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de la même couleur qu’un renard : cet animal étoit fort doux & fort familier, & mangeoit du foin & de l’orge. Ray, synop. anim. quad. p. 81. (I)

* Chevre, (Myth.) cet animal étoit révéré en Egypte ; c’étoit, pour ainsi dire, le sanctuaire général des bêtes. Pan passoit pour s’être caché sous la peau de la chevre. Il étoit défendu de la tuer ; elle étoit consacrée à Jupiter, en mémoire de la chevre Amalthée : on l’immoloit à Apollon, à Junon, & à d’autres dieux.

Chevre, ou capella, en Astronomie, étoile brillante de la premiere grandeur, qui est située dans l’épaule gauche ou l’épaule de devant du Cocher : elle est la troisieme de cette constellation dans les catalogues de Ptolomée & de Tycho, & la quatorzieme dans le catalogue Anglois. Sa longitude dans ce catalogue est de 17d 31′ 41″ ; & sa latitude de 22d 51′ 47″ . Voyez Cocher.

Il y a quelques Astronomes qui représentent la chevre comme une constellation de l’hémisphere boréal composée de trois étoiles, lesquelles sont comprises entre le 45 & le 55d de latitude. Les Poëtes disent que c’est la chevre d’Amalthée qui allaita Jupiter dans son enfance. Horace, qui en parle, l’appelle insana sydera capræ.

Chevre, en Astronomie, est aussi quelquefois le nom de la constellation du Capricorne. Voyez Capricorne. (O)

Chevre dansante, (Physiq.) phénomene lumineux qu’on voit quelquefois dans l’atmosphere.

Le nom de chevre dansante a été donné par les anciens à une espece de lumiere qu’on apperçoit dans l’air, à laquelle le vent fait prendre diverses figures, & qui paroît tantôt rompue, & tantôt en son entier.

Tous les météores ignés répandent dans l’air une lumiere plus ou moins foible ; cette lumiere a pour cause une matiere lumineuse & combustible, dont la nature nous est inconnue, & qui peut être fort diverse. On observe souvent des nuages qui jettent une lumiere tranquille ; quelquefois il sort de ces nuages lumineux comme une matiere ardente d’une figure très-variée, qui est poussée rapidement par le vent. Les différentes formes que prend cette matiere lumineuse ont quelque chose d’amusant ; car tantôt on la voit luire à des distances égales, tantôt à des distances inégales ; tantôt elle semble s’éteindre, & tantôt renaître.

On diroit en regardant ces diverses apparences, que cette matiere est composée d’ondes, qui lorsqu’elles roulent avec beaucoup de rapidité, sont opaques en montant, & luisent en descendant, comme si l’air étoit alors agité de mouvemens convulsifs:voilà le météore qu’on a nommé chevre dansante. Ce phénomene paroît seulement lorsque le vent vient à souffler au-dessous de la nuée lumineuse, & qu’il en emporte une partie. Il suit de-là que ce météore a besoin du vent pour se manifester ; & en effet l’on ne voit de chevre dansante que lorsqu’il vente fort.

Comme la lumiere de tous les météores de l’espece des chevres dansantes est susceptible de différentes figures, les anciens ont désigné ces figures de lumieres par différens noms : par exemple, quand la lumiere qui paroît dans l’air est oblongue, & parallele à l’horison, ils l’ont nommée poutre ; lorsque cette lumiere qui se tient suspendue dans l’air a une de ses extrémités plus large que l’autre, ils l’ont appellée torche ; si l’une de ses extrémités forme une longue pointe, c’est une fleche, &c. Ce précis suffit pour montrer qu’on peut multiplier à volonté ces dénominations, sans entendre mieux la matiere & la cause des diverses lumieres figurées. On n’est pas plus habile en Physique par la connoissance des

mots, qu’avancé dans le chemin de la fortune par les paroles d’un ministre. Voyez Aurore Boréale. Cet article est de M. le Chevalier de Jaucourt.

Chevre de guideau, terme de Pêche ; ce sont les pieux sur lesquels on pose le rets ou le sac du guideau. Voyez Guideau. Voici la description de celles qui se trouvent dans le ressort de l’amirauté de Touques & Dives, à la bande du Ponant.

Ces chevres de guideaux à hauts étaliers sont placées sur le rocher de Villerville, à l’embouchure de la riviere de Seine, à la bande du sud : elles sont sédentaires. Les pêcheurs qui les font valoir en usent de même que ceux qui ont des bas parcs ou venets qu’ils possedent de pere en fils comme un héritage propre ; ce qui est directement contraire aux dispositions de l’ordonnance.

Ces guideaux se distinguent en guideaux de flot & d’ebbe, c’est-à-dire que les premiers ne font la pêche que de marée montante, & les autres que celle de mer baissante. Ils font en grand nombre, puisque par le détail que l’inspecteur, le sieur le Masson Duparc, en a fait, il se trouve quatre-vingts-cinq guideaux pêchant de flot, & cent cinquante-cinq tendus pour pêcher d’ebbe, suivant la situation des chevres ; ce qui fait en tout deux cents quarante guideaux, tant bons que mauvais : les mauvais sont ceux où l’on ne tend point de sac. Voyez l’art. Guideau, & la fig. 1. Pl. IX. de Pêche.

* Chevres, (Salines.) c’est une espece d’échaffaudage composé de deux pieces de bois de six piés de longueur, liées par deux traverses d’environ cinq piés, posés sur les bourbons qui se trouvent au milieu de la poesle. Cet échaffaud a une pente très droite, & forme un talud glissant sur lequel est posée une claie, soûtenue à son extrémité par un pivot haut de huit pouces, qui lui donne moins de pente qu’à l’échaffaud. Il y a deux chevres, une au milieu de chaque côté de la poesle : c’est sur ces claies que le sel se jette à mesure qu’il se tire de la poesle ; à mesure qu’elles en sont chargées, & que la masse du sel grossit, on environne cette masse avec des sangles qui la soûtiennent, & l’élevent à la hauteur qu’exige la quantité de sel formé. Voyez dans nos Planches de Salines, les bancs & les chevres.

* Chevre, (Arts méchan.) machine qui est l’ouvrage du Charpentier, & qui sert au Maçon & autres ouvriers qui ont des poids pesans à élever. Voyez les Pl. de Charpent. C’est un triangle a, b, c, dont les côtés ab, ac, s’appellent les bras, & cb, la base. Les traverses 1, 2, 3, 4, paralleles à la base, s’appellent entretoises, & unissent les bras entre eux. Le sommet a des bras est tenu fixe par un boulon de fer à clavette qui les traverse. Il y a entre la premiere entretoise & la seconde un arbre ou treuil 5, 6, mobile sur lui-même à l’aide de deux tourillons pris dans les bras, & de deux quarrés 8, 7, percés de trous dans lesquels on place des leviers amovibles 9, 10 : quand un de ces leviers 10 est aussi bas qu’il lui est possible de descendre, alors l’autre levier 9 est perpendiculaire à la surface horisontale de son quarré ; & le plus haut qu’il peut monter : par ce moyen ceux qui sont à la chevre ne cessent jamais de travailler. Il y a en haut en d une poulie sur laquelle passe une corde qui se rend & s’enroule d’un côté sur le moulinet, & qui va rencontrer de l’autre bout le poids à élever. La chevre est tenue droite sur ses deux piés ou bras, ou inclinée du côté du poids à élever par le moyen d’un bon cable qui embrasse fortement son extrémité a, & qui va se fixer à quelque objet solide e. Voilà la chevre dans son état le plus simple : mais sa base quelquefois au lieu d’être comme ici une entretoise, est un triangle ; & la troisieme piece qui s’éleve du troisieme angle de ce triangle, s’appelle le bicoq. Le bicoq va s’assem-