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que la force de l’éloquence, dont Mercure étoit réputé le dieu aussi bien qu’Apollon. Et en ce cas les serpens, symboles de la prudence, marquent combien cette qualité est nécessaire à l’orateur ; & les ailes signifient la promptitude & la vehémence des paroles. Comme Mercure étoit aussi censé présider aux négociations, pour avoir plus d’une fois rétabli la bonne intelligence entre Jupiter & sa femme Junon ; les ambassadeurs feciaux ou herauts, chargés à Rome de traiter de la paix, portoient en main un caducée d’or, d’où leur vint le nom de caduceatores. Les Poëtes attribuoient encore au caducée de Mercure diverses autres propriétés, comme de conduire les ames aux enfers, & de les en tirer, d’exciter ou de troubler le sommeil, &c.

Le caducée qu’on trouve sur les medailles, est un symbole commun ; il signifie la bonne conduite, la paix & la felicité : le bâton marque le pouvoir ou l’autorité ; les deux serpens, la prudence, & les deux ailes la diligence, toutes choses nécessaires pour réussir dans les entreprises où l’on s’engage. Jobert, Science des medailles, tome I. pag. 377. (G)

Caducée, en Physique. Voyez Baguette divinatoire. (O)

CADUCITÉ, s. f. l’état d’une personne caduque : on dit cette personne approche de la caducité ; d’où l’on voit que la caducité se prend pour l’extrème vieillesse ; mais il n’en est pas de même de caduc : on dit d’un jeune homme qu’il est caduc, & d’un vieillard qu’il ne l’est pas.

CADURCIENS, s. m. pl. (Géog. anc.) peuples qui occupoient les pays que nous nommons aujourd’hui le Quercy : c’étoit un des quatorze qui habitoient entre la Loire & la Garonne.

CADUS ou CERANIUM, (Hist. anc.) grande mesure des anciens, contenant cent vingt livres de vin, & environ cent cinquante livres d’huile.

CADUSIENS, s. m. pl. (Géog.) peuples d’Asie, qui habitoient quelques contrées voisines du Pont-Euxin ; selon Strabon, ils occupoient la partie septentrionale de la Médie Atropatene, pays montagneux, & assez semblable à la description que Plutarque fait de celui des Cadusiens.

CAEN, (Géog.) ville de France, capitale de la basse Normandie ; elle est sur l’Orne Lon. 17. 18. 13. lat. 49. 11. 10.

CAERDEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans l’électorat de Treves, sur la Moselle.

CAERMARTHEN, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la principauté de Galles, sur la riviere de Towy, dans une province qui se nomme Caermarthenshire.

CAERNARVAN, (Géog.) ville d’Angleterre, dans le pays de Galles, sur le Menay, capitale du Caernarvanshire.

CÆSALPINA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont le nom a été derivé de celui d’André Cæsalpin, Medecin du pape Clement VIII. la fleur des plantes de ce genre est monopétale, faite en forme de masque, irréguliere, & divisée en quatre parties inégales : celle du dessus est la plus grande, elle est creusée en forme de cuilliere : il s’eleve du fond de la fleur un pistil entouré d’étamines recourbées. Ce pistil devient une silique remplie de semences oblongues. Plumier, Nova plant. Amer. gener. Voyez Plante. (I)

* On ne lui attribue aucune propriété médecinale.

CAFFA, (Géog.) autrefois Théodosie, ville riche, ancienne & considérable, capitale de la Tartarie Crimée, avec deux citadelles ; elle est sur la mer Noire, à 60 lieues de Constantinople. Lon. 52. 30. lat. 44. 58.

* CAFFÉ, s. m. (Hist. nat. bot.) Depuis environ soixante ans, disoit M. de Jussieu en 1715, que le caffé est connu en Europe, tant de gens en ont écrit

sans connoître son origine, que si l’on entreprenoit d’en donner une histoire sur les relations qu’on nous en a laissées, le nombre des erreurs seroit si grand, qu’un seul memoire ne suffiroit pas pour les rapporter toutes.

Ce que nous en allons dire est tiré d’un mémoire contenu dans le recueil de l’Académie des Sciences, année 1713. Ce mémoire est de M. de Jussieu, le nom de l’auteur suffit pour garantir les faits. L’Europe, dit M. de Jussieu, a l’obligation de la culture de cet arbre aux soins des Hollandois, qui de Moka l’ont porté à Batavia, & de Batavia au jardin d’Amsterdam. La France en est redevable au zele de M. de Ressons, lieutenant général de l’Artillerie, & amateur de la Botanique, qui se priva en faveur du jardin du Roi, d’un jeune pié de cet arbre qu’il avoit fait venir de Hollande. Il est maintenant assez commun, & on lui voit donner successivement des fleurs & des fruits.

Cet arbre dans l’état où il étoit au jardin du Roi, lorsque M. de Jussieu fit son mémoire, avoit cinq piés de hauteur & la grosseur d’un pouce ; il donne des branches qui sortent d’espace en espace de toute la longueur de son tronc, toûjours opposées deux à deux, & rangées de maniere qu’une paire croise l’autre. Elles sont souples, arrondies, noüeuses par intervalles, couvertes aussi bien que le tronc, d’une écorce blanchâtre fort fine, qui se gerse en se desséchant : leur bois est un peu dur & douçâtre au goût ; les branches inférieures sont ordinairement simples, & s’étendent plus horisontalement que les supérieures qui terminent le tronc, lesquelles sont divisées en d’autres plus menues qui partent des aisselles des feuilles, & gardent le même ordre que celles du tronc. Les unes & les autres sont chargées en tout tems de feuilles entieres, sans dentelures ni crenelures dans leur contour, aiguës par leurs deux bouts, opposées deux à deux, qui sortent des nœuds des branches, & ressemblent aux feuilles du laurier ordinaire ; avec cette différence qu’elles sont moins seches & moins épaisses, ordinairement plus larges, plus pointues par leur extrémité, qui souvent s’incline de côté ; qu’elles sont d’un beau verd gai & luisant en-dessus, verd pâle en-dessous, & verd jaunâtre dans celles qui sont naissantes ; qu’elles sont ondées par les bords, ce qui vient peut-être de la culture, & qu’enfin leur goût n’est point aromatique, & ne tient que de l’herbe. Les plus grandes de ses feuilles ont deux pouces environ dans le fort de leur largeur, sur quatre à cinq pouces de longueur ; leurs queues sont fort courtes. De l’aisselle de la plûpart des feuilles naissent des fleurs jusqu’au nombre de cinq, soûtenues par un pédicule court ; elles sont toutes blanches, d’une seule piece, à peu près du volume & de la figure de celles du jasmin d’Espagne, excepté que le tuyau en est plus court, & que les decoupures en sont plus étroites, & sont accompagnées de cinq étamines blanches à sommets jaunâtres, au lieu qu’il n’y en a que deux dans nos jasmins : ces étamines débordent le tuyau de leurs fleurs, & entourent un style fourchu qui surmonte l’embryon ou pistil placé dans le fond d’un calice verd à quatre pointes, deux grandes & deux petites, disposées alternativement. Ces fleurs passent fort vîte, & ont une odeur douce & agréable. L’embryon ou jeune fruit, qui devient à peu-près de la grosseur & de la figure d’un bigarreau, se termine en ombilic, & est verd clair d’abord, puis rougeâtre, ensuite d’un beau rouge, & enfin rouge obscur dans sa parfaite maturité. Sa chair est glaireuse, d’un goût desagréable, qui se change en celui de nos pruneaux noirs secs, lorsqu’elle est séchée, & la grosseur de ce fruit se réduit alors en celle d’une baie de laurier. Cette chair sert d’enveloppe à deux coques minces, ovales, étroitement unies, arrondies sur leur dos, applaties par l’endroit où elles se joignent, de