Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/873

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sorte que s’il acquiert de nouveaux biens, ses créanciers les peuvent faire saisir pour être payés ; seulement ils sont obligés de lui laisser de quoi vivre. (H)

Cession, (en Droit canon.) est la vacance d’un bénéfice provenant d’une sorte de résignation tacite, & qui se présume lorsque le bénéficier fait quelque action ou entreprend quelque charge incompatible avec le bénéfice dont il étoit pourvû, & cela sans dispense.

La vacance d’un bénéfice par l’élévation du bénéficier à l’épiscopat, au lieu de s’appeller cession, s’appelle création : ainsi dans ce cas, on dit que tel bénéfice est vacant par création. Voyez Creation. (H)

Cession, terme de Librairie : Quand un Libraire ou tout autre particulier a obtenu le privilége du Roi pour l’impression d’un ouvrage, il peut transporter ses droits en tout ou en partie sur ce privilége, & ce transport s’appelle cession. Une cession pour avoir la même authenticité qu’un privilége, doit suivre les mêmes lois, & être enregistrée à la chambre royale & syndicale des Libraires.

Le droit que l’on acquiert par une telle cession est absolument le même que celui donné par le privilége, & peut lui-même être transporté & soûdivisé à l’infini.

Il est de loi ou d’usage que les cessions soient imprimées dans les livres à la suite du privilége.

CESSIONNAIRE, s. m. (Commerce.) celui qui accepte & à qui on fait une cession ou transport de quelque chose. Voyez Cession & Transport.

Cessionnaire se dit encore d’un marchand ou autre personne qui a fait cession ou un abandonnement de tous ses biens, soit volontairement, soit en justice. Voyez Cession.

Les biens acquis par un cessionnaire judiciaire depuis sa cession, soit par succession, donation, ou autrement, sont toûjours affectés & obligés à ses creanciers jusqu’à concurrence de ce qui peut leur être dû de reste, sans toutefois qu’ils puissent exercer aucune contrainte par corps contre lui.

Lorsqu’un cessionnaire a entierement payé ses dettes, il peut être réhabilité par des lettres du prince. Mais jusque-là il est inhabile à posséder ou exercer aucune charge publique. Dictionnaire de Commerce, tom. II. pag. 153. (G)

CESTE, s. m. (Hist. anc.) êtoit un gros gantelet de cuir, garni de plomb, dont les anciens athletes se servoient dans leurs exercices. Voyez Athletes, & nos Planches d’Antiquités, avec leur explication. On l’appelloit ainsi à cædendo, je bats, je frappe.

Calepin a cru que c’étoit une massue, de laquelle pendoient des balles de plomb attachées par des morceaux de cuir. Il se trompe, car c’étoit seulement une longe de cuir garnie de clous, de plomb, ou de fer, dont on entouroit la main, en forme de liens croisés, & même le poignet & une partie du bras, pour empêcher qu’ils ne fussent rompus ou démis, ou plûtôt afin de porter des coups plus violens. Scaliger fondé sur l’autorité de Servius, a prétendu que le ceste couvroit une partie des épaules : mais dans tous les anciens monumens, les différens contours des courroies dont la main des lutteurs est armée, ne paroissent pas monter plus haut que le coude.

Les Grecs désignoient cette sorte d’armes par quatre noms différens ; savoir ἱμάντες, μύρμηκες, μειλίχαι & σφαῖραι. Le plus ordinaire étoit celui d’ἱμάντες, qui signifie à la lettre des courroies ; ils étoient faits de cuir de bœuf non corroyé, desséché, & par conséquent très-dur. On avoit donné au ceste le nom de μύρμηκες, non que les armes eussent aucune resseniblance avec la figure des fourmis (μύρμηκες), mais parce qu’on sentoit dans les parties qui en étoient frappées des picotemens tout pareils à ceux

que causent ces insectes. La troisieme espece, ou les meiliques, étoit la plus ancienne chez les Grecs : c’étoit un simple lacis de courroies très-déliées, qui enveloppant uniquement la main dans le creux de laquelle on les attachoit, laissoient le poignet & les doigts à découvert. On conjecture que la quatrieme espece étoit moins un gantelet, qu’une pelote que les athletes serroient dans leurs mains, & qui n’étoit en usage que dans les gymnases, pour tenir lieu du ceste qu’on employoit dans les combats, à-peu-près comme dans nos salles d’armes on se sert de fleurets au lieu d’épées. Mém. de l’Ac. des B. L. t. III. (G)

* Ceste, (Myth.) ceinture mystérieuse dont l’imagination d’Homere a fait présent à Venus. Ses deux effets les plus merveilleux étoient de rendre aimable la personne qui la portoit aux yeux de ceux mêmes qui n’aimoient plus. L’hymen, le plus grand ennemi de la tendresse, n’étoit pas à l’abri de son prestige ; ainsi que Jupiter s’en apperçut bien sur le mont Ida. Mercure fut accusé de l’avoir volée. Le mot ceste vient du Grec κεστὸς, ceinture, ou autre ouvrage fait à l’aiguille ; & de ceste on fait inceste, qui signifie au simple ceinture déliée ; & au figuré, concubinage ou fornication en général. On a restreint depuis ce terme à la formication entre personnes alliées par le sang. Voyez Inceste.

* C’EST POURQUOI, AINSI, (Gramm. Syn.) termes relatifs à la liaison d’un jugement de l’esprit avec un autre jugement. C’est pourquoi, dit M. l’abbé Girard, dans ses Synonymes François, renferme dans sa signification particuliere un rapport de cause & d’effet ; & ainsi ne renferme qu’un rapport de prémisses & de conséquence. Les femmes sont changeantes ; c’est pourquoi les hommes deviennent inconstans : nous leur donnons la liberté, ainsi nous paroissons les estimer plus que les Orientaux qui les enferment. C’est pourquoi se rendroit par cela est la raison pour laquelle ; & ainsi, par cela étant. La derniere de ces expressions n’indique qu’une condition. L’exemple suivant où elles pourroient être employées toutes deux, en fera bien sentir la différence. Je puis dire, nous avons quelqu’affaire à la campagne, ainsi nous partirons demain s’il fait beau ; ou c’est pourquoi nous partirons demain s’il fait beau. Dans cet exemple, ainsi se rapporte à s’il fait beau, qui n’est que la condition du voyage ; & c’est pourquoi, se rapporte à nous avons quelqu’affaire, qui est la cause du voyage.

* CESTROSPHENDONUS, (Hist. anc.) espece de trait fort semblable à une fleche, composé d’un fer pointu, mis au bout d’un manche de bois d’une demi-coudée de longueur. Les premiers furent inventés par les Macédoniens, qui s’en servirent avec succès dans la guerre de Persée contre les Romains, & les incommoderent considérablement.

CESURE, s. f. (Gram.) ce mot vient du Latin cæsura, qui dans le sens propre signifie incision, coupure, entaille, R. cædere, couper, tailler ; au supin cæsum, d’où vient césure. Ce mot n’est en usage parmi nous que par allusion & par figure, quand on parle de la méchanique du vers.

La césure est un repos que l’on prend dans la prononciation d’un vers après un certain nombre de syllabes. Ce repos soulage la respiration, & produit une cadence agréable à l’oreille : ce sont ces deux motifs qui ont introduit la césure dans les vers, facilité pour la prononciation, cadence ou harmonie pour l’oreille.

La césure sépare le vers en deux parties, dont chacune est appellée hémistiche, c’est-à-dire demi-vers, moitié de vers : ce mot est Grec. Voyez Hémistiche & Alexandrin.

En Latin on donne aussi le nom de césure à la syllabe après laquelle est le repos, & cette syllabe est