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crétaires ; six huissiers, un audiencier, des avocats du roi, un procureur général, un receveur des amendes & payeur des gages.

Le roi nomma pour premier président Geoffroi Hebert, évêque de Coutances, & pour troisieme, Antoine abbé de Saint-Oüen. Il se réserva la nomination & disposition des charges qui seroient vacantes.

Il fut ordonné que l’échiquier se tiendroit dans la grande salle du château de la ville, en attendant que le lieu destiné pour le palais eût été bâti.

Le même édit régla l’ordre de juger les procès, la maniere de les distribuer, l’ordre des bailliages, la cessation des jurisdictions inférieures en certains tems, la comparence des baillis & autres officiers à la cour souveraine de l’échiquier ; les priviléges & gages des présidens, conseillers, & autres officiers.

L’ouverture de l’échiquier perpétuel se fit le premier Octobre 1499.

Le roi avoit accordé au cardinal d’Amboise en considération de sa dignité & de ses grands services, le sceau de la chancellerie, avec le droit de présider à l’échiquier pendant sa vie.

L’échiquier perpétuel demeura au château pendant sept années ; & ce ne fut qu’en 1506, le premier Octobre, qu’il commença à être tenu dans le palais, qui n’étoit même pas encore achevé.

Ce fut dans ce même tems que l’on établit à Roüen une table de marbre, pour juger les appellations des maîtrises d’eaux & forêts de la province, lesquelles jusque-là avoient été relevées directement à l’échiquier.

Par des lettres du mois d’Avril 1507, Louis XII. accorda à l’archevêque de Rouen & à l’abbé de Saint-Oüen, la qualité de conseillers nés en l’échiquier.

François I. à son avenement à la couronne, en 1515, confirma par des lettres patentes la cour de l’échiquier dans tous ses priviléges ; & par d’autres lettres du mois de Février suivant, il voulut que le nom d’échiquier fût changé en celui de cour de parlement. La suite de ce qui concerne cette cour, sera ci-après sous le mot Parlement, à l’article Parlement de Normandie. Voyez le recueil d’arrêts de M. Froland, part. I. ch. ij. (A)

Echiquier ou Quinconce, s. f. (Jardinage.) on dit un lieu planté en échiquier, lorsqu’il est sur un trait quarré formant des allées de tous côtés. Voyez Quinconce. (K)

* Echiquier, ou Carreau, ou Hunier, (Pêche.) espece de filet quarré dont on se sert dans les rivieres. Il consiste en une grande piece, dont la maille n’a que quatre à cinq lignes ; on amarre autour une forte ligne ; on tient le rets un peu lâche, de maniere qu’il enfonce dans l’eau vers son milieu ; on a reservé à chaque coin un petit œillet de la ligne, qui reçoit l’extrémité des petites perches legeres qui suspendent le filet par ses coins. Ces petites perches font l’arc ; au point où elles se réunissent toutes, est frappé un bout de corde, qui sert à amarrer cet engin de pêche à une longue perche de 7 à 8 piés. Cet équipage n’a lieu que quand on pêche à pié. Si l’on pêche en bateau, comme il arrive quelquefois, on met un bout dehors, soit au mât, soit au bord, à l’extrémité duquel est frappé une poulie, où passe un cordage attaché sur la perche du carreau ; par le moyen de ce cordage, on guinde, éleve, ou abaisse le carreau à volonté. On ne se sert de l’échiquier qu’à marée montante ; alors on se place à l’entrée des gorges & des embouchures des rivieres, où l’eau commence à se présenter avec quelque rapidité ; le poisson se précipite dans le filet, & l’on tire ou retire le carreau pour prendre le poisson ; ensuite on le rabaisse, & l’on continue la pêche.

Il y a une autre sorte d’échiquier, que les pêcheurs appellent balutet ou petite caudrette. Ce filet est monté comme l’échiquier, au bout d’une perche. La pêche n’en differe pas de celle aux chaudieres, dont se servent entre les rochers les pêcheurs à pié de Saint-Valeri ; il n’y a de différence qu’au fond, qui aux chaudieres est garni d’une toile, & non d’un rets. Quant à la maniere d’amorcer, c’est la même ; ils amarrent du poisson au fond du balutet. Ils pêchent toute l’année à la basse eau, ce qui occasionne quelque destruction du frai.

Echiquier, (Jeu.) c’est ainsi qu’on appelle le damier, lorsqu’il est occupé par un jeu d’échecs. Voyez Echecs & Damier.

ECHMALOTARQUE, s. m. (Hist. anc.) prince ou chef des captifs ; c’est le nom que les Juifs donnoient aux chefs des tribus ou gouverneurs du peuple hébreu, qui les élisoit pendant la captivité de Babylone, sous le bon plaisir des rois de Perse, qui avoient permis aux Israëlites captifs de se gouverner selon leurs lois, & de choisir entr’eux des chefs pour les faire observer. Ils n’étoient élus que de la tribu de Juda & de la famille de David, au-lieu que les nusi ou princes de la synagogue dans la Terre-sainte, se prenoient dans toutes les tribus indifféremment. Après la captivité, le peuple de retour dans sa patrie, élut pour chef Zorobabel, & Josué pour grand-prêtre, & cette forme de gouvernement subsista jusqu’à ce que les Asmonéens montassent sur le throne de Judée. Selden, de synedriis, & Chambers. (G)

ECHO, s. m. (Physiq.) son réfléchi ou renvoyé par un corps solide, & qui par-là se répete & se renouvelle à l’oreille. Voyez Son & Réflexion. Ce mot vient du grec ἦχος, son.

Le son est répété par la réflexion des particules de l’air mises en vibration (voyez Son) ; mais ce n’est pas assez de la simple reflexion de l’air sonore pour produire l’écho, car cela supposé il s’ensuivroit que toute surface d’un corps solide & dur, seroit propre à redoubler la voix ou le son, parce qu’elle seroit propre à les réfléchir, ce que l’experience dément. Il paroît donc qu’il faut pour produire le son, une espece de voûte qui puisse le rassembler, le grossir, & ensuite le réfléchir, à-peu-près comme il arrive aux rayons de lumiere rassemblés dans un miroir concave. Voyez Miroir.

Lorsqu’un son viendra frapper une muraille derriere laquelle sera quelque voûte, quelqu’arche, &c. ce même son sera renvoyé dans la même ligne, ou dans d’autres lignes adjacentes.

Cela posé, pour qu’on puisse entendre un écho, il faut que l’oreille soit dans la ligne de réflexion ; & pour que la personne qui a fait le bruit puisse entendre lui-même son propre son, il faut encore que cette même ligne soit perpendiculaire à la surface qui réfléchit ; & pour former un écho multiple ou tautologique, c’est-à-dire qui répete plusieurs fois le même mot, il faut plusieurs voûtes, ou murs, ou cavités placées ou derriere l’une l’autre, ou vis-à-vis l’une de l’autre.

Quelques auteurs ont observé avec beaucoup d’attention plusieurs phénomenes de l’écho ; nous allons rapporter historiquement, & sans prétendre absolument les adopter, leurs réflexions sur ce sujet. Ils remarquent que tout son qui tombe directement ou obliquement sur un corps dense dont la surface est polie, soit qu’elle soit plane ou courbe, se réfléchit, ou forme un écho plus ou moins fort ; mais pour cela il faut, disent-ils, que la surface soit polie, sans quoi la reverbération de cette surface détruiroit le mouvement régulier de l’air, & par-là romproit & éteindroit le son. Lorsque toutes les circonstances que nous venons de décrire se réunis-