en deux classes ; savoir, en ecclésiastiques & en séculiers.
Les premiers sont aujourd’hui l’archevêque de Saltzbourg, le plus distingué après les trois archevêques électeurs de l’Empire. Son revenu est très considérable. Il a trente-six chambellans, lesquels, comme ceux des électeurs, portent la clé d’or à leur côté. Il est primat de Germanie, & son chapitre est composé de vingt quatre chanoines capitulaires, qui ont droit d’élire leur archevêque, comme ils ont droit d’être élûs. Il y a aussi des chanoines domiciliaires qui deviennent capitulaires à leur tour suivant leur ancienneté. L’archevêque de Saltzbourg a un privilége particulier, que n’ont aucuns des autres archevêques de l’Empire ; il nomme seul aux évêchés de Lavautz dans la basse Carinthie, & de Chiemsée petite ville du cercle de Baviere. Aussi ces deux évêques ne sont pas princes de l’Empire.
Bamberg siége ensuite au banc des princes ecclésiastiques, comme premier évêque de l’Empire ; il en est un des plus puissans, & ne reconnoît que le pape pour supérieur au spirituel. Son chapitre est composé de vingt chanoines capitulaires, qui ont droit d’élire & d’être élûs. Ce prélat est souverain dans ses états ; il a pour vassaux de quelques portions de leurs pays les quatre électeurs, de Bohème, de Saxe, de Baviere, & de Brandebourg.
Wirtzbourg a un évêque qui prend le titre de duc de Franconie, quoique cette province dépende de plusieurs princes séculiers. Lorsqu’il célebre la messe pontificale, son grand-maréchal y assiste avec son épée sur l’épaule ; de-là est venu le proverbe en Allemagne, Herbipolis sola pugnat ense & stolâ. Vingt-quatre chanoines capitulaires composent son chapitre ; & pour y être admis il faut non-seulement faire preuve de noblesse, mais encore souffrir une cérémonie ridicule, qui est de passer entre deux rangées de chanoines, & de recevoir sur les épaules, à nud, des coups de verges de la main de leurs confreres. On prétend que cet usage a été introduit pour empêcher les princes, les comtes, & les barons d’aspirer à entrer dans ce chapitre.
L’évêché de Worms est un des moins considérables pour le revenu ; sa situation sur le Rhin ne le rend pas pour cela plus considérable, non plus que celui de Spire, qui est un peu au-dessus, situé sur le même fleuve, & au moindre mouvement de guerre ces deux états sont ordinairement ou ruinés ou abandonnés, parce qu’ils n’ont point assez de forces pour se pouvoir soûtenir par eux-mêmes.
L’évêque d’Ausbourg, quoiqu’au milieu de l’Empire, n’a point à craindre les mêmes inconvéniens : mais son pouvoir, tant au spirituel qu’au temporel, est extrèmement borné, puisqu’il ne lui est permis de rester dans sa ville épiscopale, qu’autant que son chapitre y consent. D’ailleurs Ausbourg est une ville libre & impériale, qui ne releve que de l’Empire & de l’empereur. L’évêque de Constance, sur un lac du même nom, n’est pas plus puissant ; il ne laisse pas néanmoins d’avoir sous lui 1800 paroisses, & a été fondé par nos rois de la premiere race. La ville de Constance, autrefois impériale, ayant refusé l’interim en 1548, fut mise au ban de l’Empire, & la maison d’Autriche se l’attribua pour lors, & en jouit encore aujourd’hui.
L’évêque de Paderborn fut établi par Charlemagne, qui en fit édifier l’église l’an 777. Cet évêché est presque environné de princes protestans, qui ambitionneroient fort de s’en rendre maîtres ; c’est ce qui oblige son chapitre de choisir toûjours un prince puissant, en état de les soûtenir & de les rendre indépendans de leurs ennemis. Pour en être reçu chanoine il faut avoir étudié dans une université de France ou d’Italie, & y avoir demeuré un
an & six semaines sans découcher de la ville. Paderborn étoit autrefois libre & impériale ; mais ayant voulu faire quelque mouvement dans le xvj. siecle en faveur des protestans, elle fut mise au ban de l’Empire, & soûmise à son évêque.
Hildesheim, dont l’évêché n’est pas moins ambitionné par les protestans que celui de Paderborn, doit sa fondation à Louis le Débonnaire, qui le transféra dans cette ville l’an 814 ; car Charlemagne l’avoit auparavant établi dans le bourg d’Eltze. Quoique la plûpart des habitans soient protestans, ils ne laissent pas de reconnoître l’évêque pour leur souverain aussi-bien que le font les Catholiques. C’est peut-être la seule église qui ait des chorévêques ; & lorsqu’un chanoine a fait sa résidence pendant trois mois, il peut être absent pendant six ans, savoir deux ans pour voyager, deux autres par dévotion, & enfin deux années pour raison de ses études.
Ratisbonne, ville située sur le Danube, est une des plus anciennes de l’Allemagne : son évêque établi vers l’an 740, est prince de l’Empire, & ne releve que du saint-siege pour le spirituel ; mais il n’est pas maître dans sa ville, qui est libre & impériale dès la fin du xij. siecle. Elle sert aujourd’hui de lieu d’assemblée pour les dietes de l’Empire, & c’est ce qui la rend si considérable. Les Catholiques y possédent la cathédrale & plus de vingt autres églises ; mais ils y ont si peu de crédit, qu’ils sont exclus non-seulement de la magistrature, mais même du droit de bourgeoisie.
Osnabruk, beaucoup moins ancienne, doit sa fondation à Charlemagne en 776, & elle en conserve précieusement les titres. Son évêque est souverain d’un pays riche & abondant, qui s’étend dans la Westphalie. Les luthériens ont quatre chanoines qui entrent au chapitre de cette église, & l’évêque est alternativement catholique & protestant ; mais ce dernier doit être choisi dans la maison de Brunswick Lunebourg. Alors l’archevêque de Cologne, comme métropolitain, a soin de pourvoir au spirituel, & le pape y nomme un vicaire apostolique.
L’évêché & principauté de Munster est une des plus considérables de l’Empire ; son évêque fut établi l’an 794 à la sollicitation de Charlemagne, qui le dota de grands biens. Mais comme Munster n’étoit pas encore bâtie, la fondation se fit à Mimingerode ; & au commencement du jx. siecle, le second évêque nommé Herman fit bâtir un monastere, & c’est du nom de monasterium que la ville qui se forma pour lors prit son nom. Cet évêque n’est devenu prince de l’Empire qu’en 1246. L’empereur Frédéric II, qui nommoit à cet évêché, y renonça & remit au chapitre le droit d’élire son évêque. C’est dans cette ville que fut conclu, en 1648, le fameux traité par lequel le roi d’Espagne reconnoît les états généraux des Provinces. Unies, comme des souverains, libres & indépendans. C’est une obligation des plus essentielles que la Hollande doit à la France, par laquelle les Etats avoient toûjours été soutenus & secourus depuis le commencement de la révolution.
Les évêchés d’Aichstet & de Strasbourg sont moins étendus, & fournissent beaucoup moins aux charges de l’Empire. Le premier, situé entre le haut Palatinat & la Baviere, doit son établissement à S. Boniface archevêque de Mayence, qui le fonda l’an 748. La dignité de prince de l’Empire, avec séance à la diette, fut conservée à l’évêque de Strasbourg par l’Empereur Charles VI, quoique la plus grande partie du territoire de ce prélat soit aujourd’hui sous la domination de la France : mais il en a conservé beaucoup au-delà du Rhin sur les terres de l’Empire, où s’étend sa jurisdiction tant spirituelle que temporelle.
Quoique l’évêché de Liege soit enclavé dans les Pays-Bas, il ne laisse pas d’être un des princes les