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me pour les grandes églises ; de proviseur, fabricien, marguillier, receveur, pour les églises de moindre considération. Voyez Avoué, Vidame, Proviseur

Dès l’an 407, on voit cependant un concile de Carthage demander à l’empereur pour les églises des défenseurs qui fussent scholastiques, c’est-à-dire des avocats en charge, ayant pouvoir du prince d’entrer & de faire des recherches dans les cabinets, dans les papiers des juges & d’autres magistrats, toutes les fois qu’il seroit jugé nécessaire pour l’intérêt de l’Eglise. On ignore ce qui fut statué sur cette demande. Voyez Scholastique. Chambers.

Le P. Pétau croit que d’abord ces défenseurs étoient laïques ; mais le P. Morin & M. Godefroi montrent par les actes du concile de Chalcédoine qu’ils faisoient partie du clergé, & même que quelques-uns d’entr’eux étoient prêtres. Bingham remarque qu’on ne doit point confondre les défenseurs avec une autre espece d’officiers ecclésiastiques que l’on nommoit cancellarii, ces deux offices étant expressément distingués dans la novelle II. d’Héraclius, rapportée par Leunclavius, Juris. Græc. Roman. tom. I. pag. 79. On croit que ces derniers étoient des notaires ou des écrivains ; au lieu que les défenseurs des églises étoient chargés de l’inspection sur la conduite des moines & des clercs, du soin particulier du temporel des églises, & d’en poursuivre devant les magistrats les causes, soit civiles, soit criminelles. Possidius, dans la vie de S. Augustin, rapporte que le défenseur de l’église d’Afrique employa les voies de droit pour réprimer les violences que les circoncellions exerçoient contre les catholiques. Voyez Circoncellions. Bingham. Orig. eccles. tom. II. liv. III. chap. xj. 021. 123. & seq.

L’empereur dans la cérémonie de son sacre prend encore la qualité d’avocat ou d’avoüé de l’église. Et les rois de la Grande-Bretagne conservent encore aujourd’hui le titre de défenseurs de la foi, donné en 1521 à Henri VIII. par le pape Léon X. à l’occasion des écrits que ce prince fit contre Luther, & confirmé depuis par Clément VII. Chamberlayne prétend que long-tems avant cette époque les rois d’Angleterre portoient ce titre ; & il cite pour preuve plusieurs patentes plus anciennes, accordées à l’université d’Oxford ; ensorte que selon cet auteur, la bulle de Léon X. n’est que le renouvellement ou la confirmation d’un ancien droit, dont jouissoient depuis long-tems les monarques Anglois. Etat présent de la Grande-Bretagne, liv. I. Chambers. (G)

DÉFENSIF, adj. terme de la Chirurgie médicale, remede topique qu’on applique sur une partie pour empêcher l’inflammation & le gonflement qui pourroit y survenir. Ce mot vient du verbe latin defendere. Les défensifs se tirent communément de la classe des remedes astringens & répercussifs. Ils excitent dans les solides une contraction & un ressort qui empêche les vaisseaux de se laisser engorger au point où ils auroient pû l’être sans cette précaution. Fabrice d’Aquapendente ne vouloit pas qu’ils fussent appliqués sur le lieu d’une blessure ; mais en chemin, un peu plus haut que la plaie ; c’est pourquoi il leur donne aussi le nom de remedes qui interceptent, intercipientia. L’usage des défensifs peut être dangereux. Les anciens s’en servoient communément dans toutes les plaies qui demandent une prompte réunion. Ces médicamens qui resserrent le calibre des vaisseaux, s’opposent à l’inflammation ; & c’est un bien d’éviter un accident qui est un grand obstacle à la réunion. Mais ces exemples de réussite ont produit des abus. Il ne faut pas confondre l’inflammation avec ce genre de tumeur ou de gonflement qui arrive aux plaies accompagnées d’étranglement. On risqueroit beaucoup à employer les défensifs astringens dans ce

dernier cas. Les remedes huileux & relâchans conviennent bien mieux pour prévenir ces sortes de gonflemens, qui sont sur-tout à craindre dans les plaies, où quelque partie tendineuse ou aponévrotique a été intéressée. Les anciens y étoient assez attentifs, car ils prescrivent souvent comme défensifs l’huile de myrthe, l’huile rosat omphacin, c’est-à-dire, qui est faite avec des olives qui n’avoient point acquis leur maturité, & dans laquelle on a fait infuser des boutons de roses rouges astringentes : mais l’huile, malgré la vertu que d’autres médicamens peuvent lui donner, agit toujours principalement comme topique adoucissant & relâchant. Voilà donc deux classes de défensifs, c’est-à-dire, de médicamens capables de défendre une partie malade de quelque accident : il faut donc être attentif à bien saisir l’indication pour faire choix de ces remedes, & les approprier à l’espece d’accident dont on veut préserver la partie.

Dans les entorses, & dans toutes les extensions forcées des tendons, ligamens & aponévroses, on applique avec succès, dans les premiers tems, avant que l’inflammation ait pû se former, un défensif fait avec le blanc d’œuf, dans lequel on fait fondre de l’alun crud : c’est la formule la plus usitée ; on y ajoute ordinairement du bol d’Arménie. Ce liniment est très-convenable sur le voisinage des plaies contuses pendant les premiers jours. Mais le remede le plus efficace, & sans lequel tous ces répulsifs seroient peu profitables, c’est la saignée, qu’il faut réiterer prudemment, suivant la nature de la maladie, le danger qu’elle présente ou qu’elle fait craindre, suivant l’âge & les forces. On incorpore le bol d’Arménie dans de la térébenthine ; c’est un défensif qu’on applique avec succès sur les parties contuses intérieurement par la résistance des os, ou par leur fracture ou dislocation. Dans ces derniers cas, la premiere piece de l’appareil des anciens étoit l’étoupade. C’étoient des étoupes trempées dans des blancs d’œufs, auxquels on ajoutoit des poudres astringentes, lorsque le cas paroissoit demander beaucoup d’astriction. Ces poudres se préparoient avec le bol d’Arménie, le sang-de-dragon, les myrtilles, les balaustes ou fleurs de grenadier, &c. On les mélangeoit avec le blanc d’œuf en dose suffisante pour donner au médicament la consistance de miel. La douleur étoit une contre-indication pour ces topiques. On se servoit alors d’huile de myrthe ou rosat, ou du cerat rosat étendu sur un linge ; & par-dessus on mettoit les étoupes trempées dans le blanc-d’œuf avec les poudres astringentes : mais alors on devoit plûtôt les regarder comme un moyen glutinatif, pour contenir les parties, que comme remede défensif.

Dans les plaies des jointures, Ambroise Paré recommande le défensif fait de blanc d’œuf, d’huile rosat, avec du bol, du mastic, & de la farine d’orge. Il dit qu’il faut éviter les remedes émolliens & relâchans, & il prescrit le cataplasme suivant : prenez son, farine d’orge & de fèves, de chacun trois onces ; fleurs de camomille & de mélilot, demi-poignée ; térébenthine, quatre onces ; miel commun, une once ; oximel simple, oxycrat, ou lessive commune, autant qu’il en faut pour faire le cataplasme. Voici une autre formule du même auteur pour le même cas : prenez lie de vin, son de froment, du tan, noix de cyprès, de galles, & térébenthine, pour en faire un cataplasme défensif.

On néglige peut-être trop dans la Chirurgie moderne l’application des défensifs dans le premier appareil des grandes opérations. Les anciens ne manquoient jamais d’appliquer l’alun & le blanc-d’œuf sur l’œil après l’opération de la cataracte, de la fistule lacrymale, &c. Ils mettoient des défensifs plus composés sur le perinée & le scrotum, après l’opé-