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vroient donner une grande attention. J’ai dit que les taxes personnelles & les impôts sur les choses d’absolue nécessité, attaquant directement le droit de propriété, & par conséquent le vrai fondement de la société politique, sont toûjours sujets à des conséquences dangereuses, s’ils ne sont établis avec l’exprès consentement du peuple ou de ses représentans. Il n’en est pas de même des droits sur les choses dont on peut s’interdire l’usage ; car alors le particulier n’étant point absolument contraint à payer, sa contribution peut passer pour volontaire ; de sorte que le consentement particulier de chacun des contribuans supplée au consentement général, & le suppose même en quelque maniere : car pourquoi le peuple s’opposeroit-il à toute imposition qui ne tombe que sur quiconque veut bien la payer ? Il me paroît certain que tout ce qui n’est ni proscrit par les lois, ni contraire aux mœurs, & que le gouvernement peut défendre, il peut le permettre moyennant un droit. Si, par exemple, le gouvernement peut interdire l’usage des carrosses, il peut à plus forte raison imposer une taxe sur les carrosses, moyen sage & utile d’en blâmer l’usage sans le faire cesser. Alors on peut regarder la taxe comme une espece d’amende, dont le produit dédommage de l’abus qu’elle punit.

Quelqu’un m’objectera peut-être que ceux que Bodin appelle imposteurs, c’est-à-dire ceux qui imposent ou imaginent les taxes, étant dans la classe des riches, n’auront garde d’épargner les autres à leurs propres dépens, & de se charger eux-mêmes pour soulager les pauvres. Mais il faut rejetter de pareilles idées. Si dans chaque nation ceux à qui le souverain commet le gouvernement des peuples, en étoient les ennemis par état, ce ne seroit pas la peine de rechercher ce qu’ils doivent faire pour les rendre heureux. Article de M. Rousseau, citoyen de Genève.

* Économie rustique ; c’est l’art de connoître tous les objets utiles & lucratifs de la campagne, de se les procurer, de les conserver, & d’en tirer le plus grand avantage possible. Cette maniere de s’enrichir est d’une étendue prodigieuse : c’est un tribut imposé sur tous les êtres de la nature ; les élémens même n’en sont pas exceptés. Ce seroit un ouvrage considérable que l’exposition seule des choses qui sont comprises dans l’économie rustique. Voici les principales. Celui qui vivra à la campagne, & qui voudra mettre son séjour à profit, connoîtra l’agriculture & le jardinage dans tous leurs détails ; il n’ignorera rien de ce qui concerne les bâtimens nécessaires pour lui, pour sa famille, pour ses domestiques, pour ses animaux, & pour ses différentes récoltes ; la chasse, la pêche, la fauconnerie, les haras, les eaux, les forêts, les différens travaux rustiques ; plusieurs manufactures, telles que celles de la fayence, de la poterie, de la chaux, de la brique, du fer, &c. Quelle que soit l’opinion vulgaire sur la vie d’un homme qui se livre tout entier à ces objets, je n’en connois aucune, sans exception, qui soit plus conforme à la nature, à la santé, à l’étendue des connoissances utiles, à l’élévation de l’esprit, à la simplicité des mœurs, au goût des bonnes choses, à la vertu, au bien public, à l’honnêteté & au bon sens. Voyez en différens endroits de ce dictionnaire ce qui a rapport à l’économie rustique, & consultez les articles Chasse, Pêche, Agriculture, Faisanderie, Fauconnerie, Jardinage, Culture des terres, &c.

ECOPE, s. f. terme de Riviere ; espece de pelle de bois un peu creuse avec laquelle on vuide l’eau qui entre dans les bateaux sur les rivieres. Ducange dit que le mot vient de scopa ou ascopa, vaisseau portatif où l’on met de l’eau.

ECOPÉ, s. f. terme de Chirurgie ; fracture ou solu-

tion de continuité du crane faite par un instrument

tranchant qui a frappé perpendiculairement. Il est rare que la division de l’os ne s’étende pas par une fracture prolongée plus loin que la partie que l’instrument a touchée. Son poids ou l’action de celui qui a donné le coup, fait que l’instrument agit souvent comme corps contondant.

Les accidens de l’écopé sont les mêmes que ceux des plaies de tête en général. On les divise en primitifs & en consécutifs. Les primitifs sont l’effet de la commotion, & exigent des saignées copieuses. Voy. Commotion. Les consécutifs indiquent des desordres survenus depuis le coup, comme sont les épanchemens, les abcès, &c. ils exigent l’opération du trepan. Mais la fracture du crane, indépendamment de tout accident, demande qu’on pratique l’opération du trepan, à moins qu’il n’y ait une division suffisante & placée convenablement pour l’évacuation des matieres qui pourroient s’épancher. Voyez Plaie de tête & Trepaner. (Y)

ECOPERCHE, s. f. en Architecture ; piece de bois avec une poulie qu’on ajoûte au bec d’une grue ou d’un engin, pour lui donner plus de volée.

On nomme aussi écoperche toutes pieces de bois de brin qui servent à porter les échafauts. Les plus petites écoperches se nomment boulins. V. Boulin. (P)

* ECORCE, s. f. (Jard. & Physiq.) on donne le nom d’écorce à cette partie du bois qui enveloppe l’arbre extérieurement, qui l’habille depuis l’extrémité de sa racine, jusqu’à celle de ses branches, & qui s’en peut détacher dans le tems de la seve. Elle est composée de plusieurs couches. La plus extérieure est quelquefois un épiderme mince ; les autres sont formées par des fibres ligneuses, qui s’étendent suivant la longueur du tronc, & qui l’enveloppent comme d’un réseau : car ces fibres sont divisées par faisceaux, qui en se joignant & en se séparant à diverses reprises, forment des mailles qui sont remplies par le parenchyme, qui se prolonge aussi entre les couches. Ceci est commun à toutes les lames d’écorce : mais celles qui sont les plus intérieures, approchent plus de la nature du bois que les extérieures, qui sont d’autant plus succulentes & herbacées, qu’elles sont plus voisines de l’épiderme.

Ce n’est pas une des moindres parties de l’arbre (voyez Arbre) ; elle sert à porter une portion du suc nourricier : le reste se répand dans le bois & la moelle de la tige ; ce qui est confirmé par l’expérience d’une grosse branche pelée tout autour de la largeur de quatre doigts près du tronc, & qui n’est point morte pendant tout un été. C’est entre l’écorce & ce bois qu’est l’aubier. Voyez Aubier.

On fait dans plusieurs arts usage de l’écorce des arbres ; la Medecine tire aussi de cette partie un grand nombre de remedes. Voyez l’article suivant.

Ecorce, (Pharm.) Les écorces usitées en Pharmacie se conservent toûjours en nature ou en poudre ; elles sont presque toutes exotiques, & on nous les apporte seches, & en état d’être gardées long-tems, sur-tout lorsqu’elles sont huileuses & aromatiques. Voyez les articles particuliers.

L’écorce de frêne, qui est la seule écorce de notre pays réputée médicinale, & qu’on gardoit autrefois dans quelques boutiques, ne se trouve plus dans aucune, & la Medecine y perd peu assûrément.

Dans les formules, tant officinales que magistrales, on doit prescrire les écorces après les bois & les racines ligneuses, & avant les semences, les feuilles, les fleurs, &c. soit qu’il s’agisse d’un aposème, d’un bouillon ou d’une poudre composée. V. Formule.

On employe très-peu d’écorces en Medecine ; le quinquina, la canelle, l’écorce de Winter, le cassia lignea, l’écorce de gayac, celle de simarrouba, la cascarille, sont presque les seules.