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bes, la difficulté de respirer, l’inégalité du pouls, la fievre même, la perte de l’appétit, la douleur d’estomac appellée cardialgie, les palpitations, &c. enfin la dépravation du suc nourricier, d’où l’amaigrissement & l’affaissement total de la machine, à quoi se joignent les obstructions dans les glandes, & sur-tout dans le foie. Tous les accidens ci-dessus détaillés caractérisent la cachexie, qui lorsqu’on la néglige dégenere très-facilement en hydropisie ; le chyle mal préparé faisant, pour ainsi dire, sur le sang le même effet que le vinaigre sur le lait, en sépare la sérosité qui s’épanche. On voit aisément après cette exposition, pourquoi les jeunes personnes qui n’ont point encore été réglées, ou les femmes qui auront essuyé des pertes considérables, deviennent cachectiques ; la trop grande abondance ou la suppression de quelque évacuation ordinaire ou nécessaire, étant une cause de cachexie ; leur appétit déreglé pour le fruit verd, pour la craie, le charbon, & autres drogues de cette espece, produit souvent chez elles le même accident. Par la mauvaise qualité du chyle qui en résulte, on voit de quelle conséquence il est de corriger la cause de la cachexie. Pour y parvenir, il faut examiner si le vice est dans les liqueurs ou dans les parties solides, ou enfin dans l’un & l’autre ensemble ; lorsque l’on se sera apperçu que ce sont les liqueurs qui pechent, & que l’on reconnoîtra par les signes détaillés aux articles Acide & Alkali considérés comme causes de maladies, il sera question de vuider l’estomac & les intestins, soit par un vomitif doux, soit par un purgatif léger, & empêcher par toutes sortes de moyens le renouvellement de la matiere morbifique. Lorsque les parties solides seront cause de la cachexie, les remedes corroborans, & sur-tout les martiaux, seront convenables ; enfin lorsqu’elle procédera du vice de l’un & de l’autre, on la détruira par les remedes destinés à réparer ce vice. On aura soin de joindre aux remedes dans l’un & l’autre cas, l’usage d’un exercice modéré, & d’un régime capable de rendre au suc nourricier la douceur qui lui est nécessaire pour être employé utilement ; de défendre l’usage des alimens grossiers, farineux, & de difficile digestion. De tout ce que j’ai dit ci-dessus, il faut conclurre que la cachexie est un état très-fâcheux ; que lorsqu’elle est la suite de la foiblesse de quelque partie solide, elle est plus difficile à guérir ; & que lorsqu’elle est accompagnée d’une fievre opiniâtre, elle est très-dangereuse. (N)

* CACHI, s. m. (Hist. nat. foss.) C’est une espece de pierre blanche fort ressemblante à de l’albâtre, qu’on trouve en quantité dans les mines d’argent de l’Amérique : elles contiennent ordinairement quelques parties de plomb.

* CACHIMAS, (Hist. nat. bot.) arbre des Indes occidentales dans les îles Antilles : on en compte de deux especes ; le cachimas sauvage, & le cachimas privé. Le premier est garni de pointes ; son fruit est de la grosseur d’une pomme de moyenne grandeur, dont la pelure, qui demeure toûjours verte & dure, est remplie de bosses & d’inégalités. Le cachimas privé a une écorce lisse, & des fruits unis qui sont beaucoup plus grands que ceux du premier ; lorsqu’ils sont mûrs ils sont d’un beau rouge, & blancs au-dessous de l’enveloppe ; le goût en est très-agréable. Les feuilles des deux especes de cachimas ressemblent beaucoup à celles du châtaignier : on dit que le fruit donne de l’appétit, & a la propriété de diviser les humeurs.

* CACHIMENTIER, (Hist. nat. bot.) arbre très-commun aux îles Antilles, & dans plusieurs endroits de l’Amérique ; il y en a plusieurs especes. Cet arbre porte un fruit que l’on appelle cachiment ; il est de forme ronde, d’environ cinq ou six pouces de diametre, il est couvert d’une peau brune rougeâtre,

& quelquefois d’un vert tirant sur le jaune, au-dedans

de laquelle se trouve une substance blanche, d’un goût fort fade & d’une consistance de creme ; tout le fruit est rempli de graines grosses comme de petites fêves, oblongues, brunes, lisses & fort astringentes. Les deux principales especes de cachiment sont le cœur de bœuf qui a la forme & la couleur de ce dont il porte le nom, & le cachiment morveux très-bien nommé par comparaison. Cette derniere espece est fort rafraîchissante ; la peau qui le couvre est verte, & devient un peu jaunâtre lorsqu’il est mûr. Voy. Gonzaler Oviedo & le R. P. Plumier, qui apellent cet arbre guanabanus fructu purpureo.

* CACHLEX, (Hist. nat.) espece de pierre dont il n’y a point de description, mais qu’on dit se trouver sur le bord de la mer. Galien prétend que si on la fait rougir dans le feu, & qu’on vienne à l’éteindre ensuite dans du petit-lait, elle lui donne la vertu d’être un excellent remede contre la dyssenterie.

* CACHOS, (Hist. nat. bot.) arbrisseau qui ne croît que sur les montagnes du Pérou : il est fort verd ; sa feuille est ronde & mince, & son fruit comme la pomme d’amour ; il s’ouvre d’un côté, & a la forme de coquillage ; sa couleur est cendrée, & son goût agréable : il contient une petite semence. Les Indiens lui attribuent de grandes propriétés ; telles que celle de débarrasser les reins de la gravelle, & même de diminuer la pierre dans la vessie, quand elle commence à s’y former.

CACHOT, s. m. (Architect.) c’est dans les prisons un lieu soûterrain, voûté, sans aucun jour, où l’on enferme les malfaiteurs.

CACHOU, (Hist. nat. des drogues.) suc épaissi tiré du regne des végétaux : en Anglois cashoo ; en Latin terra Japonica, terre du Japon ; dénomination reçûe depuis près d’un siecle, quoique très-fausse en elle-même, & d’autant plus impropre, que tout le cachou qu’on trouve au Japon y est apporté d’ailleurs.

Il en est du cachou, suivant la remarque de M. de Jussieu, comme de la plûpart des autres drogues, sur l’histoire desquelles il y a autant de variations que de relations de voyageurs.

Le cachou n’est point une terre. Le public & les marchands épiciers séduits par la sécheresse & la friabilité du cachou, ont commencé par goûter avidement les décisions de ceux qui s’éloignent du récit de Garcie du Jardin, & ont mis cette drogue au rang des terres. M. de Caen, docteur en Medecine de la faculté de Paris, est un des particuliers qui a le plus accrédité cette opinion en France, en détaillant l’origine & la nature de cette terre, sur l’attestation d’un de ses amis voyageur.

On trouve, a-t-il dit, cette terre dans le Levant, & elle y est appellée masquiqui : on la ramasse principalement sur les plus hautes montagnes où croissent les cedres, & sous la racine desquels on la rencontre dure, & en bloc. Pour ne rien perdre de cette terre, les naturels du pays, qu’on nomme Algonquins, la ramassent en entier avec ce sable qui s’y trouve joint. Ils versent dessus le tout de l’eau de riviere, le rendent liquide, & en pétrissent une pâte qu’ils mettent sécher au soleil, jusqu’à ce qu’elle soit dure comme nous la voyons. Les Algonquins en portent toûjours sur eux, & en usent pour les maux d’estomac. Ils l’appliquent aussi extérieurement en forme d’onguent sur la région du bas-ventre.

Ce roman a passé de bouche en bouche, de livres en livres, avec d’autres circonstances singulieres : tout cela n’a servi qu’à lui donner plus de créance ; & le petit gravier qu’on trouve quelquefois dans le cachou n’y a pas nui. Enfin le nom même de terre du Japon, sous lequel le cachou est connu depuis si long-tems parmi les auteurs de matiere médicale, n’a pas peu contribué à confirmer l’opinion que c’est effective-