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ment des provinces, & autres affaires relatives à la police & à la guerre. C’étoit encore dans ces assemblées que se faisoient les adoptions, les testamens, l’élection des flamines, &c. elles n’étoient composées que des habitans de Rome, parce qu’il n’y avoit qu’eux qui fussent divisés en curies : le marché Romain en étoit le lieu. On y étoit convoqué par des crieurs. Celui qui y présidoit, proposoit l’affaire ; puis il ajoûtoit : si ita vobis videtur, quirites, discedite in curias & suffragium inite : chacun se rangeoit dans sa curie ; on tiroit au sort le rang des curies ; elles donnoient leurs suffrages, qu’on ne prenoit que jusqu’à ce qu’il y eût seize curies d’un même avis. Les délibérations étoient précédées par des augures, & elles n’avoient lieu qu’en cas qu’il ne s’opposât rien de leur part. Lorsqu’on eut institué les comices dits tributia, les droits des comices dits curiata se réduisirent à si peu de chose, que les trente licteurs des curies s’assemblerent seuls & déciderent des affaires pour lesquelles on avoit auparavant convoqué les curies. Au reste ils ne se tinrent jamais qu’aux jours comitiaux, sans égard pour la saison.

Comices dits pontificia : le peuple y étoit par tribus ; on élisoit un souverain pontife ; on tiroit le rang des tribus au sort ; l’unanimité de dix-sept tribus suffisoit pour l’élection. Ce fut un pontife qui les convoqua, & qui les tint jusqu’à ce que ce droit eût été transféré aux consuls par la loi Domitienne.

Comices dits prætoria : le peuple y étoit par centurie ; on y élisoit les préteurs : ils étoient tenus par un consul. Comme il y avoit quelquefois jusqu’à dix préteurs à nommer, & que le nombre des candidats étoit grand, les séances duroient si long-tems qu’on divisoit l’élection, & qu’on différoit celle de quelques préteurs. Ces comices se tenoient un, deux, trois jours, & rarement plus tard, après les comices consulaires.

Comices dits proconsularia & proprætoria : le peuple y étoit par tribus ; on y élisoit les proconsuls & les propréteurs, lorsque les cas l’exigeoient, comme plusieurs gouvernemens de provinces à remplir, plusieurs guerres à conduire, une seule guerre ou un seul gouvernement, auquel les deux consuls ou préteurs prétendoient en même tems. Quant à la maniere de les tenir, voyez les comices dits centuriata.

Comices dits quæstoria : le peuple y fut par curies ; on y élut les questeurs jusqu’à ce que ce droit fut transféré aux comices par tribus. Ils étoient tenus par un consul ; on y procédoit par curies dans le marché Romain, & par tribus dans le champ de Mars.

Comices dits sacerdotum : le peuple y étoit par tribus ; on y élisoit les prêtres ; le consul y présidoit.

Comices dits tribunitia : ils se tenoient par tribus ; on y élisoit les tribuns militaires. Ils commencerent en 393 ; les uns étoient au choix du peuple, les autres au choix du général, & on les distinguoit des premiers par le nom de tribuni rufuli. Il ne faut pas confondre ces comices ni avec ceux où l’on élisoit les tribuns militaires consulari potestate, ceux-ci étoient par centuries ; ni avec ceux où l’on créoit les tribuns du peuple. Quoique le peuple y fût par tribus, ils n’étoient point tenus par un consul, mais par un tribun.

Comices dits tributa : assemblées où le peuple étoit divisé en ses trente-cinq tribus ; ils commencerent en 263, dans l’affaire de Marcius Coriolan, & la loi publilia les autorisa en 282. Dans les comices par centuries, tout dépendoit, comme on a vû, de la premiere classe ; dans ceux-ci, au contraire, c’étoit le peuple entier qui décidoit. Les capite-censi ou proletarii, ou ceux de la sixieme classe, pouvoient autant que ceux de la premiere. On y élisoit tous les magistrats compris sous la dénomination de magistratus

urbani minores ordinarii ; savoir les édiles curules & plébéiens, les tribuns du peuple, les questeurs, les triumvirs dits capitales, les triumvirs nocturnes, les triumvirs dits monetales ; les magistrats dits urbani minores extraordinarii, comme les préfets des vivres, les duumvirs dits navales, les questeurs du parricide, les inspecteurs des rues & chemins, les quinquevirs muris turribusque reficiendis, les triumvirs ou quinquevirs dits mensarii ; les magistrats dits provinciales ordinarii, comme les proconsuls, propréteurs, & proquesteurs ; les magistrats dits provinciales extraordinarii, comme les triumvirs, les quinquevirs ou septemvirs coloniæ deducendæ aut agris dividundis, quelques-uns des tribuns militaires qu’on appelloit par cette raison tribuni comitiati, & les prêtres des colléges. On y faisoit aussi les lois appellées plébiscites ; on y jugeoit les citoyens, mais non pour cause capitale ; ils pouvoient y être condamnés à l’amende ou à l’exil : on y décernoit le triomphe ; on y traitoit des priviléges des citoyens, des alliances, de l’exemption de la loi, &c. Ils étoient tenus par les dictateurs, les consuls, les tribuns militaires consulari potestate, les préteurs, & les tribuns du peuple, avec cette différence que ces derniers ne pouvoient que décider des affaires, & qu’il appartenoit aux premiers à pourvoir aux dignités. Ces assemblées se pouvoient faire sans le consentement du sénat, & les augures ne pouvoient ni les empêcher, ni les retarder. On y élisoit les magistrats dans le champ de Mars ; on y expédioit les autres affaires, ou au capitole, ou dans le marché Romain. Ils se tenoient les jours comitiaux ; on n’assembloit que dix-sept tribus pour l’élection d’un prêtre ; & celui qui en avoit neuf pour lui, étoit nommé. Ces comices par tribus ne méritoient, à proprement parler, que le nom de concilia plebis ; aucun patricien n’y assistoit, n’étant point formés du peuple en entier, mais seulement du commun du peuple, plebs. Hed. lex.

* Comice, (Hist. anc.) endroit de Rome dans la viij. région, au pié du mont Palatin, vers le capitole, proche le marché Romain, où se tenoit ordinairement les comices par curies ; il n’étoit, selon toute apparence, fermé que d’un mur percé de deux portes, par une desquelles une curie sortoit, tandis que la curie suivante entroit par l’autre, selon l’ordre gardé dans les ovilia ou septa au champ de Mars. Il ne fut couvert qu’en 545. On y fit aussi des portiques ; on y éleva des statues : c’étoit-là qu’étoit le pluteal libonis, ou l’autel où les magistrats prétoient serment ; le figuier sauvage sous lequel la louve avoit alaité Remus & Romulus ; la grande pierre noire que Romulus choisit de son vivant pour sa tombe, &c. On y punissoit les malfaiteurs ; on y fouettoit à mort ceux qui avoient corrompu des vestales : il se voit aujourd’hui entre les églises de sainte Marie la Libératrice & de saint Théodore. Les anciens y joüoient à la paume, & Caton s’y exerçoit quelquefois.

COMIQUE, adj. plaisant, qui excite à rire, qui appartient à la comédie ; avanture comique, propos comique, figure comique, style comique.

Comique, subst. un comique, c’est-à-dire un acteur comique, un poëte comique. Le comique, c’est-à-dire le genre de la comédie. C’est le comique de la troupe. Moliere est le modele des comiques. Le comique corrige les mœurs.

Comique, pris pour le genre de la comédie, est un terme relatif. Ce qui est comique pour tel peuple, pour telle société, pour tel homme, peut ne pas l’être pour tel autre. L’effet du comique résulte de la comparaison qu’on fait, même sans s’en appercevoir, de ses mœurs avec les mœurs qu’on voit tourner en ridicule, & suppose entre le spectateur & le personnage représenté une différence avantageuse