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de trois ou quatre toises. Pour le parapet, il est dans les dehors de la même épaisseur qu’au corps de la place. Les fossés des dehors ont dix ou douze toises de largeur ; ils sont arrondis vis-à-vis les angles flanqués ou saillans.

Lorsqu’on construit un plan auquel on veut ajoûter des dehors, l’enceinte de la place étant tracée au crayon avec son fossé, il ne faut point y marquer le chemin couvert, mais construire les dehors auparavant, & y ajoûter le chemin couvert ensuite, qui est comme l’enveloppe de toutes les fortifications.

Au reste, quoique les dehors ayent plusieurs utilités, leur grand nombre dans une place peut être sujet à plusieurs inconvéniens : il faut des armées pour les défendre pié à pié, & faire payer cherement leur prise à l’ennemi ; autrement il s’en empare sans obstacles, ou du moins leur défense ne peut être soûtenue autant qu’elle pourroit l’être. Il suit de-là qu’on doit les proportionner à l’importance des places, aux garnisons qu’elles peuvent avoir, & aux munitions dont on croit pouvoir les approvisionner. (Q)

Dehors, mettre un vaisseau dehors, (Marine.) c’est le faire sortir du port lorsqu’il est équipé & en état de faire le voyage pour lequel il est destiné.

Lorsqu’un navire est affreté du consentement des propriétaires, & que pour le mettre dehors ils refusent de donner leur contingent pour les frais nécessaires ; alors le maître peut emprunter à grosse aventure pour le compte & sur la part de ceux qui font refus de donner les sommes auxquelles ils sont engagés pour cet armement, & ce, vingt-quatre heures après leur en avoir fait la demande & la sommation par écrit. (Z)

Dehors, terme de Manege, c’est le côté opposé à celui sur lequel le cheval tourne ; si le cheval tourne à droite, toutes les parties gauches du cheval & du cavalier, comme les hanches, la main, l’épaule, &c. sont les parties de dehors ; enfin c’est l’opposé de dedans. Voyez Dedans, Muraille. Le quartier de dehors du pié, voyez Quartier. (V)

DEICIDE, s. m. (Théolog.) On ne se sert de ce mot qu’en parlant de la mort à laquelle Pilate & les Juifs condamnerent le Sauveur du monde. Ce mot est formé de Deus, Dieu, & cædo, je tue. Deicide signifie mort d’un homme-Dieu, comme homicide le meurtre d’un homme, parricide, celui d’un pere, & autres semblables composés. Cependant c’est comme homme, & non comme Dieu, que le Christ est mort. (G)

DÉJECTION, s. f. se dit, en Medecine, de l’évacuation des excrémens par l’anus : on appelle aussi très-souvent de ce nom les matieres mêmes évacuées.

Il se présente à ce sujet plusieurs choses à considérer : 1°. l’action ou la fonction par laquelle cette évacuation se fait naturellement : 2°. les dérangemens de cette fonction : 3°. la nature des matieres fécales dans l’état de santé : 4°. les changemens qu’elles éprouvent dans les maladies, & les prognostics que l’on peut en tirer.

I. Les excrémens évacués par le fondement dans l’état naturel, ne sont autre chose que le marc des alimens, & les parties les plus grossieres des sucs digestifs qui ont servi à leur dissolution & à l’élaboration du chyle ; celles-ci sont en petite quantité : les alimens ne peuvent être tirés que du regne végétal ou du regne animal : ils sont donc des corps ou des portions de corps composés de différens canaux, conduits ou vaisseaux, qui contiennent des fluides, des sucs de différente espece. Par les diverses préparations qui s’en font, soit au-dehors soit au-dedans du corps, avant que d’être convertis en suc alimentaire, il n’en résulte autre chose qu’une division des parties contenantes & une effusion des contenues,

qui sont ensuite broyées, dissoutes, mêlées ensemble : tout cela se fait par le concours de différentes puissances méchaniques & physiques. Voyez Digestion.

La matiere alimentaire ayant été digérée par l’action de ces puissances dans la bouche, dans l’estomac, & dans les intestins grêles, a été exprimée & a perdu la plus grande partie de la fluidité qu’elle avoit acquise par le mêlange des sucs dissolvans, par la dissolution qui en a résulté, par la division des solides atténués au point d’être convertis en fluides ; presque tout ce qui a pû pénétrer les pores des veines lactées, a été exprimé des parties restées grossieres, ensorte que le résidu, qui n’est qu’un composé de solides rompus, déchirés, qui ont résisté à une division ultérieure, continue à avancer dans le canal intestinal par le mouvement péristaltique des gros boyaux, savoir le cœcum, le colon, & le rectum successivement de l’un à l’autre. Les tuniques de ces organes, plus fortes que celles des intestins grêles, attendu qu’elles sont destinées à agir sur des matieres plus résistantes, expriment de plus en plus le marc des alimens qu’elles contiennent, ce qui acheve la séparation du peu de chyle qui y restoit, qui est absorbé par les veines lactées qui répondent à leur cavité en petit nombre, attendu qu’il y a peu de chyle à recevoir.

De cette maniere, la partie fécale des alimens parvient enfin à l’extrémité du canal intestinal, qui est enduit d’une matiere muqueuse dans toute la longueur des gros boyaux sur-tout ; pour en faciliter le transport sur des surfaces glissantes. Les excrémens s’arrêtent dans la partie du rectum la plus voisine de l’anus, & s’y placent successivement : ils y sont retenus par le sphincter de l’anus, dont les fibres orbiculaires tendent à rester toûjours en contraction, & à fermer par conséquent le bout du canal, qui est entouré d’un tissu cellulaire rempli de graisse, pour en faciliter la dilatation par un plus grand amas de matiere, & pour empêcher qu’il ne soit froissé contre les os voisins. Le séjour qu’elles font dans cette espece de cul-de-sac, exposées à la chaleur & à l’humidité, impregnées des parties les plus âcres & les plus grossieres de la bile, les dispose à se corrompre d’autant plus qu’elles sont arrêtées plus long tems : il s’y excite un mouvement intestin de putréfaction qui en divise de plus en plus les parties visqueuses. Les particules d’air qui s’y trouvent enchaînées se développent ; étant unies elles recouvrent leur élasticité, elles se raréfient, gonflent les boyaux, sont réprimées, mises en mouvement vers les endroits où elles trouvent moins de résistance, d’où résultent les bruits d’entrailles, qu’on appelle borborigmes, & les vents qui sortent du derriere avec ou sans bruit, selon qu’ils sont plus ou moins forcés de sortir. Voy. Borborigme, Pet. Ce qui vient d’être dit des excrémens dans le rectum, doit aussi s’entendre de toute la longueur des gros boyaux, selon que la matiere y est plus ou moins retenue dans les intervalles des valvules, qui forment comme autant de poches, d’où elle sort plus difficilement, à proportion qu’elle est d’une consistance plus épaisse, plus desséchée.

La masse fécale composée de matieres très-disposées à se pourrir, armées des parties grossieres de la bile, sur-tout de celle de la vésicule du fiel la plus épaisse & la plus âcre, qui y sont mêlées, étant, avec ces qualités, déposée dans le rectum, cause enfin par le volume & par l’acrimonie qu’elle y contracte ultérieurement, une irritation dans les tuniques musculeuses de cette portion du canal intestinal, qui par leur forte contraction dans toute son étendue, en resserrent la partie supérieure, tandis que par une compression redoublée elles forcent les matieres contenues, qui ne peuvent pas retrograder,