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pellant compression tout ce qui se fait par l’application d’une force extérieure. Voyez Compression.

L’air se condense aisément, soit par le froid, soit artificiellement ; pour l’eau, elle ne se condense jamais ; & elle pénetre les corps les plus solides, l’or même, plûtôt que de rien perdre de son volume. Voyez Eau.

On trouva à l’Observatoire pendant le grand froid de l’année 1670, que les corps les plus durs, jusqu’aux métaux, au verre, & au marbre même, étoient sensiblement condensés par le froid, & qu’ils étoient devenus plus durs & plus cassans qu’auparavant ; ce qui dura jusqu’au dégel, qu’ils reprirent leur premier état.

L’eau est le seul fluide qui paroisse se dilater par le froid ; tellement que lorsqu’elle est gelée, elle occupe plus de place qu’elle n’en occupoit auparavant : mais on doit attribuer cet effet plûtôt à l’introduction de quelque matiere étrangere, comme des particules de l’air environnant, qu’à aucune raréfaction particuliere de l’eau causée par le froid. V. Froid & Congelation.

Si on fait entrer beaucoup d’air dans un vase fermé, ce vase deviendra plus pesant ; & si ensuite on laisse échapper l’air, il sortira avec beaucoup de violence, & le vase reprendra sa premiere pesanteur. Or il suit de cette expérience, 1°. que l’air étoit réduit à un moindre volume que celui qu’il occupe ordinairement, & qu’il est par conséquent compressible. Pour la mesure de sa compression, voy. Compression & Air.

2°. Qu’il est sorti autant d’air qu’il en étoit entré, ce que prouve le rétablissement de la pesanteur du vase ; donc l’air comprimé se restitue dans son premier état, si la force comprimante est ôtée, & conséquemment il est élastique. Voy. Elasticité.

3°. Que puisque le poids du vase est augmenté par l’air injecté, l’air est par conséquent pesant, & qu’il presse perpendiculairement à l’horison les corps environnans, selon les lois de la gravité. Voy. Gravité.

4°. Que c’est un signe certain de la compression de l’air quand en ouvrant l’orifice d’un vaisseau, on observe qu’il en sort de l’air.

L’air condensé produit des effets directement opposés à ceux de l’air raréfié. Les oiseaux y paroissent plus gais & plus vivans que dans l’air ordinaire, &c. Chambers. (O)

CONDIGNITÉ, s. f. (Théologie.) mérite de condignité, ou, comme s’expriment les scholastiques, mérite de condigno. C’est le mérite auquel Dieu, en vertu de sa promesse & de la proportion des bonnes œuvres avec sa grace, doit une récompense à titre de justice. Cette condignité exige des conditions de la part de l’homme, de la part de l’acte méritoire, & de la part de Dieu. De la part de l’homme, les conditions sont, 1° qu’il soit juste, 2° qu’il soit encore dans la voie, c’est-à-dire sur la terre. L’acte méritoire doit être libre, moralement bon, surnaturel dans son principe, c’est-à-dire fait par le mouvement de la grace, & rapporté à Dieu. Enfin de la part de Dieu, il faut qu’il y ait une promesse ou obligation de récompenser. De ces principes, les Théologiens concluent que l’homme ne peut mériter de condigno, ni la premiere grace sanctifiante, ni le don de la persévérance, mais que les justes peuvent mériter la vie éternelle d’un mérite de condignité. Voyez Grace, Mérite, &c. (G)

CONDINSKI ou CONDORA, (Géogr. mod.) province à l’orient de la Russie avec titre de duché. Elle est remplie de forêts & de montagnes ; les habitans sont idolatres, & payent au Czar un tribut en fourures & pelleteries.

CONDIT, s. m. (Pharmacie.) on entend par condit,

en Pharmacie, la même chose que l’on entend en général par le mot de confiture.

Les apothicaires confisoient autrefois un grand nombre de racines, d’écorces, de fruits, &c. qu’ils renfermoient sous la dénomination de condit, tant pour les usages de la Medecine, que pour les délices de la bouche.

Mais à présent à peine trouve-t-on deux ou trois condits dans les boutiques des apothicaires ; ils ne gardent guere sous cette forme que la racine d’eringium, celle de satyrium, & celle de gingembre, qu’ils reçoivent toute confite des Indes. Voyez la maniere de confire l’une ou l’autre des deux premieres racines.

Prenez des racines de satyrium ou d’eringium bien nettoyées & bien mondées, une livre, par exemple ; faites-les bouillir jusqu’à ce qu’elles soient bien ramollies dans une suffisante quantité d’eau commune, après quoi vous les retirerez de l’eau & les égoutterez bien. Vous ferez cuire dans l’eau de la décoction une livre & demie de sucre, que vous clarifierez avec le blanc d’œuf, après quoi vous y ajoûterez vos racines, & ferez bouillir le tout ensemble jusqu’à ce que le syrop ait une consistance fort épaisse ; vous verserez le tout, racines & syrop, dans un pot, que vous ne fermerez qu’après un refroidissement parfait.

Les conserves, qu’on pourroit ranger sous le nom générique de condit, different de l’espece de confiture que nous venons de décrire, par le manuel de leur préparation. Voyez Conserve. (b)

* CONDITEUR, (Myth.) conditor ; dieu champêtre qui veilloit après les moissons à la récolte des grains, ainsi que son nom l’annonce. On appelloit aussi conditor le chef des factions du cirque. Voyez Cirque.

CONDITION, (Gram. & Jurisp.) est une clause qui sait dépendre l’exécution d’un acte de quelqu’évenement incertain, ou de l’accomplissement de quelque clause particuliere : par exemple, quelqu’un s’oblige de payer une somme au cas qu’elle soit encore dûe, & qu’il ne s’en trouve pas de quittance ; ou bien si celui au profit de qui l’obligation est passée acheve un ouvrage qu’il a commencé.

On peut apposer des conditions dans une convention, dans une disposition de derniere volonté, ou dans un jugement.

Il n’y a point de forme déterminée pour établir une condition ; la plus naturelle est celle qui est conçûe dans ces termes, à condition de faire telle chose : mais une condition peut aussi être apposée en d’autres termes équipollens, selon la nature de la condition : par exemple, si telle chose est faite dans un certain tems, ou au cas que cela soit fait dans tel tems, ou pourvû que telle chose soit faite, &c.

On distingue dans un acte la cause, le mode, & la démonstration, d’avec la condition.

La cause est le principe qui fait agir ; par exemple, je donne à un tel pour la bonne amitié qu’il a pour moi, cela ne forme pas un acte conditionnel : mais la cause finale est la même chose qu’une condition, comme lorsqu’on donne pour bâtir une maison.

Le mode est aussi la même chose que la cause finale : c’est lorsqu’on dit je legue à un tel pour achever sa maison, ou afin qu’il paye ses dettes ; c’est là un mode, & non une condition : la différence qu’il y a de l’un à l’autre est que la condition fait une partie essentielle de l’acte, ensorte que la chose donnée ou léguée sous condition ne peut être exigée qu’après l’accomplissement de la condition ; au lieu que le legs ou la donation qui ne renferment qu’un mode, peuvent être demandés sans attendre ce qui pourra être fait par la suite relativement au mode.