Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/637

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

canal ; cependant une armée qui voudroit forcer le passage, ne risqueroit pas beaucoup, ces châteaux étant éloignés l’un de l’autre de plus de quatre milles ; l’artillerie turque, quelque monstrueuse qu’elle paroisse, n’incommoderoit pas trop les vaisseaux qui défileroient avec un bon vent ; les embrasures des canons de ces châteaux sont comme des portes cocheres : mais les canons qui sont d’une grosseur demesurée n’ayant ni affût ni reculée, ne sauroient tirer plus d’un coup chacun. Qui seroit l’homme assez hardi pour oser les charger en présence des vaisseaux de guerre, dont les bordées renverseroient en un instant les murailles des châteaux qui ne sont pas terrassées, & qui enseveliroient les canons & les canoniers sous leurs ruines ? Quelques bombes seroient capables de démolir ces forteresses. Ce sont des réflexions de M. de Tournefort, & les gens de l’art les trouvent très-justes. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

* DARDANIE, s. f. (Géog. anc.) petite province dépendante des Troyens, & située au nord de la Troade. La capitale portoit le même nom ; elle étoit voisine de la source du Simoïs ; elle avoit été bâtie par Dardanus. La Samothrace s’appella aussi Dardanie. Ce fut encore le nom de la Dacie méditerranée. Voyez Daces.

DARDILLER, DARDILLE, (Jardin.) on dit, pour faire entendre qu’un œillet pousse son dard, cet œillet dardille. (K)

DAREL-HAMARA, (Géog. mod.) ville d’Afrique, au royaume de Fez ; elle est située sur une montagne. Long. 9 lat. 34. 20.

DARHA ou DRAR, (Géog. mod.) province d’Afrique, sur la riviere du même nom, dans les états du roi de Maroc.

DARIABADES, s. m. (Commerce.) toile de coton, blanche, qui vient de Surate. Voyez les diction. du Comm. & de Trév.

DARIDAS ou TAFFETAS D’HERBE, (Comm.) espece d’étoffe qui se fabrique aux Indes avec les filamens d’une plante. Voyez les dict. de Comm. & de Trév.

DARIEN, (Géog.) l’isthme de Darien ou de Panama joint l’Amérique septentrionale avec la méridionale : il y a proche de cet isthme une riviere & un golfe de même nom.

DARINS, s. m. pl. (Manufact. en fil.) toiles ordinaires qui se fabriquent en Champagne. Dictionn. de Comm. & de Trév.

DARIOLE, s. f. (Pâtisserie.) c’est une piece de pâtisserie qu’on emplit d’un appareil de lait, de beurre, & autres ingrédiens. Voyez Patisserie.

DARIQUE, s. m. (Littérat.) piece d’or frappée au nom de Darius Medus, que l’Ecriture appelle Cyaxare II. roi des Medes.

Ce fut vers l’an 538 avant J. C. que furent frappés les dariques, qui pour leur beauté & leur titre ont été préférés pendant plusieurs siecles à toutes les autres monnoies de l’Asie. Lorsque Cyrus étoit occupé à son expédition de Syrie, d’Egypte, & dès pays circonvoisins, Darius le Mede fit battre ces fameuses pieces d’or de l’immense quantité de ce métal accumulée dans son thrésor, du butin qu’il avoit fait avec Cyrus pendant le cours de la longue guerre où ils s’engagerent. On les frappa pour la premiere fois à Babylone, d’où elles se répandirent dans tout l’Orient & jusques dans la Grece.

Suivant le docteur Bernard, de ponder. & mensur. antiq. le darique pesoit deux grains plus qu’une guinée ; mais comme il étoit de pur or, n’ayant point ou presque point d’alliage, cette monnoie, selon la proportion qui se trouve aujourd’hui entre l’or & l’argent, pouvoit valoir environ 25 schelins d’Angleterre.

Il est fait mention des dariques dans le I. liv. des chron. xxjx. 7. comme aussi dans Esdras, viij. 27. sous le nom d’adarkonim, & dans le Talmud sous celui de darkonoth ; voy. Buxtorf, lexic. Rabbinnic. Ces deux mots paroissent venir l’un & l’autre du grec δαιρικοί, dariques ; voyez encore Suidas au mot δαιρικός. Au reste toutes les pieces d’or du même poids & à-peu-près du même titre, qui furent frappées sous les successeurs de Darius Medus, tant Perses que Macédoniens d’origine, porterent le nom de dariques, & c’est pour cela que cette monnoie a eu si long tems cours dans le monde. Il y avoit des dariques & des demi-dariques, comme nous avons des loüis & des demi-loüis.Je tire tout ce détail de M. Prideaux, & je ne pouvois mieux puiser que dans un ouvrage si plein de vérité, d’exactitude, & d’érudition. Presque tous nos écrivains n’ont fait que des erreurs dans leur maniere d’évaluer le darique. De-là vient que M. Rollin en fixe la valeur à une pistole ; M. le Pelletier de Rouen à 11 liv. 11 s. 9 d.  ; d’autres à 19 liv. 3 s. 1 d. , chacun conformément à la méthode fautive qu’il a suivie pour regle.

Les dariques, dit le dictionnaire de Trévoux, étoient marqués d’un archer ou tireur d’arc ; car Plutarque dans les apophtegmes ou bons mots d’Agésilas, rapporte que ce Grec se plaignoit d’avoir été chassé d’Asie par trente mille archers du roi de Perse, entendant par-là des dariques marqués d’un archer. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DARMOUTH ou DERMOUTZ, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, dans le Devonshire. Long. 14. 2. lat. 50. 16.

DARMSTADT, (Géog. mod.) ville d’Allemagne au cercle du haut-Rhin ; c’est la capitale du landgraviat de Hesse Darmstadt ; elle est située sur la riviere de même nom. Long. 26. 15. lat. 49. 50.

DARNAMAF, sub. m. (Commerce.) coton qui vient de Smyrne ; c’est la meilleure espece : il est ainsi appellé de la plaine où on le cultive & recueille. Voyez les dict. du Comm.. & de Trév.

DAROGA ou DARUGA, s. m. (Hist mod.) c’est ainsi qu’on appelle en Perse un juge criminel : il y en a un dans chaque ville.

C’est encore le nom d’une cour souveraine, où l’on juge les officiers employés au recouvrement des deniers publics, lorsqu’ils sont accusés de malversation.

DARTOS, sub. m. (Anatomie.) Presque tous les anatomistes, même les plus grands, ceux à qui rien ne paroît avoir échappé, soûtiennent que le dartos est une membrane charnue qu’on doit regarder comme un véritable muscle cutané, dont le scrotum est intérieurement revêtu ; cette membrane charnue, ajoûtent-ils, se trouve attachée par une espece d’expansion aponévrotique à la branche inférieure des os pubis, & fournit suivant Rau une enveloppe particuliere à chaque testicule, de sorte que de l’adossement ou de l’union de ces deux enveloppes charnues, se forme une cloison attachée d’une part à l’urethre, & de l’autre à la portion du scrotum qui est vis-à-vis le raphé.

Mais est-il bien vrai que le dartos soit musculeux, & n’a-t-on pas autant de raison de prétendre qu’il est formé par la membrane cellulaire du scrotum qui est presque toûjours dépourvûe de graisse, & qui a plus de solidité que celle qu’on rencontre ailleurs ? C’est le sentiment de Ruysch adopté par MM. Lieutaud & Monro, & il est difficile de ne pas l’embrasser, en disant avec eux que le dartos n’est autre chose que la membrane cellulaire du scrotum. En effet, le tissu cellulaire dont le dartos est composé, & qui a aux environs des testicules une épaisseur considérable, n’est point différent de celui qu’on trouve sous la peau de la verge. Les Anatomistes ont cru voir ici