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avaloit les mouches & les autres insectes qu’il prenoit, sans les mâcher. La bouche étoit fendue de deux lignes au-delà de l’ouverture des mâchoires, & cette continuation de fente descendoit obliquement en bas.

Le thorax étoit fort étendu en comparaison du ventre. Les quatre piés étoient pareils, ou s’il y avoit quelque différence, c’est que ceux de devant étoient pliés en arriere, & ceux de derriere en devant, de sorte que l’on pourroit dire que ce sont quatre bras qui ont leur coude en dedans, y ayant dans chacun l’os du bras & les deux os de l’avant-bras. Les quatre pattes étoient composées chacune de cinq doigts, & ressembloient plûtôt à des mains qu’à des piés. Elles étoient néanmoins aussi larges l’une que l’autre, les doigts qui étoient deux à deux étant plus gros que ceux qui étoient trois à trois. Ces doigts étoient enfermés ensemble sous une même peau, comme dans une mitaine, & n’étoient point séparés l’un de l’autre, mais paroissoient seulement à travers la peau. La disposition de ces pattes étoit différente, en ce que celles de devant avoient deux doigts en dehors & trois en dedans, au contraire de celles de derriere, qui en avoient trois en dehors & deux en dedans.

Avec ces pattes il empoignoit les petites branches des arbres, de même que le perroquet, qui pour se percher partage ses doigts autrement que la plûpart des autres oiseaux, qui en mettent toûjours trois devant & un derriere ; au lieu que le perroquet en met deux derriere de même que devant.

Les ongles étoient un peu crochus, fort pointus, & d’un jaune pâle ; & ils ne sortoient que de la moitié hors la peau ; l’autre moitié étoit cachée & enfermée dessous. Ils avoient en tout deux lignes & demie de long.

Le caméléon marchoit plus lentement qu’une tortue, quoique ses jambes fussent plus longues & moins embarrassées. On a cru que les animaux de cette espece pourroient aller plus vîte, & on a soupçonné que c’est la timidité qui les arrête. La queue de celui qui a été observé ressembloit assez à une vipere, ou à la queue d’un grand rat, lorsqu’elle étoit gonflée ; autrement elle prenoit la forme des vertebres sur lesquelles la peau est appliquée. Lorsque l’animal étoit sur des arbres, il entortilloit sa queue autour des branches ; & lorsqu’il marchoit, il la tenoit parallele au plan sur lequel il étoit posé, & il ne la laissoit traîner par terre que rarement.

On l’a vu prendre des mouches & autres insectes avec sa longue langue ; on a trouvé ces mêmes mouches & des vers dans l’estomac & les intestins ; il est vrai qu’il les rendoit presque aussi entiers qu’il les avoit pris : mais on sait que cela arrive à d’autres animaux qui n’ont jamais été soupçonnés de vivre d’air comme le caméléon. Ce préjugé n’est pas mieux fondé que celui qui a rapport au changement de couleurs qu’on a dit lui arriver par l’attouchement des différentes choses dont il approche. Mém. de l’Acad. roy. des Sciences, tom. III. part. j. pag. 35. & suiv. Voyez Quadrupede. (I)

CAMÉLEOPARD. Voyez Giraffe.

CAMELFORD, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la province de Cornoüailles.

* CAMELOT, s. m. (Draperie.) étoffe non croisée qui se fabrique comme la toile ou comme l’étamine, sur un métier à deux marches. Il y en a de différentes longueurs & largeurs, & de toutes couleurs. On en distingue de plusieurs sortes, entre lesquels les uns sont tout poil de chevre ; d’autres ont la trame poil, & la chaîne moitié poil & moitié soie ; de troisiemes qui sont tout laine ; & de quatriemes, où la chaîne est fil & la trame est laine. Tous ces camelots prennent différens noms selon la façon ; il y en a de teints en fil & de teints en piece. On appelle teints en fil,

ceux dont le fil, tant de chaîne que de trame, a été teint avant que d’être employé ; & teints en piece, ceux qui vont à la teinture au sortir du métier. Il y en a de jaspés, de gauffrés, d’ondés, de rayés, &c. On en fait des habits, des meubles, des ornemens d’église, &c. Il s’en fabrique particulierement en Flandre, en Artois, en Picardie ; on en tire aussi de Bruxelles, de Hollande & d’Angleterre, qui sont estimés. Il en vient du Levant. On en fait de soie, cramoisis, incarnats, violets, &c. Mais ce sont des tafetas, & des étoffes tabisées, qu’on fait passer pour des camelots.

Comme cette étoffe est d’un grand usage, le Conseil a pris des précautions pour que la fabrication en fût bonne. Il a ordonné que les camelots de grain tout laine, auroient la chaîne de quarante-deux portées, & chaque portée ou buhot, de vingt fils, avec demi-aune demi-quart de largeur entre les lisieres, & trente-six aunes de longueur. Que ceux à deux fils de soie, auroient quarante-deux portées, & vingt-six ou huit fils à chaque portée, avec même longueur & largeur que les précédens. Que les camelots superfins auroient la chaine de poil de chevre filé, avec deux fils de soie ; quarante-deux portées à trente-six fils chacune, la trame double, de fil de turcoin, ou de poil de chevre filé, avec même longueur & largeur que ci-dessus. Enfin, que les rayés & unis, tout laine, auroient trente-trois portées, & douze fils à chacune, sur demi-aune de largeur entre les lisieres, & vingt-une aunes de longueur pour revenir à vingt-une. Voyez les reglemens de 1699.

Les camelots ondés ont pris cette façon à la calendre, de même que les gaufrés à la gaufrerie. Voyez Calendre & Gaufrer. Les camelots à eau ont reçu une eau d’apprêt, qui les a disposés à se lustrer sous la presse à chaud.

Il faut être fort attentif à ne point laisser prendre de mauvais plis au camelot, parce qu’on auroit beaucoup de peine à les lui ôter. Voyez Portée, Buhot, Chaîne, Trame, & à l’article Draperie, la fabrication & la différence de toutes ces étoffes.

CAMELOTER, v. neut. c’est travailler un ouvrage de tissu, comme on travaille le camelot. Il y a des étamines camelotées, à gros grain & à petit grain.

CAMELOTINE, s. f. (Draperie.) petite étoffe faite de poil & de fleuret, à la maniere des camelots. Elle est passée de mode ; il y en avoit de différentes largeurs.

CAMELOTTE, s. f. reliûre à la camelotte ; ces reliûres sont d’usage pour les livres d’un très-modique prix, comme les livres des plus basses classes, ou de prieres, à très-bon marché. La camelotte consiste à coudre un livre à deux nerfs seulement : après qu’on a marqué les endroits de la couture avec la greque, on les passe en carton grossier, mais mince, on les endosse sans mettre des ais entre les volumes, & on ne met que du papier sur le dos, & le reste se finit grossierement.

CAMEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans le comté de la Marck, en Westphalie.

CAMENEC, (Géog.) ville de Pologne, au grand duché de Lithuanie, dans le palatinat de Briescia.

CAMENTS, ou CAMENITZ, (Géog.) ville d’Allemagne, dans la Lusace, sur l’Elster.

CAMERA (la torre de) (Geog.) petite ville d’Afrique en Barbarie au Royaume de Barca.

CAMERAN, (Geog.) îsle d’Afrique, dépendante de l’Abyssinie, dans la mer Rouge.

CAMERARIA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Joachim Camerarius, Medecin de Nuremberg. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, faite en forme de tuyau & de soûcoupe découpée. Il s’éleve du