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Enfin quelques-uns disent que le clédonisme pris dans le troisieme sens, étoit la même chose que l’évocation des morts. C’est le sentiment de Glycas : « Nam κληδὼν, dit-il, vocari geniorum per excantationes certas attractionem, & è sublimi deductionem. Deductâ voce à κλῶ, quod idem sit cum κλάω, evoco ». Voyez Evocation & Necromancie. (G)

CLEF, voyez Clé.

CLÉIDOMANCIE, s. f. (Divinat.) espece de divination qui se pratiquoit par le moyen des clés. Ce mot vient de κλεὶς, clé, & de μαντεία, divination.

On ignore quel nombre & quel mouvement de clés exigeoient les anciens pour la cléidomancie, ni quel genre de connoissance pour l’avenir ils en prétendoient tirer. Delrio, qui sur toutes ces matieres a fait des recherches, ne donne aucune lumiere sur celle-ci, pour ce qui concerne l’antiquité ; il nous apprend seulement que cette superstition a eu lieu dans le Christianisme, & qu’on la pratiquoit de la sorte : « Lorsqu’on vouloit, dit-il, découvrir si une personne soupçonnée d’un vol ou de quelqu’autre mauvaise action en étoit coupable, on prenoit une clé autour de laquelle on rouloit un papier, sur lequel étoit écrit le nom de la personne suspecte ; ensuite on lioit cette clé à une bible, qu’on donnoit à tenir à une vierge ; puis on prononçoit tout bas certaines paroles, entre lesquelles étoit le nom de l’accusé ; & à ce nom, l’on voyoit sensiblement le papier se remuer. Delrio, disquisit. magic. lib. IV. » cap. ij. quæst. VII. sect. j. pag. 548. (G)

CLÉMATITE, s. f. clematitis, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, qui sont composées ordinairement de quatre pétales, & qui n’ont point de calice. Le pistil sort du milieu de la fleur, & devient dans la suite un fruit dans lequel les semences sont rassemblées en bouquet, & sont terminées par un filament semblable en quelque sorte à une petite plume. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Clématite. (Jard.) Il y a quelques especes de clématite, qui ne sont que des plantes vivaces : les autres en plus grand nombre, sont des arbrisseaux grimpans, dont quelques-uns par l’agrément de leurs fleurs, méritent de trouver place dans les plus beaux jardins. Ce qui peut encore engager à les y admettre, c’est que tous ces arbrisseaux sont très-robustes, à l’exception d’un seul ; qu’ils croissent très promptement, fleurissent très long-tems, & qu’ils réussissent dans les terreins les plus médiocres, & aux expositions les moins favorables. Une autre qualité doit encore leur donner faveur ; c’est qu’ils ne sont jamais attaqués des insectes : ce qu’on peut attribuer au suc caustique de leurs feuilles, qui brûlent la bouche lorsqu’on les mâche.

Arbrisseaux grimpans. La clématite commune ou l’herbe aux gueux, est ainsi appellée de ce que les mendians de profession se servent de ces feuilles pour se former des ulceres, & exciter la compassion du peuple : mais dans la basse-Bourgogne on l’appelle viorne, quoique ce nom ne soit propre qu’à un autre arbrisseau qu’on appelle mancienne dans le même pays. Cette espece de clématite est fort commune dans les bois, dans les haies, & dans les anciennes ruines des bâtimens, où ses longues tiges rampent & couvrent tout ce qui l’avoisine. Ses fleurs blanchâtres qui viennent en bouquet au mois de Juin, & qui durent pendant tout l’été, sont plus singulieres que belles, & ont une odeur agréable ; les graines qui leur succedent ont des aigrettes barbues, blanches, & rassemblées de maniere à les faire prendre de loin pour des floccons de laine : elles couvrent l’arbrisseau pendant tout l’automne, & une grande partie de l’hyver. La bouture seroit le plus court moyen de multiplier cet arbrisseau, si on lui connoissoit d’autre utilité que d’être propre à faire des liens & des ruches de mouches à miel.

La clématite à feuille entiere ; c’est une variété de la précédente, dont elle ne differe que parce que ses feuilles ne sont pas découpées.

La clématite du Canada ; c’est encore une variété de notre clématite commune, dont elle n’est différente, qu’en ce que sa feuille n’est constamment composée que de trois lobes ; au lieu que dans l’espece commune, les feuilles ont plus souvent cinq lobes que trois.

La clématite du Levant : sa feuille qui est lisse, d’un verd foncé, & fort découpée, a quelque ressemblance avec celle du persil. Sa fleur qui est petite, d’un verd jaunâtre, ne paroît qu’en automne ; mais elle n’a nulle beauté. Si on peut tirer quelque agrément de cet arbrisseau, ce n’est que de son feuillage, qui étant bien garni, peut servir à faire des palissades & des portiques de verdure dans les plus mauvaises places, où beaucoup d’autres arbrisseaux ne pourroient réussir. Cette clématite est d’ailleurs très-robuste, se multiplie aisément, & s’éleve moins que les précédentes.

La clématite à fleur bleue : cet arbrisseau de son naturel rampe par terre, ce qui le distingue d’un autre clématite à fleur bleue qui sera rapportée ci-après, & qui n’est qu’une plante vivace.

La clématite à fleur bleue double ; c’est l’un des plus beaux arbrisseaux fleurissans que l’on puisse employer dans un jardin pour l’agrément. Son feuillage d’un verd brun & constant, est très-propre à varier les nuances de verdure. Sa fleur, quoique d’un bleu obscur, est très-apparente ; on est dédommagé de ne la voir paroître qu’à la fin de Juin, par sa durée qui va souvent à plus de deux mois ; & l’arbrisseau en produit une si grande quantité, qu’elles cachent son feuillage : mais elle est si double, que ne pouvant s’épanouir tout-à-la-fois, les pétales extérieurs tombent peu-à-peu, pour laisser aux plus prochaines la liberté de s’ouvrir & de se détacher à leur tour ; ensorte que pendant tout l’été, le terrein au-dessous est jonché de fleurs. On peut le multiplier de boutures ou de branches couchées, c’est la plus courte voie & la plus sûre : mais comme l’arbrisseau commence à pousser de très-bonne heure, & souvent dès la fin de Janvier, il faudra coucher ses branches qui feront de bonnes racines dans l’année ; au lieu que si l’on couchoit du vieux bois, il feroit rarement des racines, & s’il en produisoit, elles ne seroient suffisantes pour la transplantation qu’au bout de deux ans. Les boutures prises sur les jeunes branches, réussissent beaucoup mieux aussi que celles faites de vieux bois ; elles donneront même des fleurs dès la seconde année : mais il vaudra mieux attendre les deux ans révolus pour les transplanter. Comme cet arbrisseau pousse vigoureusement, & qu’il produit de longues tiges qui s’élevent souvent à douze ou quinze piés, la moitié de ces rejettons se desseche, & meurt pendant l’hyver ; non-seulement on doit ôter ce bois mort, mais il faut aussi tailler le bois vif au-dessus d’un œil ou deux, sans craindre de nuire aux fleurs ; l’arbrisseau étant si disposé à en donner qu’il en produit toûjours, quoiqu’on ne lui ait laissé que du bois fort vieux ; & quand même on en vient jusqu’à retrancher la plus grande partie des jeunes rejettons, lorsqu’il est prêt à fleurir, il pousse de nouvelles tiges, & donne autant de fleurs qu’il auroit fait sans cela, avec cette différence seulement, qu’elles paroissent cinq ou six semaines plus tard, & qu’elles durent tout l’automne : facilité qui n’est pas sans mérite par l’avantage qu’on en peut tirer pour l’ornement des jardins, dont on n’a à joüir que dans cette saison. Il souffre également le retard de la taille au printems : je l’ai souvent fait couper jusqu’auprès des racines, lorsqu’il avoit déjà poussé des tiges d’un pié de long, sans que cela l’ait empêché de repousser