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catholique ; car de deux réformations qu’a fait ce pontife, on s’en est toûjours tenu à la premiere. Ce fut d’après elle que Plantin donna son édition, & toutes les autres furent faites d’après celle de Plantin ; de sorte que les Bibles communes sont d’après les corrections de Clément VIII. Il y a un très-grand nombre de Bibles Latines de la troisieme classe faites depuis deux siecles, & comprenant les versions des originaux des livres sacrés : la premiere est celle de Sanctez Pagninus, Dominicain ; elle fut imprimée à Lyon in-4o. en 1528, & est fort estimée des Juifs. L’auteur la perfectionna, & l’on en fit à Lyon une belle édition in-fol. en 1542, avec des scholies sous le nom de Michael Villanovanus, auteur de ces scholies, que M. Chambers croit être Michel Servet, brûlé depuis à Geneve. Servet prit ce nom parce qu’il étoit né à Villa-nueva en Aragon. Ceux de Zurich donnerent aussi une édition in-4o. de la Bible de Pagninus, & Robert Etienne la réimprima in-fol. avec la vulgate en 1557. On en trouve encore une version de 1586 en quatre colonnes, sous le nom de Vatable, qu’on a insérée dans la Bible en quatre langues de l’édition d’Hambourg. On range aussi au nombre des Bibles Latines la version de Pagninus, corrigée ou plûtôt rendue littérale par Arias Montanus, avec l’approbation des docteurs de Louvain, insérée par ordre de Philippe II. dans la Polyglotte de Complute, & ensuite dans celle de Londres. Il y en a où différentes éditions in-fol. in-4o. & in-8o. auxquelles on a ajoûté le texte Hebreu de l’ancien Testament, & le Grec du nouveau : la meilleure est celle de 1571 in-fol. Depuis la réformation les Protestans ont aussi donné plusieurs versions Latines de la Bible : les plus estimées parmi eux sont celles de Munster, de Léon Juda, de Castalion, & de Tremellius ; les trois dernieres ont été souvent réimprimées ; & celle de Castalion l’emporte pour la beauté du Latin, que quelques critiques trouvent pourtant trop affecté : sa meilleure édition est celle de 1573. La version de Léon Juda, corrigée par les Théologiens de Salamanque, a été jointe à l’ancienne édition publiée par Robert Etienne, avec des notes de Vatable. Celles de Junius & de Tremellius sont préférées, sur-tout par les Calvinistes ; & il y en a un tres grand nombre d’éditions. On pourroit ajouter pour quatrieme classe des Bibles Latines, comprenant l’édition de la vulgate corrigée sur les originaux, la Bible d’Isidore Clarius ou Clario, écrivain catholique, & évêque de Fuligno dans l’Ombrie. Cet auteur peu content des corrections de l’ancien Latin, a réformé cette derniere traduction aux endroits qu’il a crû mal rendus ; son ouvrage imprimé à Venise en 1542, fut d’abord mis à l’index, ensuite permis, & réimprimé à Venise en 1564, à l’exception de la préface & des prolégomenes. Plusieurs protestans ont suivi cette méthode. André & Luc Osiander entr’autres ont publié chacun une nouvelle édition de la Vulgate, corrigée sur les originaux.

Bibles Orientales. On peut mettre à la tête des Bibles Orientales la version Samaritaine, qui n’admet de l’Ecriture que le Pentateuque. Cette version est faite sur le texte Hébreu-Samaritain, un peu différent du texte Hébreu des Juifs, & dans une langue qui est à peu près la même que la Chaldaïque. Le pere Morin de l’Oratoire est le premier qui ait fait imprimer ce Pentateuque Hébreu des Samaritains avec la version ; l’un & l’autre se trouvent dans les Polyglottes de Londres & de Paris. Les Samaritains ont outre cela une version Arabe du Pentateuque, qui n’a point été imprimée, & qui est même fort rare. On en trouve deux exemplaires dans la bibliotheque du Roi. L’auteur se nomme Abusaïd, & a ajoûté en marge quelques notes littérales. Ils ont aussi l’histoire de Josué, mais différente du livre

de Josué que nous reconnoissons pour canonique, titre qu’ils n’accordent pas au livre qu’ils ont sous le même nom.

Bibles Chaldéennes. Ce sont seulement des gloses ou des expositions que les Juifs ont faites lorsqu’ils parloient la langue Chaldaïque. Ils les nomment targumim, ou les paraphrases ; parce qu’en effet ce ne sont point de pures versions de l’Ecriture. Les meilleures sont celles d’Onkelos, qui n’est que sur le Pentateuque, & celle de Jonathan, sur tous les livres que les Juifs appellent Prophetes ; c’est-à-dire, sur Josué, les Juges, les livres des Rois, les grands & les petits Prophetes. Les autres paraphrases Chaldéennes sont la plûpart remplies de fabies : on les a insérées dans la grande Bible Hébraique de Venise & de Bâle. Mais on les lit plus aisement dans les Polyglottes, où l’on a mis à côté la traduction Latine. Voy. Targum.

Bibles Syriaques. En 1562 Jean Albert Widmanstadius fit imprimer à Vienne en Autriche tout le nouveau Testament en très-beaux caracteres Syriaques, & cette version a été insérée dans la Bible de Philippe II. avec la traduction Latine. Gabriel Sionite a publié aussi à Paris en 1525 une très-belle édition des Pseaumes en Syriaque, avec une version Latine. Quant à l’ancien Testament, les Syriens en ont deux sortes de versions : la premiere faite sur le Grec des Septante, n’a jamais été imprimée ; l’autre qui a été prise sur le texte Hébreu, a été imprimée pour la premiere fois dans la grande Bible de le Jay, & ensuite dans la Polyglotte d’Angleterre. Elle est en usage chez les Chrétiens d’orient, qui suivent le rit Syrien.

Bibles Arabes. Il y a un très-grand nombre de Bibles Arabes, dont les unes sont à l’usage des Juifs dans les pays où ils parlent l’Arabe ; les autres à l’usage des Chrétiens du levant qui parlent cette langue. Les premieres ont toutes été faites sur l’Hébreu, les autres sur d’autres versions, comme celle des Syriens sur le Syriaque, lorsque cette derniere langue n’a plus été entendue du peuple ; celle des Cophtes sur leur langue naturelle, quoiqu’elle fût aussi bien entendue du peuple que des prêtres. En 1516 Augustin Justiniani, evêque de Nebis, donna à Genes une version Arabe du Pseautier, avec le texte Hébreu & la paraphrase Chaldaïque, en y ajoûtant les interprétations Latines. La version Arabe de toute l’Ecriture se trouve dans les Polyglottes de Paris & de Londres. Il y a une édition entiere de l’ancien Testament, imprimée à Rome en 1671 par ordre de la Congrégation de Propagandâ fide, mais qu’on a voulu faire quadrer avec la Vulgate, & qui par conséquent n’est pas toûjours exactement conforme au texte hébreu. Les Bibles Arabes de l’Europe ne sont pas non plus tout-à-fait les mêmes que celles de l’orient : plusieurs savans pensent que la version Arabe du vieux Testament qui est imprimée dans les Polyglottes, est au moins en grande partie celle de Saadias Gaon Rabbin, qui vivoit au commencement du dixieme siecle ; & la raison qu’ils en donnent est qu’Aben Ezra, grand antagoniste de Saadias, cite quelques passages de cette version que l’on trouve dans les versions Arabes des Polyglottes : mais d’autres pensent que la version Arabe de Saadias ne subsiste plus. En 1622 Erpenius imprima un Pentateuque de Arabe, que l’on appelloit aussi le Pentateuque de Mauritanie, parce qu’il étoit à l’usage des Juifs de Barbarie : la version en est très-littérale, & passe pour fort exacte. On a aussi publié les quatre Evangélistes en Arabe avec une version Latine, in-fol. à Rome en 1591. Cette version a été réimprimée depuis dans les Polyglottes de Paris & de Londres, avec quelques changemens faits par Gabriel Sionite. Erpenius donna aussi à Leyde en 1616 un nouveau