant la vis.
  5. Scellement est ce qu’on scelle en effet dans les murs.
  6. Seuil est la premiere marche des portes.
  7. Rivé, c’est à-dire attaché de cloux à deux têtes.