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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/233

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sans veine & sans écorce, très-pesant, astringent, & d’un goût âcre.

Son écorce infusée dans de l’eau, est, dit-on, bonne pour la pituite & les maux vénériens ; c’est ce qui a fait que Matthiolus a pris le guaïac pour une sorte d’ébene. Lorsqu’on en met sur des charbons allumés, il s’en exhale une odeur agréable. L’ébene verd prend aisément feu, parce qu’il est gras : lorsqu’on en frotte une pierre, elle devient brune. C’est de ce bois que les Indiens font les statues de leurs dieux & les sceptres de leurs rois. Pompée est le premier qui en ait apporté à Rome, après avoir vaincu Mithridate. Aujourd’hui que l’on a trouvé tant de manieres de donner la couleur noire à des bois durs, on employe moins d’ébene qu’autrefois.

L’ébene verd se trouve à Madagascar, à Saint-Maurice, dans les Antilles, & sur-tout dans l’île de Tobago. L’arbre qui le produit est très-touffu ; ses feuilles sont unies, & d’un beau verd : sous sa premiere écorce il y en a une seconde, blanche, de la profondeur de deux pouces ; le reste, jusqu’au cœur, est d’un verd foncé, tirant sur le noir : quelquefois on y rencontre des veines jaunes. L’ébene ne sert pas seulement aux ouvrages de mosaïque, on l’employe encore dans la teinture, & la couleur qu’on en tire est un très-beau verd.

Quant à l’ébene rouge, appellée aussi grenadille, on n’en connoît guere que le nom.

Les Ebénistes, les Tabletiers, &c. font souvent passer pour de l’ébene le poirier & d’autres bois, en les ébénant ou leur donnant la couleur noire de l’ébene. Pour cet effet ils se servent d’une décoction chaude de noix de galles, de l’encre à écrire, d’une brosse rude, & d’un peu de cire chaude qui fait le poli ; d’autres se contentent de les chauffer ou brûler. Dict. de Comm. de Trévoux, & Chambers.

Ebene fossile, (Hist. nat.) Agricola & quelques autres Naturalistes ont donné ce nom à une espece de terre alumineuse fort noire, à cause de sa ressemblance avec le bois d’ébene. Peut-être aussi est-ce une espece de terre bitumineuse, analogue au jayet. (—)

EBENFORT, (Géog. mod.) ville de l’archiduché d’Autriche en Allemagne.

EBENISTE, s. m. Menuisier qui travaille en ébene. On donne le même nom à ceux qui font des ouvrages de rapport, de marqueterie & de placage, avec l’olivier, l’écaille & autres matieres.

Ces matieres coupées ou sciées par feuilles, sont appliquées avec de la bonne colle d’Angleterre sur des fonds faits de moindres bois, où elles forment des compartimens. Voyez Marqueterie.

Quand les feuilles sont plaquées, jointes & collées, on laisse la besogne sur l’établi ; on la tient en presse avec des goberges, jusqu’à ce que la colle soit bien seche. Les goberges sont des perches coupées de longueur, dont un bout porte au plancher, & dont l’autre est fermement appuyé sur la besogne avec une cale ou coin mis entre l’ouvrage & la goberge.

Les Ebénistes se servent des mêmes outils que les autres Menuisiers ; mais comme ils employent des bois durs & pleins de nœuds, tels que les racines d’olivier, de noyer & autres, qu’ils appellent bois rustiques, ils ont des rabots autrement disposés que dans la Menuiserie ordinaire, qu’ils accommodent eux-mêmes selon qu’ils en ont besoin ; ils en font dont le fer est demi-couché, d’autres où il est debout, & d’autres dont les fers ont des dents. Lorsqu’ils travaillent sur du bois rude, ils se servent de ceux dont le fer est à demi-couché : si le bois est extraordinairement rude & dur, ils employent ceux dont le fer est debout ; & lorsque la dureté du bois est si excessive qu’ils craignent de l’éclater, ils se servent de ceux qui ont de petites dents, comme

des limes ou truelles bretées, afin de ne faire que comme limer le bois, ce qui sert aussi à le redresser.

Lorsqu’ils ont travaillé avec ces sortes d’outils, ils en ont d’autres qu’ils nomment racloirs, qui s’affutent sur une pierre à huile ; ils servent à emporter les raies ou bretures que le rabot debout & celui à dents ont laissées, & à finir entierement l’ouvrage. Dict. de Comm. & Chambers.

EBERBACH, (Géog. mod.) ville du palatinat du Rhin, sur le Neckre en Allemagne.

EBERSTEIN, (Géog. mod.) partie de la Soüabe en Allemagne ; elle a titre de comté : le château d’Eberstein en est le chef-lieu.

EBIONITES, s. m. pl. (Théolol.) anciens hérétiques qui parurent dans le premier siecle de l’Eglise, & qui entr’autres choses nioient la divinité de J. C. Voyez Ariens. La plus commune opinion est que leur chef s’appelloit Ebion, & qu’ils en ont tiré leur nom : ils parurent vers l’an 75 de J. C.

Selon quelques-uns, le mot Ebionites vient du mot hébreu ebion, qui signifie pauvre, & fut donné à ces hérétiques à cause des idées basses qu’ils avoient de J. C. étymologie un peu forcée.

Les Ebionites se disoient disciples de S. Pierre, & rejettoient S Paul, sur ce qu’il n’étoit pas Juif d’origine, mais un Gentil prosélyte. Ils observoient, comme les fideles, le dimanche, donnoient le baptême & consacroient l’Eucharistie, mais avec de l’eau seule dans le calice. Ils soûtenoient que Dieu avoit donné l’empire de toutes choses à deux personnages, au Christ & au diable ; que le diable avoit tout pouvoir sur le monde présent, le Christ sur le siecle futur ; que le Christ étoit comme l’un des anges, mais avec de plus grandes prérogatives ; que Jesus étoit né de Joseph & de Marie par la voie de la génération, & qu’ensuite, à cause de ses progrès dans la vertu, il avoit été choisi pour fils de Dieu par le Christ, qui étoit descendu en lui d’en-haut en forme de colombe. Ils ne croyoient pas que la foi en Jesus-Christ fût suffisante pour le salut, sans les observances légales, & se servoient de l’évangile de S. Matthieu, qu’ils avoient tronqué, sur-tout en en retranchant la généalogie. Ils retranchoient aussi divers autres endroits des Ecritures, & rejettoient tous les prophetes depuis Josué, ayant en horreur les noms de David, Salomon, Isaïe, Ezéchiel, Jéremie, &c. ce qui, pour le dire en passant, prouve combien ils étoient différens des Nazaréens, avec lesquels on les a quelquefois confondus ; car les Nazaréens recevoient comme Ecritures-saintes tous les livres contenus dans le canon des Juifs. Enfin les Ebionites adoroient Jérusalem comme la maison de Dieu : ils obligeoient tous leurs sectateurs à se marier, même avant l’âge de puberté, & permettoient la polygamie. Fleuri, hist. ecclés. tome I. liv. II. tit. xlij. pag. 236 & suiv. (G)

EBIZELER, dans l’Horlogerie & les autres arts méchaniques, signifie la même chose que chamfriner. Voyez Chamfriner.

EBOTTER, est le même qu’éteter. Voy. Eteter.

EBOULER, v. act. & neut. (Jardin.) se dit d’une terrasse, d’un mur ou d’une berge de terre tombée faute de soûtien ou de bonne construction. (K)

* EBOUGEUSE, s. f. (Manuf. en laine.) femme qu’on employe dans ces manufactures, à ôter avec des pincettes de fer, les nœuds, pailles & bourats qui se trouvent aux étoffes au sortir du métier.

EBOURGEONNER, v. act. (Jardin.) L’ébourgeonnement est l’art de supprimer avec autant d’œconomie que de connoissance, les bourgeons surnuméraires d’un arbre, pour lui donner une belle forme, contribuer à sa santé & à sa fertilité : c’est le but de l’ébourgeonnement.

C’est encore par le moyen de l’ébourgeonnement