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blia à Venise une nouvelle édition in-4°. avec de petites notes littérales au bas des pages, où les mots Hébreux sont expliqués par des mots Espagnols. Cette Bible est fort estimée des Juifs de Constantinople. On y a distingué dans le texte par une petite étoile, les endroits où il faut lire le point camés par un camés hatouph, c’est-à-dire par un o & non par un a. De toutes les éditions des Bibles Hébraïques in-8°. les plus belles & les plus correctes sont les deux de Joseph Athias, Juif d’Amsterdam ; la premiere de 1661, préférable pour le papier ; l’autre de 1667, plus fidele : néanmoins Vander Hoogt en a publié une en 1705, qui l’emporte encore sur ces deux-là.

Après Athias, trois Protestans qui savoient l’Hébreu, s’engagerent à revoir & à donner une Bible Hébraïque. Ces trois auteurs étoient Claudius, Jablonski, & Opitius. L’édition de Claudius fut publiée à Francfort en 1677, in-4°. On trouve au bas des pages les différentes leçons des premieres éditions : mais l’auteur ne paroît pas assez profond dans la maniere d’accentuer, sur-tout pour les livres de poësie ; & d’ailleurs cette édition n’ayant pas été faite sous ses yeux, fourmille de fautes. Celle de Jablonski parut à Berlin, in-4°. en 1699. L’impression en étoit fort nette, & les caracteres très-beaux : mais quoique l’auteur prétendît s’être servi de l’édition d’Athias & de celle de Claudius, plusieurs critiques trouverent néanmoins la sienne trop ressemblante à l’édition in-4°. de Bomberg, pour ne le soupçonner pas de l’avoir suivi peut-être trop servilement. Celle d’Opitius fut aussi imprimée in-4°. à Keil en 1709 : mais la beauté du papier ne répondoit pas à celle des caracteres ; d’ailleurs l’éditeur ne fit usage que de manuscrits Allemands, négligeant trop ceux qui sont en France, défaut qui lui étoit commun avec Claudius & Jablonski. Ces Bibles ont pourtant cet avantage, qu’outre les divisions, soit générales, soit particulieres, en Paraskes & Pemkim, selon la maniere des Juifs, elles ont encore les divisions en chapitres & en versets, suivant la méthode des Chrétiens ; aussi bien que les keri-ketib, ou différentes façons de lire, & les sommaires en Latin ; ce qui les rend d’un usage très-commode pour les éditions Latines & les concordances. La petite Bible in-seize de Robert Etienne est fort estimée par la beauté du caractere : on doit observer qu’il y en a une autre édition à Geneve qui lui est pareille, excepté que l’impression en est mauvaise, & le texte moins correct. On peut ajoûter à ce catalogue quelques autres Bibles Hébraïques sans points in-8°. & in-24. fort estimées des Juifs, non qu’elles soient plus exactes, mais parce que la petitesse du volume les leur rend plus commodes dans leurs synagogues & dans leurs écoles. Il y en a deux éditions de cette sorte, l’une de Plantin in-8°. à deux colonnes, & l’autre in-24. imprimée par Raphalengius à Leyde en 1610. On en trouve aussi une édition d’Amsterdam en grands caracteres, par Laurent, en 1631 ; & une autre in-12. de Francfort, en 1694, avec une préface de Leusden : mais elle est pleine de fautes.

Bibles Greques. Le grand nombre de Bibles que l’on a publiées en Grec, peut être réduit à trois ou quatre classes principales ; savoir celle de Complute ou d’Alcala de Henarès ; celle de Venise, celle de Rome, & celle d’Oxford. La premiere parut en 1515 par les ordres du cardinal Ximenès, & fut insérée dans la Bible Polyglotte, qu’on appelle ordinairement la Bible de Complute : cette édition n’est pas exacte, parce qu’en plusieurs endroits on y a changé la version des Septante, pour se conformer au texte Hébreu. On l’a cependant réimprimée dans la Polyglotte d’Anvers, dans celle de Paris, & dans l’in-4°. connu sous le nom de Bible de Vatable. V. Polyglotte.

La seconde Bible Greque est celle de Venise qui parut en 1518, où le texte Grec des Septante a été réimprimé conformément à ce qu’il étoit dans le manuscrit. Cette édition est pleine de fautes de copistes, mais aisées à corriger. On l’a réimprimée à Strasbourg, à Bâle, à Francfort, & en d’autres lieux, en l’altérant toutefois en quelques endroits pour suivre le texte Hébreu. La plus commode de ces Bibles est celle de Francfort, à laquelle on a ajoûté de courtes scholies, dont l’auteur ne s’est pas nommé, mais qu’on attribue à Junius : elles servent à marquer les différentes interprétations des anciens traducteurs Grecs. La troisieme est celle de Rome en 1587, dans laquelle on a inséré des scholies tirées des manuscrits Grecs des bibliotheques de Rome, & recueillies par Pierre Morin. Cette belle édition fut réimprimée à Paris en 1628 par le P. Morin de l’Oratoire, qui y joignit l’ancienne version Latine de Nobilius, laquelle dans l’édition de Rome étoit imprimée séparément avec les commentaires. L’édition Greque de Rome se trouve dans la Polyglotte de Londres ; & on y a ajoûté en marge les différentes leçons tirées du manuscrit d’Alexandrie. On l’a aussi donnée en Angleterre in-4°. & in-12. avec quelques changemens. Bos l’a encore publiée en 1709 à Francker, avec toutes les différentes leçons qu’il a pû recouvrer. Enfin la quatrieme Bible Greque est celle qu’on a faite en Angleterre d’après un exemplaire très-ancien, connu sous le nom de manuscrit d’Alexandrie ; parce qu’il avoit été envoyé de cette ville. Elle fut commencée à Oxford par le docteur Grabe en 1707. Dans cette Bible, le manuscrit d’Alexandrïe n’est pas imprimé tel qu’il étoit, mais tel qu’on a cru qu’il devoit être ; c’est-à-dire, qu’on l’a changé aux endroits qui ont paru être des fautes de copistes, & que l’on a aussi changé les mots qui étoient de différentes dialectes : quelques-uns ont applaudi à cette liberté ; d’autres l’ont condamnée, prétendant que le manuscrit étoit exact, & que les conjectures ou les diverses leçons avoient été rejettées dans les notes dont il étoit accompagné. Voyez Septante.

Bibles Latines. Quoique leur nombre soit encore plus grand que celui des Bibles Greques, on peut les réduire toutes à trois classes ; savoir, l’ancienne Vulgate, nommée aussi Itala, traduite du Grec des Septante ; la Vulgate moderne, dont la plus grande partie est traduite du texte Hébreu ; & les nouvelles versions Latines faites sur l’Hébreu dans le xvie siecle. De l’ancienne vulgate, dont on se servoit dans la primitive Eglise, & sur-tout en occident, jusqu’après le tems du pape S. Grégoire le grand, il ne reste de livres entiers que les Pseaumes, le livre de la Sagesse, & l’Ecclésiaste, & des fragmens épars dans les écrits des Peres, d’où Nobilius a tâché de la tirer toute entiere ; projet qui a été exécuté par le P. Sabathier, Bénédictin. On trouve un grand nombre d’éditions différentes de la vulgate moderne, qui est la version de S. Jérôme faite sur l’Hébreu. Le cardinal Ximenès en fit insérer dans la Bible de Complute, une qui est altérée & corrigée en plusieurs endroits. La meilleure édition de la vulgate de Robert Etienne, est celle de 1540, réimprimée en 1545, où l’on trouve en marge les différentes leçons des divers manuscrits dont il avoit pû avoir connoissance. Les docteurs de Louvain l’ont revûe, y ont ajoûté de nouvelles leçons inconnues à Robert Etienne : leur meilleure édition est celle qui contient à la fin les notes critiques de François Lucas de Bruges. Toutes ces corrections de la Bible Latine furent faites avant le tems de Sixte V. & de Clément VIII. depuis lesquels personne n’a osé faire de changement au texte de la vulgate, si ce n’est dans des commentaires & des notes séparées. Les corrections de Clément VIII. en 1592, sont celles que l’on suit dans toute l’Eglise