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les côtés ; il a dans le milieu deux trous oblongs qui servent à la respiration, & sa longueur est de trois pouces. Deux bandes très-noires s’étendent de chaque côté au-dessous des yeux, depuis les ouvertures du bec jusqu’à l’occiput : ces taches sont sur des plumes très-douces, & il se trouve entre-deux une ligne blanchâtre qui va jusqu’à la partie supérieure du cou, où on voit une couleur verte très-pâle ; le reste du cou, la partie inférieure de la tête, la poitrine & la partie supérieure du dos & des ailes, sont blancs. Les grandes plumes des ailes & le croupion sont noirs, de même que la queue, dont la longueur est de trois pouces. Les piés sont aussi de la même couleur ; ils ont trois doigts en-avant, & une membrane qui les réunit d’un bout à l’autre : il y a un quatrieme doigt en-arriere, qui a une membrane pareille à celle des autres doigts. Ils ont tous des ongles crochus & pointus. La femelle est aussi grosse que le mâle, & n’en differe que par les couleurs.

Ces oiseaux font leurs nids dans les rochers, leurs œufs sont très-bons. Les habitans du pays ne parviennent à ces nids qu’avec beaucoup de risque ; ils y descendent sur des cordes, & ramassent les plumes dont ces oiseaux se dépouillent tous les ans, & que nous appellons l’éderdon. On le préfere à toute autre sorte de plumes pour faire des lits, parce qu’il se renfle beaucoup, & qu’il est fort leger & très chaud. Worm, mus. lib. III. pag. 310. Willugb. Ornith. Voyez Oiseau. (I)

EDUCATION, s. f. terme abstrait & métaphysique ; c’est le soin que l’on prend de nourrir, d’élever & d’instruire les enfans ; ainsi l’éducation a pour objets, 1° la santé & la bonne conformation du corps ; 2° ce qui regarde la droiture & l’instruction de l’esprit ; 3° les mœurs, c’est-à-dire la conduite de la vie, & les qualités sociales.

De l’éducation en général. Les enfans qui viennent au monde, doivent former un jour la société dans laquelle ils auront à vivre : leur éducation est donc l’objet le plus intéressant, 1° pour eux-mêmes, que l’éducation doit rendre tels, qu’ils soient utiles à cette société, qu’ils en obtiennent l’estime, & qu’ils y trouvent leur bien-être : 2° pour leurs familles, qu’ils doivent soûtenir & décorer : 3° pour l’état même, qui doit recueillir les fruits de la bonne éducation que reçoivent les citoyens qui le composent.

Tous les enfans qui viennent au monde, doivent être soûmis aux soins de l’éducation, parce qu’il n’y en a point qui naisse tout instruit & tout formé. Or quel avantage ne revient-il pas tous les jours à un état dont le chef a eu de bonne heure l’esprit cultivé, qui a appris dans l’Histoire que les empires les mieux affermis sont exposés à des révolutions ; qu’on a autant instruit de ce qu’il doit à ses sujets, que de ce que ses sujets lui doivent ; à qui on a fait connoître la source, le motif, l’étendue & les bornes de son autorité ; à qui on a appris le seul moyen solide de la conserver & de la faire respecter, qui est d’en faire un bon usage ? Erudimini qui judicatis terram. Psalm. ij. v. 10. Quel bonheur pour un état dans lequel les magistrats ont appris de bonne heure leurs devoirs, & ont des mœurs ; où chaque citoyen est prévenu qu’en venant au monde il a reçû un talent à faire valoir ; qu’il est membre d’un corps politique, & qu’en cette qualité il doit concourir au bien commun, rechercher tout ce qui peut procurer des avantages réels à la société, & éviter ce qui peut en déconcerter l’harmonie, en troubler la tranquillité & le bon ordre ! Il est évident qu’il n’y a aucun ordre de citoyens dans un état, pour lesquels il n’y eût une sorte d’éducation qui leur seroit propre ; éducation pour les enfans des souverains, éducation pour les enfans des grands, pour ceux des magistrats, &c. éducation pour les enfans de la cam-

pagne, où, comme il y a des écoles pour apprendre

les vérités de la religion, il devroit y en avoir aussi dans lesquels on leur montrât les exercices, les pratiques, les devoirs & les vertus de leur état, afin qu’ils agissent avec plus de connoissance.

Si chaque sorte d’éducation étoit donnée avec lumiere & avec persévérance, la patrie se trouveroit bien constituée, bien gouvernée, & à l’abri des insultes de ses voisins.

L’éducation est le plus grand bien que les peres puissent laisser à leurs enfans. Il ne se trouve que trop souvent des peres qui ne connoissant point leurs véritables intérêts, se refusent aux dépenses nécessaires pour une bonne éducation, & qui n’épargnent rien dans la suite pour procurer un emploi à leurs enfans, ou pour les décorer d’une charge ; cependant quelle charge est plus utile qu’une bonne éducation, qui communément ne coûte pas tant, quoiqu’elle soit le bien dont le produit est le plus grand, le plus honorable & le plus sensible ? il revient tous les jours : les autres biens se trouvent souvent dissipés ; mais on ne peut se défaire d’une bonne éducation, ni, par malheur, d’une mauvaise, qui souvent n’est telle que parce qu’on n’a pas voulu faire les frais d’une bonne :

Sint Mæcenates, non deerunt, Flacce, Marones.

Martial, lib. VIII. epig. lvj. ad Flacc.

Vous donnez votre fils à élever à un esclave, dit un jour un ancien philosophe à un pere riche, hé bien, au lieu d’un esclave vous en aurez deux.

Il y a bien de l’analogie entre la culture des plantes & l’éducation des enfans ; en l’un & en l’autre la nature doit fournir le fonds. Le propriétaire d’un champ ne peut y faire travailler utilement, que lorsque le terrein est propre à ce qu’il veut y faire produire ; de même un pere éclairé, & un maître qui a du discernement & de l’expérience, doivent observer leur éleve ; & après un certain tems d’observations, ils doivent démêler ses penchans, ses inclinations, son goût, son caractere, & connoître à quoi il est propre, & quelle partie, pour ainsi dire, il doit tenir dans le concert de la société.

Ne forcez point l’inclination de vos enfans, mais aussi ne leur permettez point legerement d’embrasser un état auquel vous prévoyez qu’ils reconnoîtront dans la suite qu’ils n’étoient point propres. On doit, autant qu’on le peut, leur épargner les fausses démarches. Heureux les enfans qui ont des parens expérimentés, capables de les bien conduire dans le choix d’un état ! choix d’où dépend la félicité ou le mal-aise du reste de la vie.

Il ne sera pas inutile de dire un mot de chacun des trois chefs qui sont l’objet de toute éducation, comme nous l’avons dit d’abord. On ne devroit préposer personne à l’éducation d’un enfant de l’un ou de l’autre sexe, à moins que cette personne n’eût fait de sérieuses réflexions sur ces trois points.

I. La santé. M. Brouzet, medecin ordinaire du Roi, vient de nous donner un ouvrage utile sur l’éducation médicinale des enfans (à Paris chez Cavelier, 1754). Il n’y a personne qui ne convienne de l’importance de cet article, non-seulement pour la premiere enfance, mais encore pour tous les âges de la vie. Les Payens avoient imaginé une déesse qu’ils appelloient Hygie ; c’étoit la déesse de la santé, dea salus : de-là on a donné le nom d’hygienne à cette partie de la Medecine qui a pour objet de donner des avis utiles pour prévenir les maladies, & pour la conservation de la santé.

Il seroit à souhaiter que lorsque les jeunes gens sont parvenus à un certain âge, on leur donnât quelques connoissances de l’anatomie & de l’œconomie animale ; qu’on leur apprît jusqu’à un certain point ce