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dans tout le genre nerveux, & qui dérangeroit la circulation. De plus, on doit avoir égard au plus ou moins de gonflement & d’enflûre ; ce gonflement ne peut être produit que par l’engorgement des petits vaisseaux qui accompagnent les fibres distendues, ou par l’extravasion des liqueurs qui circulent dans ces mêmes vaisseaux, & dont quelques-uns ont été dilacérés : or ces humeurs perdent bientôt leur fluidité, & se coagulent ; & si l’on employe des remedes froids & de simples répercussifs, ils ne pourroient qu’en augmenter l’épaississement. Dans quelque circonstance que l’on se trouve, la saignée est toûjours nécessaire ; elle appaise l’inflammation ; elle calme la douleur ; elle facilite enfin la résolution des liqueurs épanchées, en favorisant leur rentrée dans des canaux moins remplis.

La résolution est sans doute la terminaison la plus desirable ; mais si le mal a été négligé, si les engorgemens ont été extrèmes, s’il y avoit surabondance d’humeurs dans l’animal au moment de l’écart ou de l’entr’ouverture, s’il n’avoit pas entierement jetté la gourme, si en un mot les liqueurs épaissies & extravasées ne peuvent pas être repompées ; nous exclurons les résolutifs, & nous aurons recours aux médicamens maturatifs ; à l’effet de donner du mouvement à ces mêmes liqueurs, de les cuire, de les digérer, & de les disposer à la suppuration. On oindra donc & l’épaule & le bras en-dehors de côté, & principalement à l’endroit de l’ars en remontant, avec du basilicum ; & si la douleur étoit trop forte, ainsi que la tension, on mêleroit avec le basilicum un tiers d’onguent d’althæa : cette partie, que l’on lavera chaque fois que l’on réitérera l’onction, avec une décoction émolliente, étant détendue, on examinera si l’on peut appercevoir quelque fluctuation ; en ce cas, on fera ouverture dans le point le plus mou, pour procurer l’issue à la matiere suppurée. Mais si cette voie ne s’offre point, on y passera un séton ou une ortie (voyez Ortie & Séton) : car il faut absolument dégager & débarrasser le membre d’une humeur qui lui ravit son action & son jeu. Le pus ainsi écoulé, on peut revenir aux répercussifs, non moins propres lorsque les dépôts sont prêts à être dissipés, que lorsqu’ils commencent à se former ; après quoi on n’oublie point de purger l’animal, & l’on termine ainsi la cure.

Le régime qu’observera le cheval pendant le traitement, sera tel : qu’on le tiendra à l’eau blanche, au son ; que le fourrage ne lui sera pas donné en grande quantité, & qu’on lui retranchera l’avoine. De plus, on lui accordera du repos, il ne sortira point de l’ecurie, il y sera entravé ; & si l’on craignoit le desséchement de l’épaule (Voy. Epaule), on pourra attacher au pié de l’extrémité affectée, un fer à patin (Voyez Fer), mais seulement à la fin de la maladie, & pour ne l’y laisser que quelques heures par jour.

Ces sortes d’écarts, ou d’entr’ouvertures anciennes ou mal traitées, ne sont jamais radicalement guéries ; l’animal boite de tems en tems. Les Maréchaux alors tentent les secours d’une roue de feu. V. Feu. J’apprécierai dans cet article cette méthode ; mais je puis assûrer en attendant, que les boues des eaux minérales chaudes sont un spécifique admirable, & procurent l’entier rétablissement du cheval. (e)

Ecart, (Manege & Maréchall.) Faire un écart, expression dont on se sert communément pour désigner l’action d’un cheval qui, surpris à l’occasion de quelque bruit ou de quelque objet dont il est subitement frappé, se jette tout-à-coup de côté. Les chevaux ombrageux & timides sont sujets à faire de fréquens écarts. Les chevaux qui se défendent sont aussi des écarts. Voyez Ombrageux & Fantaisie. (e)

Ecart, en termes de Blason, se dit de chaque quartier d’un écu divisé en quatre : on met au premier & au quatrieme écart, les armes principales de la maison ; & celles des alliances, au second & au troisieme.

Ecart, terme de Jeu, se dit à l’hombre, au piquet & à d’autres jeux, des cartes qu’on rebute, & qu’on met à-bas pour en reprendre d’autres au talon, si c’est la loi du jeu ; car il y a des jeux où l’on écarte sans reprendre.

ECARTELÉ, adj. terme de Blason qui se dit de l’écu divisé en quatre parties égales, en banniere ou en sautoir. Voyez Ecarteler & Sautoir.

Crevant, écartelé d’argent & d’azur.

ECARTELER, v. n. & act. en termes de Blason, c’est diviser l’écu en quatre quartiers ou davantage, ce qui arrive lorsqu’il est parti & coupé, c’est-à-dire divisé par une ligne perpendiculaire & une horisontale. Voyez Quartier.

On dit que quelqu’un porte écartelé, quand il porte l’écu ainsi parti & coupé.

On écartele en deux manieres, en croix & en sautoir. L’écart en sautoir se fait par une ligne horisontale & une perpendiculaire, qui se croisent à angles droits. L’écart en sautoir se fait par deux lignes diagonales qui se coupent au centre de l’écu.

Quand l’écart est fait en croix en blasonnant, on nomme d’abord les deux quartiers du chef, premier & second ; & ceux de la pointe, troisieme & quatrieme, en commençant par la droite.

Quand il est fait en sautoir, on nomme le chef & la pointe, premier & second quartiers ; le côté droit est le troisieme, le gauche est le quatrieme.

Celui qui a amené l’usage d’écarteler, est, à ce qu’on dit, René roi de Sicile en 1435, qui écartela de Sicile, d’Arragon, de Jérusalem, &c. L’écartelure sert quelquefois à distinguer les puînés de l’aîné.

Colombiere compte douze façons d’écarteler ; d’autres en comptent davantage, dont voici les exemples. Parti en pal, quand l’écu est divisé du chef à la pointe ; voyez Pal : parti en croix, quand la ligne perpendiculaire est traversée d’une horisontale d’un côté de l’écu à l’autre ; voyez Croix : parti de six pieces, quand l’écu est divisé en six parts ou quartiers : parti de dix, de douze, de seize, de vingt, & de trente-deux, quand il est divisé en dix, douze, &c. parties ou quartiers. Voyez Chambers & Ménetr.

ECARTELURE, s. f. terme de Blason, division de l’écu écartelé. Lorsqu’elle se fait par une croix, le premier & le second écart ou quartier sont ceux d’en-haut, & les deux autres sont les quartiers d’en-bas, en commençant à compter par le côté droit. Si elle se fait par un sautoir, ou par le tranché & taillé, le chef & la pointe font le premier & le second écart ou quartier ; le flanc doit faire le troisieme, & le gauche le quatrieme. Voyez Ecarteler. Ibid.

ECARTEMENT, s. m. (Docimasie.) phénomene par lequel de petits grains d’argent se détachent d’un bouton d’essai, & sont poussés au loin. Cet inconvénient a lieu quand on le retire de dessous le mouffle immédiatement après son éclair ; & il vient de ce que l’air frappant le bouton, refroidit & condense sa surface, qui se resserrant sur elle-même, force l’argent qu’elle renferme de jaillir par la compression qu’elle lui fait éprouver. On juge bien que cet accident rend l’essai faux. Voyez Essai. Article de M. de Villiers.

ECARTER, METTRE À L’ECART, ELOIGNER, synon. (Gramm.) Ces trois verbes ont rapport à l’action par laquelle on cherche à faire disparoître quelque chose de sa vûe, ou à en détourner son attention. Eloigner est plus fort qu’écarter, & écarter que mettre à l’écart. Un prince doit éloigner de soi les traîtres, & en écarter les flateurs. On écarte ce dont