Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/735

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

font le négoce ; avec cette différence que ces derniers fabriquent & vendent, au lieu que les premiers ne peuvent pas fabriquer.

Carton, terme d’Architecture, se dit d’un contour chantourné sur une feuille de carton ou de fer blanc, pour tracer les profils des corniches, & pour lever les panneaux de dessus l’épure. (P)

Carton, se dit en Peinture d’un dessein qu’on fait sur de fort papier, pour le calquer ensuite sur l’enduit frais d’une muraille, où l’on veut peindre à fresque.

Carton se dit aussi d’un dessein en grand, coloré pour travailler en mosaïque, en tapisserie, &c. Voy. Tapisserie.

Les cartons que l’on conserve à Hamptoncourt en Angleterre, sont des desseins de Raphael d’Urbin, faits pour être exécutés en tapisserie. (R)

Carton ; les Imprimeurs appellent ainsi une maculature bien unie, sur laquelle ils collent des hausses pour remédier à l’inégalité du foulage, qui se rencontre à presque toutes les presses. Ce carton se place entre le petit tympan & les blanchets. Chaque ouvrage doit avoir son carton particulier. Quand il est bien fait il y a peu de hausses à mettre sur le tympan ; & presque toûjours la perfection ou la défectuosité d’une impression en dépendent, tant il est utile & de conséquence de le bien faire. Voyez Hausse, &c.

Carton, terme de Libraire, de brochure, & de Relieur, est un ou plusieurs feuillets détachés d’une feuille entiere. Il y a plusieurs cas où l’on est obligé de mettre des cartons dans les livres. 1°. Quand après l’impression, soit d’un manuscrit, soit d’un livre déjà imprimé, il reste de la matiere dont la quantité ne suffit pas pour faire une feuille entiere, ni même une demi-feuille, ce reste s’imprime sur un ou deux feuillets de papier séparés, & s’appelle carton. 2°. Quand pendant le cours de l’impression il s’est glissé quelques fautes grossieres dans l’ouvrage, ou quelque proposition hasardée relativement à la religion, au gouvernement, aux mœurs, ou à la réputation des particuliers, on a soin de déchirer la partie de la feuille sur laquelle se trouve ce qu’on veut supprimer, & l’on y substitue d’autres feuillets purgés de ces fautes, & ces feuillets se nomment aussi cartons.

Le public à Paris est tellement prévenu contre ces cartons, qu’on a vû des ouvrages décrédités parce qu’il y en avoit, quoiqu’ils y eussent été placés pour la plus grande perfection de ces ouvrages.

Carton, partie du métier de Rubanier ; il est attaché d’une part à la barre de la poitriniere, & d’autre au premier travers de lames, au moyen de deux ficelles qui le tiennent suspendu un peu au-dessus de l’ensuple de devant : il sert à poser les navettes & sabots, lorsqu’il y en a plusieurs, pendant que l’ouvrier en fait travailler une. On le voit très-distinctement dans les fig. de passement. Voy. leur explication.

CARTONNER, parmi les Tondeurs, c’est couvrir chaque pli d’une piece d’étoffe, d’un carton ou d’un vélin, avant que de la presser & de la catir.

CARTONNIER, s. m. (Art méch.) ouvrier qui a le droit de faire & vendre du carton. Voyez Carton.

CARTOUCHE, en Architecture, est un ornement de sculpture, de pierre, de marbre, de bois, plâtre, &c. composé de membres d’Architecture, au milieu duquel est un espace de forme réguliere ou irréguliere, dont la surface est quelquefois plane, concave, convexe, ou tous les deux ensemble. Ces cartouches servent ordinairement à annoncer le nom des grands hôtels, ou à recevoir des inscriptions, des chiffres, des armoiries, des bas-reliefs, pour la décoration extérieure & intérieure des églises,

communautés, ou pour la décoration des appartemens. Ce mot vient de l’Italien cartoccio, qui signifie la même chose.

On appelle aussi cartouche le dessein qu’on met au bas des plans ou cartes de Géographie, & qui sert à renfermer le titre ou le blason de celui à qui on le veut présenter. Ces cartouches sont susceptibles d’attributs ou d’allégories qui doivent être relatives à celui à qui l’on présente ces desseins, ou à leur objet.

On appelle cartel les petits cartouches qui servent dans les décorations des frises ou panneaux de menuiserie, & généralement ceux qu’on employe dans les bordures des tableaux aux couronnemens des trumeaux, cheminées, pilastres, &c.

En général il faut éviter le genre tourmenté & trop pittoresque dans ces sortes de sculptures ; leur composition demande de la retenue, aussi bien que toutes les autres productions analogues à l’Architecture. Voyez ce qui a été dit au sujet des amortissemens. (P)

Cartouche, (Peinture.) est une espece de bordure d’ornemens peints ou sculptés, qui renferment des tableaux, des bas-reliefs, des trophées, des inscriptions ou devises, &c.

On fait des cartouches de toutes sortes de formes, & on les compose de tout ce que le caprice ou la mode peut suggérer : on les appelle cartouches, parce qu’ils ont quelquefois des parties qui ressemblent à des cartons roulés & entortillés. Aujourd’hui même ils conservent encore quelques parties de ces cartons qui leur ont donné nom, & dont ces ornemens ont été composés dans leur origine. (R)

Cartouche, en Jardinage, est un ornement régulier en forme de tableau, avec des enroulemens, qui se répete souvent aux deux côtés ou aux quatre coins d’un parterre ; le milieu se remplit d’une coquille de gason, ou d’un fleuron de broderie. (K)

Cartouches, Gargouges, Gargouches, ou Gargousses : on se sert presque également de ces mots dans l’Artillerie, pour signifier une espece de boîte faite d’un parchemin ou d’un papier en plusieurs doubles, ou d’une feuille de fer blanc, ou même de bois, qui renferme la charge de poudre & le boulet, & qui se met dans une piece lorsque l’on est tellement pressé de tirer, que l’on n’a pas le tems de s’ajuster.

Quand on n’y met pas de boulet, l’on y met des balles de plomb, des clous, des chaînes, & de la mitraille de fer, afin que le coup écarte davantage.

Surtout les cartouches à grappes de raisin, qui sont des balles de plomb jointes avec de la poix, enfermées dans une toile claire, & disposées sur une petite planche en forme pyramidale autour d’un piquet de bois qui s’éleve du milieu de la planche, sont d’une grande utilité dans un combat ou dans une bataille.

Il y a des moules de bois dont on se sert pour serrer ces gargouges & cartouches, afin de pouvoir les faire avec plus de propreté & de justesse.

On fait aussi des cartouches à mousquetaires, qui portent la charge de poudre & la balle au bout, & le soldat n’a autre chose à faire quand il veut charger son fusil ou son mousquet, que de déchirer avec la dent cette cartouche, qui est très-bien collée partout, par le bout qui doit répondre à la lumiere & au bassinet du canon du fusil ou du mousquet où il amorce ; & cette invention abrége beaucoup de tems.

Il faut encore observer que quoique bien des officiers, & des auteurs même fort habiles, confondent la cartouche avec la gargouge ; il est certain néanmoins que l’usage nous apprend que la gargouge ne doit s’entendre que de ce qui renferme la poudre seule ; & que la cartouche est ce qui renferme les clous, chaînes, balles de plomb, & autres mitrailles & ferrailles que l’on met dans la piece au lieu de boulet, soit sur une breche ou sur un retranchement, soit lors-