Il paroit une jaunisse plus ou moins foncée ; à d’autres, crachement de sang, douleur de poitrine, sans la moindre toux au commencement.
Dans les pays méridionaux cette maladie se montre souvent par phthisie, qui se termine par une diarrhée mortelle ; les frictions mercurielles données avec modération sont le remede qui les guérit parfaitement.
Bien souvent on est attaqué d’asthme convulsif ; ordinairement alors les gencives sont pâles, & tout l’intérieur de la bouche & la gorge même, ou de la couleur du sang de bœuf parsémée de points comme de suif ; les gencives quelquefois tumefiées & rongées ; bien souvent douleurs de dents qui pourrissent peu-à-peu.
Si ceux qui ont contracté cette maladie, sont plus robustes, & que leur genre de vie les oblige à s’exercer, alors tout le mal se montre dans la superficie du corps.
Les rhumatismes, les sciatiques, la goutte aux genoux & au pié, plus comme un œdeme, que comme une inflammation ; avec ces maladies naissent toutes les maladies de la peau depuis les éphelides jusqu’aux impetigines (dartres). On a vu les ongles devenir si rabouteux, si épais & si difformes, que les mains en étoient inutiles.
Dans ces constitutions l’effet principal du virus vénérien est d’endurcir la bile dans la vessie du fiel, & l’urine dans les reins ; il s’y forme des pierres & de la gravelle, & il n’y a que le mercure accompagné d’autres remedes légerement purgatifs qui en soit le véritable remede.
On a observé une difficulté opiniatre d’avaler, même les liquides, & les remedes mercuriels ont seuls pu vaincre ce terrible symptome.
Mais dans le sexe cette sorte de virus vénérien est plus terrible, tant par les embarras de le guérir, que par le ravage qu’il y cause.
Il produit, comme dans les hommes, tous les symptomes des maladies hypocondriaques, les fleurs blanches des différentes couleurs ; on a vu après la mort les ovaires pourris ou pleins d’idatides ; il se forme des polypes dans le vagin & dans l’uterus, des tumeurs dans les mamelles, dans le tems encore qu’elles sont réglées, & quoiqu’irrégulierement, quelquefois avec des tranchées insupportables avant de paroître. Les migraines & tous les maux des glandes engorgées ont montré bien souvent que ces dérangemens provenoient de la cause mentionnée.
S’il étoit permis de révéler ici dans la langue vulgaire tous les maux que causent à l’espece humaine les iniquités qui se commettent en contractant cette maladie, je pourrois augmenter malheureusement leur catalogue ; mais en faveur des médecins je citerai un passage de Levinus Lemnius, de occultis naturæ min. Antuerpia 1574, p. 174 & 175, dans lequel on verra que les soupçons ci-dessus indiqués sont fondés sur l’observation de 200 ans.
Tres sunt morbi inter se affines & cognati, non tam lethales, quam fœdi, ac contagiosi, quorum alter in alterum transit, ac permutatur : lues venerea, seu morbus gallicus, elephanthiasis, seu vulgaris lepra, quæ in scrophis grando dicitur, quorum genus est icteritia nigra. Hi superioribus annis intolerandis modis homines excarnificabant, nunc prorsus mitescere cæperunt, minusque infesti sunt.....
Et il continue, en parlant ainsi de la maladie vénérienne.
Semper tamen vestigia inhærescunt, veterisque morbi reliquiæ reliquuntur, quoè si in pulmonem decumbunt, raucos illos esse, atque anhelosos perspicis. Si in articulos podagrae, ac chiragræ, & quæ subinde recurrit ischiatico dolore obnoxios. Sic omnes ficosi articulari morbo laborant. At non omnes podagrici, aut
coxendicis cruciatu affecti, morbi gallici labe affecti sunti quod si in extimam cutem suffunditur humorum colluvies, scabra cute afficiuntur, ac corticosa, lychenibus, impetigne, mentagra, ac porrigine deformati, non sine capillorum defluvio, &c.
On peut très-facilement prévoir les maladies des enfans nés de parens attaqués & tourmentés de la maladie vénérienne chronique. Si ces victimes de la lubricité sont assez bien constitués pendant les premieres années de leurs enfance, il leur sort par la superficie de tout le corps, & particulierement par toute la tête, de ces excrétions & croutes qui suintent une matiere âcre & corrosive, si dangereuse à guérir ou à supprimer.
S’ils sont foibles & avec assez de vigueur pour vivre de la troisieme jusqu’à la neuvieme année, ils sont attaqués du rachitis, du spina ventosa, scrophules, & exostoses.
A l’âge de puberté paroissent les toux, les raucedines, les crachemens de sang, qui se terminent par la phthisie & la mort ; le lait & les bouillons de tortues sont inutiles dans les maladies de génération infectée.
Généralement ces enfans sont nés pour punir les peres de leur lubricité, per libidines vagas : ils sont spirituels, aimables & caressans ; mais ils sont nés pour mourir au plus tard dans l’âge de l’adolescence, puisque rarement ils passent à l’âge de 28 ans.
Toutes ces expériences & raisonnemens seroient inutiles, s’il ne contribuoient point à soulager la misere humaine, & comme cet ouvrage est destiné pour le bien des mortels en société, ou hors de ces pénibles avantages : on communiquera le remede connu jusqu’à présent, le plus utile pour vaincre ces maux.
♃ Mercur. purissimi crudi, ℥ iv ; mellis puriss. ℥ sem. terantur mortario ferreo ad extinctionem, subinde adde, camphoræ, ʒ iv ; butyri cacao, ℥ viii, vel axungiæ porcinæ ; terantur simul per lxx horas jugiter. Fricentur tibiæ ad talos usque cum uncia semisse singulis noctibus post tenuissimam cænam : crastina die ad meridiem usque bîbat ad libram decocti sarsæ parillæ, jejuno stomacho : prandeat ex assis carnibus juniorum animalium : sub his pergat per menses, vel tandiu donec symptomata evanescant.
Plerumque oris fluxus salivalis frictiones non succedunt : accidit tamen aliquando : tunc, vel intermittendæ frictiones, vel alvus aperta servatur, avertitur fluxus.
Dum sub his degit corpus ita sit ab humiditate, frigore tutum, ut perspiratio auctior diu noctuque fiat. Quæ hic defiderari, à perito medico facillime in usum adhiberi poterunt. Mémoire de M. le docteur Sanchez, tel qu’il nous l’a communiqué.
VÉROLI, (Géog. mod.) en latin Verulæ ; ville d’Italie dans la campagne de Rome, sur les confins du royaume de Naples, au pié de l’Apennin, à 20 lieues au sud-est de Rome, avec un évêché qui ne releve que du pape. Long. 31. 6. lat. 41. 38.
Palearius (Aonius), l’un des plus vertueux, des plus malheureux hommes de lettres, & en même tems l’un des bons écrivains du xvj. siecle, étoit né à Véroli. Il s’acquit l’estime des savans de ce tems-là, par son poëme, De immortatitate animarum, imprimé à Lyon en 1536 in-16. Sa réputation & son éloquence lui attirerent des envieux, qui pour le perdre, le diffamerent comme un impie. Ils l’accuserent d’avoir écrit en faveur des Protestans, & contre l’inquisition. Pie V. voulut signaler le commencement de son pontificat par le supplice d’un hérétique ; Palearius fut choisi, & condamné à être pendu, étranglé, & brûlé l’an 1566 : cette horrible sentence fut exécutée sans aucune miséricorde. Outre son poëme de l’immortalité de l’ame, on a de lui d’autres pieces en vers & en prose, dont la meilleure édition est celle de Westein à Amsterdam, en 1696 in-8°.