nique est regardée comme éminemment appropriée ; c’est l’enrouement & son degré extrème, l’extinction de voix. Nous ne la croyons pas plus spécifique dans ce cas, que dans tous les autres.
L’eau distillée de véronique est une de celles qu’on emploie ordinairement comme excipient dans les potions hystériques ; & elle est en effet propre à cet usage, mais seulement comme les eaux distillées de la même classe ; elle passe pour bonne contre le calcul ; ce n’est presque pas la peine de rapporter & de réfuter de pareils préjugés.
Quant à l’usage extérieur de la véronique, on l’emploie quelquefois dans les vins & dans les lotions aromatiques.
Les feuilles de véronique entrent dans l’eau vulnéraire, le baume vulnéraire, le mondificatif d’ache, &c. & son suc dans l’emplâtre opodeltock. (b)
Véronique femelle, (Mat. med.) V. Velvote.
Véronique, s. f. terme formé de vera-icon, vraie image : on l’applique aux portraits ou représentations de la face de notre Seigneur Jesus-christ, imprimée ou peinte sur des mouchoirs.
Les véroniques ou saintes faces sont des imitations d’un célebre original, que l’on conserve avec beaucoup de vénération dans l’église de S. Pierre à Rome, & que quelques-uns croient avoir été le mouchoir qui servit à couvrir le visage de Jesus-Christ dans le sépulcre.
Il est bon en effet d’observer que le nom de véronique se donne uniquement à ces mouchoirs qui ne représentent autre chose que la face du Sauveur, car pour les linges qui représentent tout son corps, comme celui de Besançon, où l’on voit toute la partie antérieure de son corps en longueur, & celui de Turin qui fait voir la partie postérieure aussi-bien que l’antérieure, comme ayant enveloppé & couvert le corps tout entier ; on les appelle suaires.
Le premier ouvrage où il soit fait mention de la véronique, est un cérémonial compilé en 1143, & dédié au pape Célestin, par Benoît, chanoine de S. Pierre : on n’y a pas marqué le tems qu’elle fut apportée à Rome.
Des peintres représentent quelquefois la véronique soutenue par les mains d’un ange, mais plus communément par celles d’une femme, que le commun du peuple s’imagine avoir été une sainte, nommée véronique. Quelques-uns se sont imaginés qu’il pouvoit y avoir eu une femme juive de ce nom à Jérusalem, qui présenta son mouchoir à notre Seigneur comme on le menoit au Calvaire, pour essuyer son visage tout couvert de sang & de sueur, & que l’image de sa face s’y imprima miraculeusement.
De la possibilité de ce miracle, on passa bientôt à soutenir la réalité de l’existence de cette femme, nommée Bérénice ou Véronique, & l’on voit dans les voyages que Bernard de Bredemback, doyen de Mayence, fit à la Terre-sainte, en 1483, & qui furent imprimés en 1502, qu’il n’y avoit pas encore long-tems qu’on avoit trouvé à Jérusalem la véritable maison de Véronique ; d’autres ont cru que cette femme étoit l’hémorhoïsse de l’Evangile, & l’ont en conséquence invoquée pour la guérison du mal dont Jesus-Christ l’avoit délivrée. C’est ce qui se pratique particulierement à S. Gilles de Valenciennes, où l’on appelle communément cette sainte, sainte Venice, diminutif du génitif Veronicæ.
Mais il n’y en a rien, ni dans les anciens martyrologes, ni dans le romain, ce qui a fait penser à M. de Tillemont que tout ce qu’on en avance est destitué de fondement.
VÉRONIS, ou VÉRONÉEZ, (Géog. mod.) ville de l’empire russien, dans le duché de Rézau, sur le haut d’une montagne, proche la riviere de Véronis qu’on passe sur un pont, avec une citadelle. Elle con-
VERQUEUX, s. m. pl. terme de Pêche, ce sont les mêmes filets que les pêcheurs du ressort de l’amirauté de Caudebec, & de la riviere de Seine, nomment alosieres ou rets verqueux, ou brions. Voici la maniere dont les pêcheurs de Bayonne se servent de ces filets qui sont tramaillés.
Les pêches fraîches & communes que font ces pêcheurs, sont celles des filets nommés brions, rets de trente mailles, ces sortes de filets servent depuis Bayonne à la mer, jusqu’au delà de la barre ; les pêcheurs à cet effet ont une espece de petits bateaux pêcheurs qu’ils nomment tilloles, & dont la construction est particuliere, ils n’ont ni quille ni gouvernail, ainsi ils étoient dans le cas d’être supprimés en exécution de l’article vingt-six de la déclaration du 23 Avril 1726. mais sur la représentation que les officiers de l’amirauté ont faite, sur la solidité reconnue de ces bateaux, & sur le besoin qu’on en a pour piloter les bâtimens & les navires qui entrent & qui sortent hors du port de cette ville, ces tilloles ont été conservées.
On ne peut trouver de meilleures & de plus sûres chaloupes pour naviguer dans l’Adoure, & même aller à la mer lorsqu’elle n’est pas émue de tempêtes ; quelque rapides que soient les courans, un seul homme ordinairement en fait toute la manœuvre, se tenant debout, ramant d’une main, & gouvernant de côté, de l’autre main, avec une deuxieme rame ; les tilloliers sont en cela si habiles, qu’ils évitent sûrement tout ce qui les pourroit embarrasser, & il nous a été assuré que de mémoire d’homme, il ne leur étoit arrivé d’accident ; la tillolle qui est d’une forte construction, a ses bords fort hauts, est de la forme des gondolles, & peut tenir jusqu’à dix à douze personnes ; quelquefois on y ajoute deux autres avirons, mais celui qui gouverne se sert toujours des deux siens.
Quand les pêcheurs font la pêche dans la riviere, ils sont ordinairement deux tilloliers, & trois lorsqu’ils la font à la mer : ces chaloupes ont ordinairement seize piés de l’arriere à l’avant ; elles ressemblent à une navette coupée ; sa largeur au milieu est de cinq piés sur le fond, & de quatre seulement sur le haut, & la hauteur du creux de l’avant, aux deux tiers vers l’arriere, est depuis deux piés à deux piés & demi ; les pêcheurs y mettent un mât au milieu, avec une voile quarrée, longue, sur deux vergues, une en-haut & l’autre en-bas, plus longues sous le vent pour en pouvoir prendre davantage.
En pêchant, les filets se jettent toujours à bas bord, se relevent de même, & la voile qui est assez large sert de teux à la tillole.
Outre les pêches qui se font avec des filets, les pêcheurs ont encore des manioles & des berteauts, borgues, ou renards.
Les rets que les pêcheurs de Bayonne nomment brions, sont les mêmes que ceux que les pêcheurs de la riviere de Seine nomment alosiers verqueux, & rets verquans, pour la pêche des aloses ; mais ils en different en ce qu’ils n’ont qu’un seul filet, au-lieu que ceux des pêcheurs normands en ont deux l’un sur l’autre ; c’est de même un ret tramaillé, de soixante brasses de long, sur environ une brasse & demie de chute. Les pêcheurs font avec ce filet la pêche du colac ou de l’alose, des saumons, & des loubines, espece de bars ; un pêcheur & un garçon suffisent seuls dans une tillole pour faire la pêche ; le bout du ret est soutenu à fleur d’eau par des calbaces qui servent de bouées, il dérive à la surface de l’eau, soutenu de flottes de liége avec un peu de plomb pour le bas, pour qu’il ne cale que de sa hauteur ; quelquefois la pêche se fait depuis Bayonne