Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/642

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion bisarre, quoiqu’ingénieuse, mais qui est éloignée des préceptes de l’Art, tels que sont les ouvrages du Boromini, Architecte d’Italie, de Berin, & de la Joue, Peintres & Dessinateurs François, & de plusieurs autres de nos jours ; par une imagination aussi fertile que déréglée, ils mettent en usage des licences qui autorisent la plûpart des jeunes Architectes sans expérience & sans regle à les imiter, & par là à rendre l’Architecture susceptible de variations, comme les habits, les modes, &c. (P)

Caprice, ou Fantaisie, sorte de piece de Musique libre, dans laquelle l’auteur sans s’assujettir à rien, donne carriere à son génie, & se livre à tout le feu de la composition : le caprice de Rebel étoit estimé dans son tems ; aujourd’hui les caprices de Locatelli donnent de l’exercice à nos violons. (S)

CAPRICORNE, (en Astronomie.) est le dixieme signe du zodiaque ; il donne son nom à la dixieme partie de l’écliptique. Voyez Signe, Ecliptique.

Le caractere dont se servent les auteurs d’Astronomie, pour désigner le capricorne, est ♑.

Les anciens ont regardé le capricorne comme le dixieme signe du zodiaque, & fixé le solstice d’hyver pour notre hémisphere à l’arrivée du soleil dans ce signe. Mais les étoiles ayant avancé d’un signe tout entier vers l’orient, le capricorne est maintenant plûtôt le onzieme signe que le dixieme ; & c’est à l’entrée du soleil dans le sagittaire, que se fait le solstice, quoiqu’on ait conservé la façon de s’exprimer des anciens. Voyez Solstice, & Précession

Ce signe a dans les anciens monumens, dans les médailles, &c. la tête d’un bouc & la queue d’un poisson, ou la forme d’un égipan ; il est quelquefois désigné simplement par un bouc.

Le capricorne a dans les catalogues de Ptolomée & de Tycho 28 étoiles ; dans celui d’Hevelius, 29 ; quoiqu’au tems d’Hevelius il en eût disparu une de la sixieme grandeur, que Ticho comptoit la vingt-septieme, & qu’il avoit placée dans la queue du capricorne. Flamsteed fait le capricorne de 51 étoiles, dans son catalogue Britannique. (O)

Capricorne, s. m. (Hist. nat. Insectolog.) capricornus, cerambix, insecte de la classe de ceux qui ont des fausses ailes, & dont la bouche a des mâchoires. Selon M. Linnæus, Syst. nat. le capricorne ressemble au cerf-volant pour la grandeur & pour la couleur ; sa tête est large, ses yeux sont grands ; sa bouche est ouverte & garnie de deux dents crochues & dures. La partie du corps qui correspond aux épaules des quadrupedes, semble être sculptée comme un ouvrage d’ébene polie ; il a trois pattes qui ont chacune trois articulations, & qui paroissent fort foibles. Il a deux antennes placées au-dessus des yeux, plus longues que le corps, & flexibles, par le moyen de neuf ou dix articulations ; ces antennes ne sont pas d’égale grosseur dans toute leur étendue : elles ont au contraire des inégalités ou des nœuds à peu près comme ceux des cornes du bouc ; c’est d’où vient le nom de capricorne. Mouffet, Théat. insect. Cet auteur ajoûte que le capricorne se suspend aux arbres par le moyen de ses antennes, qu’il s’en aide pour marcher, & qu’en rongeant le bois avec ses dents, il fait un bruit que l’on peut comparer au cri ou au grognement des pourceaux. Mouffet donne aussi la description de plusieurs autres especes de capricornes ; M. Linnæus en rapporte dix-huit especes dans le Fauna Suecica. Voyez Insecte. (I)

CAPRIER, s. m. (Hist. nat. bot.) capparis, genre de plante à fleur composée pour l’ordinaire de quatre pétales disposés en rose. Il sort du calice un pistil qui a un embryon : cet embryon devient dans la suite un fruit fait en forme de poire ou une silique charnue, dans laquelle il y a plusieurs semences qui sont assez souvent arrondies, & d’une figure approchante

de celle d’un rein. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On cueille les boutons du capparis spinosa, J. B. 2. 63. on les confit dans le vinaigre, & on les envoye par toute l’Europe.

Les capres sont astringentes, ameres, corroborantes, bonnes pour les estomacs foibles & grossiers chargés d’humeurs pituiteuses, & qui ont perdu l’appétit : elles sont bonnes pour lever les obstructions des visceres, sur-tout de la rate ; pour la paralysie & les convulsions causées par la superfluité des humeurs. On les recommande dans les fievres chroniques & continues.

On applique des linges, ou une éponge trempée dans la saumure de capres, sur le côté au-dessous de l’hypocondre, pour résoudre l’enflûre de la rate ; si l’on y ajoûte de la semence de moutarde, pour que le vinaigre puisse s’imprégner de son sel volatil, le remede n’en sera que meilleur.

Les capres sont aussi bonnes pour tuer les vers.

La racine du caprier est une des cinq petites racines apéritives.

L’écorce de cette racine est apéritive, diurétique ; elle entre dans les tisannes apéritives.

L’huile du caprier se fait par l’ébullition de cette racine dans l’huile d’olive : on en oint la région de la rate dans les douleurs de cette partie.

Cette huile est fort composée dans Lémery, & n’en est pas meilleure. Zwelfer ajoûte à la composition pour la rendre plus efficace, du sel ammoniac, du tabac, du camfre, de l’huile distillée de gomme ammoniaque. (N)

* CAPRIFICATION, s. f. (Hist. nat. bot.) maniere d’élever des figuiers. Les anciens en ont parlé avec beaucoup d’admiration, & elle n’est pas imaginaire. Elle se pratique tous les ans dans la plûpart des îles de l’Archipel, par le moyen des moucherons. Les figuiers y portent beaucoup de fruits : mais ces fruits, qui font une partie des richesses du pays, ne profiteroient pas si l’on ne s’y prenoit de la maniere que nous allons décrire.

On cultive dans les îles de l’Archipel deux sortes de figuiers. La premiere espece s’appelle ornos, du Grec littéral erinos, qui signifie le figuier sauvage ou le caprificus des Latins. La seconde espece est le figuier domestique. Le sauvage porte trois sortes de fruits, qui ne sont pas bons à manger, mais qui sont absolument nécessaires pour faire mûrir ceux des figuiers domestiques. Les fruits du sauvage sont nommés fornites, cratitires, & orni. Ceux qu’on appelle fornites paroissent dans le mois d’Août, & durent jusqu’en Novembre sans mûrir : il s’y engendre de petits vers de la piquûre de certains moucherons, que l’on ne voit voltiger qu’autour de ces arbres. Dans les mois d’Octobre & de Novembre ces moucherons piquent d’eux-mêmes les seconds fruits des mêmes piés du figuier. Ces fruits que l’on nomme cratitires ne se montrent qu’à la fin de Septembre, & les fornites tombent peu à peu après la sortie de leurs moucherons : ces cratitires au contraire restent sur l’arbre jusqu’au mois de Mai, & renferment les œufs que les moucherons des fornites y ont laissés en les piquant. Dans le mois de Mai, la troisieme espece de fruit commence à pousser sur les mêmes piés des figuiers sauvages, qui ont produit les deux autres. Ce fruit est beaucoup plus gros, & se nomme orni. Lorsqu’il est parvenu à une certaine grosseur, & que son œil commence à s’entr’ouvrir, il est piqué dans cette partie par les moucherons des cratitires, qui se trouvent en état de passer d’un fruit à l’autre pour y décharger leurs œufs. Il arrive quelquefois que les moucherons des cratitires tardent à sortir dans certains quartiers, tandis que les orni de ces mêmes quartiers sont disposés à les recevoir, On est obligé dans ce cas-là d’aller chercher