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mêlez le tout ensemble, & sur un petit feu réduisez-le sous la forme d’un électuaire.

Electuaire diaprun purgatif. ♃. De l’électuaire diaprun simple, que nous venons de décrire, douze onces ; & lorsqu’il est encore un peu chaud, mêlez-y exactement de la scammonée exactement pulvérisée, une demi-once, & l’électuaire sera fait.

Cet électuaire est un purgatif assez fort, sur-tout à la dose d’une once, qui contient un scrupule de scammonée, qui ne paroît cependant pas agir dans ce mélange avec la même énergie que lorsqu’on la prescrit seule ; ainsi la pulpe de pruneaux peut être regardée comme corrigeant véritablement ce purgatif violent. Voyez Scammonée, Correctif.

DIARBEK, DIARBEKIR, (le) Géog. mod. & anc. c’est la Mésopotamie des anciens ; elle est située entre le Tigre & l’Euphrate, dans la Turquie asiatique : elle a pour capitale une ville nommée Diarbek, Diarbekir, & Amed, sur le Tigre, Long. 57. 35. lat. 36. 58.

DIARRHÉE, s. m. διάῤῥοια, ἀπὸ τοῦ διαῤῥεῖν, à perfluendo, (Medecine.) genre de maladie qu’Hippocrate & Galien désignent souvent sous le nom de ῥοώδης, & qui est appellé en latin diarrhæa, alvi profluvium, &, selon Celse, fluxus ventris, flux de ventre, signifie en général toute sorte de déjection de matiere liquide, plus fréquente que dans l’état naturel.

Si la déjection est accompagnée de cours de ventre & de douleur, on a coûtume de la nommer dyssenterie ; si les alimens sont rendus par la voie des excrétions fécales, sans avoir presqu’éprouvé aucune altération, on nomme cette espece de diarrhée, lienterie. L’affection cœliaque en est une autre espece, dans laquelle on rend avec les excrémens une partie notable du chyle, qui auroit dû passer dans les veines lactées, &c. Voyez Dyssenterie, Lienterie, &c.

Presque toutes les humeurs du corps humain peuvent être portées par leurs vaisseaux dans le canal des intestins, comme la mucosité des narines, de la bouche, du gosier, de l’œsophage, de l’estomac, & de tous les boyaux ; la salive, le suc gastrique, pancréatique, intestinal ; la bile hépatique & cystique, la lymphe, le sang des vaisseaux mesentériques, &c.

La matiere de la diarrhée peut donc être de différente nature, selon ses différentes causes ; mais il est reçû parmi les Medecins, que l’on entend par le mot diarrhée spécialement pris, une fréquente évacuation par les selles, d’une matiere tenue, stercoreuse, purulente, sanieuse, aqueuse, muqueuse, pituiteuse, glutineuse, adipeuse, écumeuse, bilieuse, atrabilaire, qui tient plus ou moins de l’une de ces qualités mêlées ou distinctes, & plus ou moins âcres, qui vient des intestins immédiatement, & qui sort quelquefois avec les excrémens, & quelquefois seule : elle est souvent accompagnée de tranchées, mais non pas essentiellement.

Il se présente trois choses sur-tout à considérer avec attention dans les diarrhées, pour parvenir à en bien connoître la nature, à juger quel en sera l’évenement, & à saisir les indications convenables pour la curation. Elles consistent à bien distinguer, 1° les différentes matieres de l’évacuation ; 2° les diverses parties du corps qui les fournissent ; & 3° les causes qui font qu’elles se ramassent dans les intestins en plus grande quantité que dans l’état naturel, & qu’elles sortent ensuite par la voie des selles.

I. La mucosité, cette humeur lente, épaisse, qui est susceptible de se durcir, comme du tuf, en se desséchant, & de se liquéfier de nouveau par la macération dans l’eau ; qui sert à enduire la membrane

des narines & de toutes les premieres voies, peut fournir la matiere de la diarrhée muqueuse, si elle vient à se ramasser en plus grande abondance qu’à l’ordinaire, en se détachant par quelque cause que ce soit, des surfaces qu’elle doit lubrifier ; s’il s’en sépare davantage, comme dans le catharre, qui peut affecter les entrailles, ensorte qu’il s’y porte une plus grande quantité de cette humeur, comme il arrive aux narines, où il s’en fait une copieuse excrétion dans cette même maladie, il s’en évacue de même beaucoup par l’anus ; ce qui établit le cours de ventre, auquel peut également donner lieu cette même humeur muqueuse viciée devenue trop abondante par la glutinosité dominante des liquides, & changée en une matiere pituiteuse, vitrée, transparente, & tremblante comme de la gelée.

La salive & les différens sucs digestifs de nature lymphatique ; la bile hépatique, lorsqu’elle est bien délayée, peuvent aussi fournir la matiere du cours de ventre, si toutes ces humeurs excrémentitielles ne sont pas absorbées dans le canal intestinal, pour être remêlées avec le sang ; & comme il s’en sépare une grande quantité dans toute l’étendue des premieres voies, il s’en peut ramasser assez pour une évacuation fréquente & copieuse, qui prive le corps de beaucoup de bons fluides, & peut occasionner dans la suite des obstructions, la foiblesse, l’atrophie, parce que les humeurs grossieres perdent leur véhicule ; parce que les alimens ne pouvant pas fournir de quoi réparer cette perte, les secrétions des liquides qui servent à la digestion, se font imparfaitement ; le chyle est mal travaillé, le suc nerveux, la lymphe nourriciere, manquent, d’où suivent les effets mentionnés.

La sérosité du sang épanchée dans quelque cavité, étant repompée par les veines, peut être portée dans le canal intestinal, par analogie avec les différentes secrétions qui s’y font, & fournir la matiere d’une diarrhée aqueuse, séreuse, comme on le voit souvent dans les hydropiques, d’une maniere salutaire, selon que l’a observé Hippocrate dans ses prénotions de cos.

La bile cystique, si elle vient à contracter trop d’âcreté, irrite fortement les boyaux dans lesquels elle coule continuellement ; elle les excite à de fortes contractions, qui resserrent les orifices des vaisseaux absorbans, ensorte qu’elle est poussée tout le long des intestins avec vélocité, jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à leur extrémité, pour être chassée hors du corps, ce qui constitue le plus souvent la cause de la diarrhée, & en fournit la matiere, qui est de différente nature, selon que la bile est elle-même différemment viciée ; d’où les déjections sont de différente couleur, comme jaunes, vertes, noires, &c. Voyez Bile.

Des abcès rompus, versés dans les premieres voies, ou dans des parties qui y communiquent ; de petits ulceres qui y ont leur écoulement, peuvent fournir la matiere d’une diarrhée purulente sanieuse.

La graisse rendue plus fluide que dans l’état naturel, par la chaleur de la fievre ou par les causes de la consomption, venant à être mêlée dans la masse des humeurs, peut être portée par les lois des secrétions dans les colatoires intestinaux, & y établir une diarrhée adipeuse.

Les matieres morbifiques, de quelque nature qu’elles soient, peuvent aussi, ou par leur abondance ou par leur coction, avoir les dispositions nécessaires pour être portées de toutes les parties du corps par les différentes voies qui conduisent aux boyaux, & y former une diarrhée symptomatique ou critique.

II. Les narines ont une libre communication avec le gosier, aussi-bien que la bouche ; celui-ci avec