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ses uns après les autres sur les roulettes du banc à lier, qu’on voit fig. 13. 13 Banc à lier, 14 roulettes sur lesquelles sont posés les écheveaux, quand il s’agit de les attacher. Les porte-roulettes sont mobiles ; c’est la qu’on couvre les parties qui ne doivent pas être teintes. Les écheveaux sont tendus, autant qu’il est possible, sur les bancs à lier. On en met un sur les poulies 14, 14. De ces poulies, celle qui est à gauche s’écarte & se fixe en tel endroit qu’on veut des tringles, le long desquelles elle se meut ; de cette maniere, l’écheveau se trouve aussi distendu qu’il est possible, sans empêcher les poulies ou roulettes de tourner sur elles-mêmes. On commence, en se faisant présenter successivement par le moyen des roulettes, toute la longueur de l’écheveau, par appliquer un papier qui couvre les parties qui ne doivènt point être teintes ; on numérote ce papier d’un o ; on couvre ce papier d’un parchemin ; on attache bien ce parchemin en le liant par les deux bouts. On place ensuite un second écheveau sur le banc à lier ; on en couvre pareillement les parties qui ne doivent pas être teintes, d’un papier d’abord, ensuite d’un parchemin, numérotant le papier comme il le doit être.

Quand tous les écheveaux sont liés, on les fait teindre de la couleur indiquée par le dessein ; & avant qu’ils soient secs, on délie le parchemin, qu’on enleveroit trop difficilement si on le laissoit durcir en séchant ; on les laisse sécher ensuite, après quoi on ôte le papier, excepté celui qui porte le numéro de l’écheveau.

On remet par ordre, & selon leurs numéros, les flottes ou les écheveaux sur l’aspe, comme ils y étoient auparavant ; le bout de chacune se remet aux chevilles, l’autre bout est passé dans un rateau de la largeur de l’étoffe ou du dessein répeté. Quand on a tous les bouts qui ne sont pas aux chevilles, on les attache à une corde qui vient de dessus le tambour ; & après avoir ajusté le dessein distribué sur tous les écheveaux, de maniere qu’aucune partie n’avance ni ne recule plus qu’elle ne doit, on tire deux ou trois aunes de chaque écheveau de dessus l’aspe, & l’on reporte la chaîne sur le tambour, observant de la lier de trois aunes en trois aunes, afin que le dessein ne se dérange pas.

Quand on a tiré toute la chaîne sur le tambour, on change de rateau ; on en prend un plus grand ; on y distribue chaque branche à autant de distance les unes des autres, qu’il y en a entre les chevilles auxquelles elles sont arrêtées. Il faut se ressouvenir que chaque bout d’écheveau est composé de 48 fils, & que ces 48 fils sont divisés en quatre parties de 12 fils, séparées chacune par une envergure, sans compter l’envergure de la chaîne ou de l’ourdissage, qui sépare encore chacun des douze fils. On se sert de l’envergure pour séparer chaque partie de douze fils, qui forment le nombre de quarante-huit. On prend la premiere partie de douze fils, & on y passe une verge ; on prend la seconde partie de douze fils, des trente-six qui restent, & on y passe une seconde verge, & ainsi de la troisieme & de la quatrieme.

Quand on a séparé tous les écheveaux de la même façon, & qu’on a mis chaque partie sur une verge par ordre de numéros, on reporte toute la chaîne de dessus le tambour sur l’aspe, en laissant les verges passées dans les quatre parties de chaque écheveau séparé, ayant soin de conduite les verges qui séparent les fils, & qui sont bien différentes de celles qui tiennent les quatre parties séparées, jusqu’à ce que la chaîne soit toute sur l’aspe, après quoi on la remet toute sur le tambour, rangeant les parties de façon qu’on ne fait de toute la piece ou chaîne qu’une envergure ; on la plie dans cet état sur l’ensuple, & elle est prête à être travaillée.

Voilà la maniere de disposer une chaîne pour un taffetas chiné, à une seule couleur, avec le fond.

S’il s’agissoit d’un velours, on ne chineroit que le poil ; c’est lui qui en exécuteroit tout le dessein : mais comme le poil s’emboit par le travail des fers six fois autant que la chaîne, après qu’on a tracé son dessein, comme on le voit fig. 17. il faut en faire l’anamorphose ou projection, comme on le voit fig. 18. Cette projection a la même largeur que le dessein ; mais sa longueur & celle de toutes ses lignes est six fois plus grande.

C’est sur cette projection qu’on prendra les mesures avec les bandes de parchemin. Si le dessein n’est répeté que deux fois dans la largeur de l’étoffe, on ne prendra que vingt-quatre fils par écheveau ; s’il ne l’est qu’une, on n’en prendra que douze. Il s’agit ici de taffetas ; mais si c’est un velours, on n’en prendra que la moitié, parce que le poil ne contient que la moitié des fils des chuines de taffetas. Enfin on ne doit prendre & séparer des fils pour chaque branche, qu’autant que trois dents du peigne en peuvent contenir.

Quand il y a plusieurs couleurs dans un dessein, on les distingue par des marques différentes ; on les couvre & on les découvre selon la nécessité ; on fait prendre ces couleurs à la chaîne qu’on prépare, les unes après les autres. Le fond en est toûjours couvert : du reste l’ouvrage s’acheve comme nous venons de l’expliquer. Quant à la maniere de travailler le taffetas (voyez l’art. Taffetas), comme la teinture altere toûjours un peu la soie, il est évident que des étoffes chinées, la meilleure ce sera celle qui aura le moins de couleurs différentes ; & que la plus belle, ce sera celle où les couleurs seront les mieux assorties, & où les contours des desseins seront les mieux terminés.

CHINGAN, (Géog.) ville considérable de la Chine, capitale de la province de Quangsi.

CHINGOU, voyez Xingu, (Géog.) ainsi que l’écrivent les Portugais, grande & belle riviere de l’Amérique méridionale, nommée Patanaïba dans quelques anciennes cartes. Elle descend des montagnes du Bresil, riches en or ; & après un cours de deux cents lieues au nord, elle entre dans la riviere des Amazones, environ 25 lieues au-dessus du sort de Curupa. Il y a un saut à sept ou huit journées de marche au-dessus de cette embouchure, qui a une lieue de large, en y comprenant les différens bras. Il faut deux mois pour la remonter entierement. Ses bords abondent en divers arbres aromatiques, entre autres il y en a un dont l’écorce a l’odeur & la saveur des clous de girofle. Voyez la relation de la riviere des Amazones, par M. de la Condamine.

CHINGTU, (Géog.) ville considérable de la Chine dans la province de Suchuen. Long. 130. 47. lat. 21. 30.

CHING-YANG, (Géog.) ville de la Chine, capitale de la province Huquang.

* CHINOIS, (Philosophie des) s. m. pl. Ces peuples qui sont, d’un consentement unanime, supérieurs à toutes les nations de l’Asie, par leur ancienneté, leur esprit, leurs progrès dans les arts, leur sagesse, leur politique, leur goût pour la philosophie, le disputent même dans tous ces points, au jugement de quelques auteurs, aux contrées de l’Europe les plus éclairées.

Si l’on en croit ces auteurs, les Chinois ont eu des sages dès les premiers âges du monde. Ils avoient des cités érudites ; des philosophes leur avoient prescrit des plans sublimes de philosophie morale, dans un tems où la terre n’étoit pas encore bien essuyée des eaux du déluge : témoins Isaac Vossius, Spizelius, & cette multitude innombrable de missionnaires de la compagnie de Jesus, que le desir d’étendre