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Les deux boutefeux seront mis derriere le mortier. Le cadet bombardier doit avoir un quart de cercle & un dégorgeoir. Il a soin d’aller chercher la poudre dans un sac au petit magasin. Il charge le mortier avec une mesure, après avoir mis son dégorgeoir dans la lumiere, & demande à l’officier qui commande, à combien de poudre il veut qu’on charge ; il la met dans la chambre du mortier, & l’égale bien avec la main. Le premier servant de la gauche lui fournit un bouchon de fourrage ; le premier de la droite lui donne la demoiselle : le cadet refoule un petit coup le fourrage qu’il a mis sur la poudre. Le premier soldat de la gauche lui fournit de la terre douce sur la bêche, pour mettre dans la chambre, & achever de la remplir.

Le cadet, après avoir placé cette terre, la refoule à petits coups, puis de plus fort en plus fort, jusqu’à ce que la chambre soit pleine, & fait sur la superficie un lit pour asseoir la bombe. Le premier soldat de la droite remet la demoiselle en son lieu. Le second servant de la droite, & celui de la gauche, prennent un levier & le crochet, & apportent la bombe chargée ; ils aident le cadet à la placer : le cadet pose la bombe bien droite dans l’ame du mortier. Le premier servant de la gauche lui fournit de la terre pour mettre autour de la bombe avec le couteau ou spatule, que le premier de la droite lui donne. Le cadet place la terre autour de la bombe, de maniere que son centre se trouve, s’il est possible, dans l’axe de l’ame du mortier, que les anses soient en haut & tournées suivant l’alignement des tourillons.

Lorsque la bombe est placée dans le mortier, le cadet pointe en s’alignant sur le piquet planté au haut de l’épaulement, & qui sert à s’ajuster : & pour cela les quatre servans ensemble prennent chacun un levier ; le premier de la droite & celui de la gauche, embarrent devant, & les deux autres derriere : tous ensemble poussent le mortier en batterie, suivant le commandement de l’officier ou du cadet ; ensuite les deux premiers servans lui passent un levier sous le ventre, pour le baisser & le hausser suivant les degrés de hauteur que l’officier ou le cadet veulent lui donner ; & le second servant de la gauche pousse ou retire le coin de mire pour cet effet, au commandement qu’il en reçoit. Ce deuxieme servant avec son camarade de la droite, prennent chacun un levier pour donner du flasque. Le mortier pointé, le cadet retire son dégorgeoir de la lumiere, il amorce avec de la poudre fine, & met un peu de poulverin sur le bassinet, & sur la fusée de la bombe, après avoir graté la composition avec la pointe de son dégorgeoir, afin que le feu y prenne promptement. Le premier servant de la droite prend le boutefeu, met le feu à la fusée. Le premier servant de la gauche, met le feu au mortier au commandement de l’officier ou du cadet, qui ne se donne que quand la fusée est bien allumée. Lorsque son coup n’a pas beaucoup de portée, il laisse brûler quelque tems la fusée, & ordonne le feu au mortier suivant l’estimation du tems qu’elle doit encore durer, ensorte qu’elle puisse crever au moment après qu’elle est tombée ; la longueur de la fusée se connoît en comptant 1, 2, 3, &c. également depuis son commencement jusqu’à sa fin. Le cadet ou l’officier, en donnant le commandement, se tiennent à portée de pouvoir observer leur coup, pour se corriger, & mieux ajuster dans la suite. Quand la bombe est partie, le premier servant de la droite nettoye le mortier avec la curette ou racloir, & un bouchon de fourrage, que celui de sa gauche lui donne. Le second servant de la gauche, a le soin de balayer toûjours pendant qu’on sert la piece, afin qu’il ne

reste point de poudre qui puisse mettre le feu à la batterie. Les deux seconds servans prennent chacun un levier, les placent sous le ventre du mortier pour le mettre debout, & en état d’être rechargé. Le cadet va à la poudre avec un sac, charge le mortier avec la mesure, &c. chacun reprend le même poste & ses mêmes fonctions enseignées ci-dessus. Pour charger les bombes, on les emplit de poudre avec un entonnoir, on fait ensuite entrer la fusée par le petit bout dans la lumiere de la bombe, & on l’enfonce avec un repoussoir de bois à coups de maillet de bois, & jamais de fer.

Les petits mortiers se servent à proportion comme celui de douze pouces. Ceux à grenades sont servis par un seul homme ; à l’égard du pierrier, il ne faut que trois hommes. La différence qu’il y a de son service à celui du mortier, est qu’au lieu de la bombe, on met des pierres dans l’ame, sous lesquelles on place un plateau ou une pierre platte, lesquels couvrent la chambre. Ces pierres sont arrangées jusqu’à la bouche ; quelquefois on les met dans un panier. Il faut faire un amas de pierres à portée de la batterie, & dans la batterie même, & sur-tout en avoir quelques-unes de larges pour mettre au fond du pierrier : ces pierres tiennent lieu de plateaux, il faut aussi que chaque pierrier soit muni d’une bonne civiere pour aller chercher les pierres.

Le pierrier se met en batterie, & se pointe comme un mortier : le principal Bombardier a soin de bien arranger les pierres ; & soit qu’on se serve du panier ou qu’on ne s’en serve pas, il faut qu’il y ait de la terre autour pour ajuster la charge, ainsi qu’on en use autour de la bombe. Chacun de messieurs les commandans de l’école peuvent réduire l’exercice du mortier à la voix ou au tambour : mais il faut observer que chacune des fonctions soit dans l’ordre de la présente instruction.

Les soldats servans qui se trouveront le plus d’intelligence, seront quelquefois employés aux fonctions de cadets ; on les changera de place de tems en tems, afin qu’ils sachent servir également dans les postes de droite ou de gauche, de premier ou de second servant. Les officiers & les sergens tiendront chacun dans leur devoir, & surtout veilleront à la propreté de la batterie ; ensorte qu’il n’y ait point de poudre à terre, ou sur la plate-forme qui puisse causer aucun danger ; le feu est bien plus à craindre dans une batterie de mortiers, à cause des bombes chargées qui s’y trouvent : les plus exactes précautions y sont nécessaires.

Il est à remarquer qu’une platte-forme de mortiers ne peut avoir trop de solidité : de-là dépend la justesse du mortier ; il faut que les lambourdes ayent au moins six pouces en quarré.

Recapitulation des différentes fonctions des cadets bombardiers & soldats, dans l’exécution du mortier de douze pouces.

Le cadet va chercher la poudre ; met le dégorgeoir dans la lumiere ; charge le mortier ; met le fourrage sur la poudre, refoule avec la demoiselle sur le fourrage ; refoule la terre douce ; pose la bombe, & met de la terre à l’entour ; s’aligne sur ce qu’il veut battre ; donne l’élévation avec le quart de cerclz ; retire le dégorgeoir de la lumiere ; amorce & gratte la composition de la fusée ; ordonne le feu au mortier ; observe le coup.

Premier servant de la gauche : donne le fourrage au cadet, fournit la terre douce pour la chambre, donne la terre pour mettre autour de la bombe, embarre sur le devant de l’affut pour l’alignement du mortier sur le piquet, passe un levier sous le ventre du mortier pour l’élevation, met le feu au mortier, donne du fourrage à son camarade pour nettoyer.

Premier servant de la gauche : donne la demoiselle