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qu’elle se fasse pour connoître si la quantité d’argent que le plomb contient, peut être affinée avec bénéfice, ou à dessein de connoître quelle est la quantité d’argent que contient le plomb grenaillé qu’on employe aux essais, à laquelle on donne le nom de grain de plomb, de grain de fin, ou de témoin (voyez ces mots). Si on fait l’affinage dans un cendré, ou grande coupelle, on se sert des fourneaux qu’on trouvera dans nos Pl. Voyez leur explication.

Il est essentiel de donner chaud sur la fin, pour occasionner la destruction totale du plomb, dont il ne manquera pas de rester une petite quantité dans l’argent, qui induiroit en erreur. Il est vrai que quand le bouton est tant-soit-peu considérable, il est assez sujet à en retenir quelque portion dont on le dépouille par le raffinage, lequel détruira en même tems le cuivre qui peut s’y trouver.

Le raffinage de l’argent n’est que la repétition de l’opération que nous venons de détailler, excepté qu’on y ajoûte du plomb granulé à diverses reprises. Voyez Raffinage.

L’affinage & le raffinage en grand, sont précisément les mêmes qu’en petit. On peut retirer par la coupelle l’argent de quelques-unes de ses mines, en les raréfiant avec parties égales de litharge, si elles sont de fusion difficile, les pulvérisant, leur ajoûtant huit fois autant de plomb granulé, si elles sont douces, ou le double, si elles sont rebelles. On met d’abord la moitié de la grenaille, à laquelle on ajoûte la mine rotie par fractions. Le coupelage se fait comme nous l’avons mentionné.

Si l’argent contient de l’or, on le précipite & on le coupelle en même tems. On les sépare au moyen du départ. Voyez ce mot & Inquart.

La mine de cuivre pyriteuse, sulphureuse, & arsénicale, se traite par la torréfaction & la précipitation, comme celle de plomb ; avec cette différence, qu’il faut la rotir jusqu’à trois fois en la triturant à chaque fois pour faire paroître de nouvelles surfaces, & achever de la dépouiller de son soufre & de son arsenic : comme ces matieres facilitent la fonte de la mine, il faut donner peu de feu au commencement du grillage, de crainte qu’elle ne se grumelle, sur-tout quand la mine est douce ; auquel cas l’opération dure le double de tems. On ajoûte un peu de graisse sur la fin pour achever de dissiper le reste du soufre, & empêcher que le cuivre ne devienne irréductible par la perte totale de son phlogistique.

Si la mine contient beaucoup de cuivre, la poudre en sera noirâtre : elle sera d’autant plus rouge, qu’elle sera mêlée d’une plus grande quantité de fer. Mêlez cette poudre avec égal poids d’écume de verre, & quatre fois autant de flux noir : mettez le tout dans un creuset, & avec les précautions que nous avons dit, vous aurez un culot demi-malléable, ordinairement noirâtre, & quelquefois blanchâtre, qu’on appelle communément cuivre noir.

On purifie ce cuivre noir en le mettant sur un test avec un quart de plomb granulé, s’il n’en contient point. On lui donne un feu capable de le faire bouillir legerement. Le cuivre est raffiné quand on apperçoit sa surface pure & brillante ; mais comme on ne peut savoir au juste quelle est la quantité de cuivre fin qu’on devoit retirer, parce que le plomb en a détruit une partie, il faut compter une partie de cuivre détruite par douze de plomb. Tels sont à-peu-près les rapports qu’on a découverts là-dessus.

On raffine encore le cuivre noir en le mettant au creuset avec égale quantité de flux noir : on le pile avant, & on le torréfie plusieurs fois, s’il est extrémement impur.

On vient à bout de délivrer ainsi le cuivre de toute matiere étrangere, excepté de l’or & de l’argent,

qui demandent une opération particuliere qu’on appelle liquation. Voyez cet article.

Nous transcrirons ici la méthode de M. Cramer, pour tirer l’étain de sa mine. Après l’avoir séparée de ses pierres & terres par le lavage, mettez-en six quintaux dans un test ; couvrez-le, & le placez sous une moufle embrasée ; découvrez-le quelques minutes après. Il n’en est pas de cette mine, comme de celle de cuivre & de plomb dont on a parlé ; elle ne pâte point à la violence du feu : si-tôt que les fumées blanches disparoîtront, & que l’odeur d’ail, qui est celle de l’arsenic, ne se fera plus sentir, ôtez le scorificatoîre : la mine étant refroidie, grillez-la une seconde fois, jusqu’à ce que vous ne sentiez plus d’odeur arsenicale, après l’avoir retirée. L’odorat est beaucoup meilleur juge que la vûe en ces sortes d’occasions. Si vous craignez d’être incommodé en respirant sur le test, couvrez-le d’une lame de fer épaisse & froide, & la retirez avant qu’elle ait eu le tems de s’y échauffer : elle sera couverte d’une vapeur blanchâtre, si la mine contient encore quelque peu d’arsenic.

On réduit cette mine rotie comme celle de plomb, excepté qu’on lui ajoûte un peu de poix.

On ne trouve presque jamais de mine d’étain sulphureuse : c’est au moyen de l’arsenic que ce métal est minéralisé, & pour lors la mine en est blanche principalement, demi-diaphane, & ressemble en quelque façon, quant à l’extérieur, à un spath ou à une stalactite blanche : elle est obscure quand il s’y trouve du soufre ; mais la quantité de ce minéral ne mérite pas d’entrer en considération auprès de celle de l’arsenic. Comme l’arsenic entraîne avec lui beaucoup d’étain, à l’aide du feu, qu’il le calcine rapidement, détériore le reste, & le réduit en un corps aigre & demi métallique ; il est essentiel d’en dépouiller sa mine par la torréfaction, le plus qu’il est possible. Il est à observer que ce métal se détruit en d’autant plus grande quantité & d’autant plus aisément, que sa mine supporte mieux la violence du feu, sans se réunir en masse. Alors il est irréductible, & se convertit en une scorie assez réfractaire, au lieu de se réduire. Il faut ajoûter à cela que l’étain provenant d’une mine à laquelle on a donné la torture par le feu, n’est jamais si bon que quand il n’a éprouvé du feu que le degré convenable de durée & d’intensité. On peut vérifier cette doctrine avec le bon étain réduit : alors on reconnoîtra qu’il devient d’autant plus chétif, qu’il est calciné & réduit plus de fois, & qu’on le traite à un feu plus fort, plus long, & plus pur. Voyez Etain.

On ne peut donc guere compter sur l’exactitude d’un essai fait par la réduction & précipitation dans les vaisseau fermés de tout métal destructible au feu, & de l’étain sur-tout. Il est bien rare qu’un artiste, quelque exercé qu’il soit, qui répetera plusieurs fois ce procédé, retire des culots d’égal poids de la même mine, quoique réduite en poudre, & exactement mêlée. La mine ou la chaux d’étain sont assez réfractaires, quand il s’agit de les réduire, & ont conséquemment besoin d’un grand feu. L’étain au contraire se détruit au même feu qui l’a réduit. On peut juger en quelque façon si une mine d’étain est riche ou pauvre, ou si elle tient un milieu entre ces deux états ; mais cela n’est presque pas possible à une livre près ; car on n’a aucun signe, pendant l’opération, qui indique si la précipitation est faite ; ensorte que l’on n’a de ressource que dans les conjectures. Il faut se rappeller à ce sujet les indices qui ont été donnés de l’issue de l’opération du plomb, qui est la même que celle-ci. D’ailleurs le flux salin, dont l’effet est de faciliter la scorification, n’a de matiere sur laquelle il puisse agir, que l’étain lui-même, vû qu’on sépare de sa mine les matieres terrestres qui y