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autant de dièses ou de bémols à la clé, que l’échelle du mode en contient en descendant. Voyez Echelle, ou Gamme. (O)

Clé, terme de Polygraphie & de Stéganographie, c’est-à-dire de l’art qui apprend à faire des caracteres particuliers dont on se sert pour écrire des lettres qui ne peuvent être lûes que par des personnes qui ont la connoissance des caracteres dont on s’est servi pour les écrire ; c’est ce qu’on appelle lettres en chiffres. Voyez Chiffre & Déchiffrer.

Or les personnes qui s’écrivent de ces sortes de lettres ont chacune de leur côté un alphabet où la valeur de chaque caractere convenu est expliquée : par exemple, si l’on est convenu qu’une étoile signifie a, l’alphabet porte *,… a ; ainsi des autres signes.

Or ces sortes d’alphabets qu’on appelle clés en terme de Stéganographie, c’est une métaphore prise des clés qui servent à ouvrir les portes des maisons, des chambres, des armoires, &c. & nous donnent ainsi lieu de voir le dedans ; de même les clés ou alphabets dont nous parlons donnent le moyen d’entendre le sens des lettres & chiffres ; elles servent à déchiffrer la lettre ou quelqu’autre écrit en caracteres singuliers & convenus.

C’est par une pareille extension ou métaphore qu’on donne le nom de clé à tout ce qui sert à éclaircir ce qui a d’abord été présenté sous quelque voile, & enfin à tout ce qui donne une intelligence qu’on n’avoit pas sans cela. Par exemple, s’il est vrai que la Bruyere, par Ménalque, Philémon, &c. ait voulu parler de telle ou telle personne, la liste où les noms de ces personnes sont écrits après ceux sous lesquels la Bruyere les a cachés ; cette liste, dis-je, est ce qu’on appelle la clé de la Bruyere. C’est ainsi qu’on dit la clé de Rabelais, la clé du Catholicon d’Espagne, &c.

C’est encore par la même figure que l’on dit que la logique est la clé des Sciences, parce que comme le but de la Logique est de nous apprendre à raisonner avec justesse, & à développer les faux raisonnemens, il est évident qu’elle nous éclaire & nous conduit dans l’étude des autres Sciences ; elle nous en ouvre, pour ainsi dire, la porte, & nous fait voir ce qu’elles ont de solide, & ce qu’il peut y avoir de défectueux ou de moins exact. (F)

Clé d’or, (gentilshommes de la) Hist. mod. ce sont de grands officiers de la cour d’Espagne ou de celle de l’empereur, qui portent à leur ceinture une clé d’or, signe du droit qu’ils ont d’entrer dans la chambre de ces princes.

Clé, terme de Blason : on dit clés en pal ou en sautoir, couchées ou adossées, selon que les pannetons sont disposées. Diction. de Trév.

Clé, (Venerie.) clés de meute ; ce sont les meilleurs & les plus sûrs de la meute.

Clés, (Fauconn.) ce sont les ongles des doigts de derriere de la main d’un oiseau de proie.

Clé, terme d’Architecture ; clé d’un arc, d’une voûte ou croisé, plein ceintre, ou autrement, est la derniere pierre qu’on met au haut pour en fermer le ceintre, laquelle étant plus étroite par en bas que par en-haut, presse & affermit toutes les autres. La clé, selon Vignole, est différente selon les ordres : au toscan & au dorique, ce n’est qu’une simple pierre en saillie ou bossage : à l’ionique, la clé est taillée de nervure en maniere de console avec enroulement : au corinthien & au composite, c’est une console riche de sculpture, avec enroulemens & feuillages de refend. En cela les anciens étoient plus prudens que nous, & affectoient toûjours de rendre les sculptures analogues à l’architecture. Voyez l’abus que les modernes en font, aux articles, Claveau, Agraffe. (P)

Clé, en terme de Bottier, c’est un morceau de bois plat, & plus mince en-bas qu’en-haut, que l’on en-

fonce à force dans l’embouchoir pour en faire prendre la forme à la botte. Voyez la fig. 29. Pl. du Cordonnier-Bottier.

Clé, c’est le nom que les Bourreliers, Selliers, & Carrossiers donnent aux manivelles dont ils se servent pour démonter les écrous des essieux à vis, ou pour tourner les roues & pignons à crémaillere, sur lesquels ils bandent les soûpentes qui portent le corps des carrosses. Une des extrémités de cette clé est une ouverture quarrée, & l’autre une ouverture octogone ; elles servent l’une & l’autre pour serrer les écrous des mêmes formes. Il y en a de différente grandeur. Voyez la fig. 22. Pl. du Bourrelier.

Clé, en termes de Brasserie, est une planche d’un pié de long sur huit à neuf pouces de large, percée d’un trou semblable à celui du fond de la cuve, & de la maîtresse piece du faux-fond ; de façon que le trou de la maîtresse piece & celui de la clé soient un peu plus grands, pour que la rape puisse passer aisément, & boucher exactement le trou du fond de la cuve,

Clés petites & grandes, outil de Charron ; c’est un morceau de fer qui est plus ou moins gros & long, selon l’usage de la clé. Par exemple pour une clé à cric, le fer est de cinq à six piés de long sur deux pouces d’épaisseur ; & pour une clé à vis ordinaire, il y en a depuis un pié & au-dessus.

C’est un morceau de fer rond par le corps, un peu applati des deux bouts, & large dans le milieu où il est percé d’un trou quarré de la grosseur des vis que l’on veut serrer dans l’écrou.

Cette clé sert aux Charrons pour serrer les vis dans les écrous, pour monter & tendre les soûpentes d’un carrosse sur les crics, & enfin pour visser tous leurs ouvrages. Voyez la figure 13. Planche du Charron.

Clés, (Grosses forges.) Voyez cet article.

Clé du trépan, instrument de Chirurgie qui sert à monter & démonter la pyramide du trépan couronné. Voyez Trépan.

Clé, (Fontainier.) ce sont de grosses barres de fer ceintrées, dont on fourre la boîte dans le fer d’un regard pour tourner les robinets. Ce fer est montant & se divise en parties plates qui embrassent les branches d’un robinet, au moyen d’un boulon claveté qui passe à-travers. (K)

Clé, en terme de Formier, c’est un morceau de bois un peu aigu par un bout en forme de coin, qu’on introduit dans la forme brisée pour l’ouvrir autant que l’on veut. Voyez Pl. du Cordonnier-Bottier.

Clé ou Accordoir : les faiseurs d’instrumens de musique ont des clés pour monter & desserrer les chevilles, auxquelles sont attachées les cordes des clavecins, psaltérions, épinettes, &c. Ces clés sont composées d’une tige de fer ou de cuivre AB, percée par en-bas d’un trou quarré, dans lequel on fait entrer la tête des chevilles ; & elles sont surmontées d’un petit marteau de fer ou de cuivre cC qui tient lieu de poignée, & qui sert à frapper les chevilles & les affermir quand elles sont montées. Voy. la fig. 27. Pl. XVII. de Lutherie.

Il y a de plus aux accordoirs, clés, ou marteaux des clavecins, épinettes, psaltérions, un crochet D qui sert à faire les anneaux, par le moyen desquels on accroche à leurs chevilles les cordes de laiton & d’acier. Pour faire ces anneaux, on commence par ployer le bout de la corde ensorte qu’elle forme une anse, que l’on tient avec les doigts pollex & indicator de la main gauche ; on fait passer ensuite le crochet D du marteau que l’on tient de la main droite, dans l’anse de la corde, & on tourne la tige du marteau pour faire entortiller l’extrémité de la corde qui forme l’anse autour de cette même corde, laquelle se termine ainsi en un anneau, par le moyen duquel on peut l’accrocher où l’on veut.