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de la Lune & d’autres étoiles ; les couronnes marquoient les jours de l’année.

DAPHNOMANCIE, s. f. (Divinat.) sorte de divination qui se faisoit par le moyen du laurier, & qu’on nommoit ainsi parce que les Poëtes feignoient que la nymphe Daphné, en se dérobant aux poursuites d’Apollon, avoit été changée en laurier.

On pratiquoit la daphnomancie de deux manieres : 1°. en jettant dans le feu une branche de laurier ; si en brûlant elle pétilloit & faisoit un certain bruit, on en tiroit un heureux présage : c’étoit au contraire mauvais signe quand elle brûloit tout simplement & sans produire aucun son, comme dit Properce,

Si tacet extincto laurus adusta foco.


L’autre maniere étoit de mâcher des feuilles de laurier, qui inspiroit, disoit-on, le don de prophétie : aussi les pythies, les sibylles, & les prêtres d’Apollon n’omettoient-ils jamais cette cérémonie ; ce qui faisoit regarder le laurier comme le symbole caractéristique de la divination. (G)

DAPIFER, s. m. (Hist. mod.) nom de dignité & d’office, grand-maître de la maison de l’empereur. Ce mot en latin est composé de dapis, qui signifie un mets, une viande qui doit être servie sur la table ; & de fero, je porte : ainsi il signifie proprement porte-mets, porte-viande, un officier qui porte les mets, qui sert les viandes sur la table.

Ce titre de dapifer étoit un nom de dignité & d’office dans la maison impériale, que l’empereur de Constantinople conféra au czar de Russie comme une marque de faveur. Cet office fut autrefois institué en France par Charlemagne sous le titre de dapiferat & senéchaussée, qui comprenoit l’intendance sur tous les offices domestiques de la maison royale ; ce que nous nommons aujourd’hui grand-maitre de la maison du Roi. Les rois d’Angleterre, quoique souverains, se faisoient honneur de posséder cette charge dans la maison de nos rois ; & c’est en conséquence de cette dignité, dont ils étoient revêtus comme comtes d’Anjou, qu’ils étoient gardiens & défenseurs de l’abbaye de S. Julien de Tours. On lit cette anecdote dans une lettre de Henri I. roi d’Angleterre, écrite vers les premieres années du xij. siecle, & rapportée au tome IV. des miscellanea de M. Baluze. Cette charge étoit la premiere de la maison de nos rois, & ses possesseurs signoient à toutes les charges. Elle se nommoit en françois sénéchal, & a été remplacée par celle de grand-maître de la maison du Roi. Voyez Maîtres (grands). (a)

La dignité de dapifer fut beaucoup moins éminente en Angleterre, puisque dans plusieurs de nos anciennes chartes, l’officier qui en est revêtu est nommé un des derniers de la maison royale.

La dignité de dapifer subsiste encore aujourd’hui en Allemagne, & l’électeur palatin l’a possédée jusqu’en 1623, que l’électeur de Baviere a pris le titre d’archi-dapifer de l’empire ; son office est au couronnement de l’empereur, de porter à cheval les premiers plats à sa table.

Les différentes fonctions de la charge de dapifer, lui ont fait donner par les auteurs anciens plusieurs noms différens ; comme d’ἐλεαστυρος, eleator, dipnocletor, convocator, trapezopæus, architriclinus, progusta, prægustator, domesticus, megadomesticus, œconomus, majordomus, seneschallus, schalcus, gastaldus, assessor, præfectus ou præpositus mensæ, princeps coquorum & magirus. Chambers. (G)

DARBY ou DERBY, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, capitale de Derbyshire. Elle est située sur le Dervant. Long. 16. 10. lat. 52. 54.

DARCE, DARCINE, BASSIN, CHAMBRE, PARADIS, (Marine.) tous ces noms sont synony-

mes, & se donnent à la partie d’un port de mer où les bâtimens sont le plus à l’abri & le plus en sûreté. On donne volontiers ce nom de darse à l’endroit où l’on met les galeres, & qui est fermé d’une chaîne. Voyez Chambre & Bassin. (Z)

DARD, (Hist. nat.) Voyez Vandoise.

Dard, s. m. (Hist. anc.) jaculum, épieu armé par un bout d’une pointe de fer, & propre à se lancer à la main.

Dards, en Architecture, bouts de fleches, que les anciens ont introduits comme symboles de l’amour, parmi les oves qui ont la forme du cœur.

Dards de fer, (Serrurerie.) on en voit de placés sur une grille ou porte de fer, pour servir de chardon & de défense.

Dards à feu, (Art milit. & Mar.) c’est une sorte d’artifice qu’on jette dans les vaisseaux ennemis.

Dard, terme de Pêche ; voyez Fouanne ou Trident.

Dard, (Jard.) est le montant, ou le petit brin droit & rond, qui s’élance du milieu du calice de certaines fleurs, telles que l’œillet. (K)

DARDA, (Géog. mod.) fort de la basse Hongrie sur la Drawe. Long. 36. 45. lat. 45. 55.

DARDANARIUS, sub. m. (Hist. anc.) usurier, monopoleur si l’on pouvoit se servir de ce mot. Ce nom se donnoit autrefois à ceux qui causoient la disette & cherté des denrées, sur-tout du blé, en les achetant en grande quantité, & les serrant ensuite pour en faire hausser la valeur, & les vendre à un prix exorbitant. Ces gens ont toûjours été en horreur dans toutes les nations ; & on les a séverement punis, quand ils ont été reconnus. Voyez Monopole.

Le mot dardanarius vient de Dardanus, qui, dit-on, détruisoit les fruits de la terre par une espece de sorcellerie.

Ces sortes de gens sont aussi appellés æruscatores, directarii, sitocapeli, annonæ flagellatores, & seplatiarii. Chambers. (G)

DARDANELLES (canal ou détroit des), Géog. mod. fameux canal qui sépare les deux plus belles parties de la terre, l’Europe & l’Asie. On l’appelle autrement l’Hellespont, le détroit de Gallipoli, le bras de S. Georges, les bouches de Constantinople. Les Turcs le connoissent sous le nom de Boghas ou détroit de la mer Blanche. Il y a beaucoup d’apparence que le nom de Dardanelles vient de Dardane, ancienne ville qui n’en étoit pas éloignée, & dont le nom même seroit peut-être aujourd’hui dans l’oubli, sans la paix qui y fut conclue entre Mithridate & Sylla. Ce canal, qui joint l’Archipel à la Propontide ou mer de Marmara, est bordé à droite & à gauche par de belles collines assez bien cultivées. L’embouchure du canal a près de quatre milles & demie de large, & est défendue par des châteaux dont nous parlerons dans l’article suivant. Les eaux de la Propontide qui passent par ce canal y deviennent plus rapides ; lorsque le vent du nord souffle, il n’est point de vaisseaux qui se puissent présenter pour y entrer, mais on ne s’apperçoit plus du courant avec un vent du sud. Tournefort, voyage du Levant, lettre xj. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Dardanelles (châteaux des), Géog. Il y a deux anciens & forts châteaux de la Turquie nommés châteaux des Dardanelles, l’un dans la Romanie, & l’autre dans la Natolie. Ils sont situés aux deux côtés du canal dont nous avons parlé dans l’article précédent. Ce fut Mahomet II. qui les fit bâtir, & on peut les appeller les clés de Constantinople, dont ils sont éloignés d’environ 65 lieues. Il y a deux autres nouveaux châteaux des Dardanelles à l’embouchure du détroit, bâtis par Mahomet IV. en 1659, pour s’opposer aux insultes des Vénitiens. Ils défendent le passage du