sulphureux est volatil, il s’évapore ; & dès qu’il est entierement évaporé, les lettres reprennent la véritable couleur de l’argent, sur-tout si celui qu’on a employé dans l’expérience est extrèmement fin, & si l’expérience se fait dans un endroit exempt de vapeurs.
On peut mettre encore dans cette classe plusieurs autres dissolutions métalliques, comme du plomb dans le vinaigre, du cuivre dans l’eau-forte, &c. mais elles rongent & percent le papier.
La troisieme classe est celle des encres sympathiques dont l’écriture invisible paroît en la frotant avec quelque poudre brune ou noire. Cette classe comprend presque tous les sucs glutineux & non-colorés, exprimés des fruits & des plantes, le lait des animaux, ou autres liqueurs grasses & visqueuses. On écrit avec ces liqueurs ; & quand l’écriture est seche, on fait passer dessus legerement & en remuant le papier, quelque terre colorée réduite en poudre subtile, ou de la poudre de charbon. Les caracteres resteront colorés, parce qu’ils sont formés d’une espece de glu qui retient cette poudre subtile.
Enfin la quatrieme classe est celle de ces écritures qui ne sont visibles qu’en les chauffant. Cette classe est fort ample, & comprend toutes les infusions & toutes les dissolutions dont la matiere dissoute peut se brûler à très-petit feu, & se réduire en une espece de charbon. En voici un exemple qui suffira.
Dissolvez un scrupule de sel ammoniac dans deux onces d’eau pure ; ce que vous écrirez avec cette solution ne paroîtra qu’après l’avoir échauffé sur le feu, ou après avoir passé dessus un fer un peu chaud. Il y a grande apparence que la partie grasse & inflammable du sel ammoniac, se brûle & se réduit en charbon à cette chaleur, qui ne suffit pas pour brûler le papier. Au reste cette écriture étant sujette à s’humecter à l’air, elle s’étend, les lettres se confondent, & au bout de quelque tems elles ne sont plus distinguées ou séparées les unes des autres.
Quand l’écriture invisible a une fois paru par un de ces quatre moyens, elle ne disparoît plus, à moins qu’on ne verse dessus une liqueur nouvelle, qui fasse une seconde dissolution de la matiere précipitée.
L’encre sympathique de M. Hellot après avoir paru, disparoît & reparoît ensuite de nouveau tant que l’on veut, sans aucune addition, sans altération de couleur, & pendant un très-long tems, si elle a été faite d’une matiere bien conditionnée. C’est en l’exposant au feu & en lui donnant un certain degré de chaleur, qu’on la fait paroître ; refroidie elle disparoît, & toûjours ainsi de suite.
Cette encre n’a la singularité de disparoître après avoir paru, que quand on ne l’a exposée au feu que le tems qu’il falloit pour la faire paroître, ou un peu plus ; si on l’y tient trop long-tems, elle ne disparoît plus en se refroidissant, tout ce qui faisoit le jeu des alternatives d’apparition & de disparition a été enlevé : elle rentre donc alors dans la classe des encres sympathiques communes qui se rapportent au feu. Cette encre est susceptible d’une poussiere colorée, & enfin il y a une liqueur ou une vapeur qui agit sur elle. Quand elle est dans sa perfection, elle est d’un verd mêlé de bleu, d’une belle couleur de lilas : alors cette couleur est fixe, c’est-à-dire toûjours la même de quelque sens qu’on la regarde, quelque soit la position de l’œil par rapport à l’objet & à la lumiere. Mais il y a des cas où cette couleur est changeante, selon que l’œil est différemment posé ; tantôt elle est lilas sale, tantôt feuille morte ; & ce qui prouve que cela doit être compté pour une imperfection & non pour un agrément, c’est que l’encre à couleur changeante ne pourra paroître ou disparoître, que quinze ou seize fois : au lieu que celle de couleur
fixe soûtiendra un bien plus grand nombre de pareilles alternatives.
Si l’on veut que cette encre devienne de la classe qui se rapporte à l’air, alors il faudra tenir l’écriture exposée à l’air pendant huit ou dix jours ; elle sera de couleur de rose. On altérera aussi le plus souvent sa couleur, en la faisant passer dans les autres classes ; mais il paroît que ces deux couleurs extrèmes ou les plus différentes, sont celle de lilas & celle de rose. M. Hellot qui vit de cette encre pour la premiere fois entre les mains d’un artiste allemand, trouva dans les minéraux de bismuth, de cobolt, & d’arsenic, qui contiennent de l’azur, la matiere colorante qui étoit son objet ; & l’on croira sans peine, comme le dit M. de Fontenelle, que M. Hellot a tiré de cette matiere tout ce qu’elle a de plus caché. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
* ENCRENÉE, adj. f. pris subst. (Grosses forges.) C’est ainsi qu’on appelle dans quelques atteliers, l’état que le fer prend sous le marteau, lorsqu’il y est porté pour la seconde fois, au sortir de l’affinerie. Voyez Forges.
ENCRIER D’IMPRIMERIE : c’est une planche de bois de chêne sur laquelle sont attachées trois autres planches du même bois, dont une forme un dosseret, & les deux autres deux joues coupées & taillées en diminuant du côté ouvert, & opposé au dosseret. L’ouvrier de la presse met son encre dans un des coins, & en étend avec son broyon une petite quantité vers le bord du côté ouvert, sur lequel il appuie légerement une de ses balles quand il veut prendre de l’encre. L’encrier se pose sur le train de derriere de la presse, à côté des chevilles. Voyez les Planches d’Imprimerie, & l’article Imprimerie.
ENCRINUS ou ENCRINITE, s. f. (Hist. nat. fossil.) Quelques naturalistes donnent ce nom à une pétrification qui représente assez bien la figure d’un lis à cinq ou six pétales qui ne sont point encore épanoüies, ce qui est cause que quelques auteurs allemands la nomment lilien-stein, pierre de lis. Ces cinq pétales partent d’une tige composée d’un assemblage de petites pierres ou arrondies ou anguleuses, qui se séparent les unes des autres. Celles qui sont arrondies, se nomment trochites ou entrochites ; celles qui sont angulaires ou de la forme d’une étoile, se nomment astéries. M. Wallerius & d’autres naturalistes conjecturent que l’encrinus n’est qu’une étoile de mer pétrifiée. Agricola, lib. V. de nat. fossil. dit qu’il s’en trouve dans les fossés qui regnent autour des murs de la ville d’Hildeshein en Westphalie. (—)
* ENCROISER, (Manufact. en soie, en laine, en fil, &c.) C’est la façon de donner de l’ordre aux différens brins de soie, de laine, de fil, &c. qui composent la chaîne. Voyez Encroix. Les brins doivent être passés suivant le rang de cet encroix ; d’abord dans les lisses, & ensuite dans le peigne : ordre absolument nécessaire, puisque sans lui il seroit impossible de s’y reconnoître, & tout seroit en danger d’être perdu. On verra à l’article Ourdir, qu’il faut encroiser à deux brins lorsqu’on est en-haut de l’ourdissoir ; ce qui arrive quand le brin se trouve vis-à-vis de l’endroit où a commencé l’ourdissage. Voici comment se fait l’encroix. L’ourdisseur introduit le doigt index de la main dont il encroise (les uns se servant de la droite, les autres de la gauche), sur les deux brins, le pouce étant dessous ces deux brins : il passe le pouce sur un des deux, l’index alors est dessous : il continue de suite & de même alternativement : il reprend toûjours dans le même ordre, jusqu’à ce qu’il finisse, observant bien de ne se pas tromper à cette alternative. Les brins ainsi placés deux à deux sur ses doigts, sont posés sur les chevilles de l’encroix, d’où ils sont ensuite conduits pêle-mêle sur la cheville voisine de celle-ci, où est