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nées-là les nouvelles Lunes au lieu de tomber au jour marqué dans le calendrier, tombent le jour d’après : car si le 10 de Mars, par exemple, il doit y avoir nouvelle Lune, en supposant l’année augmentée d’un jour, cette nouvelle Lune ne tombera que le 11, en supposant que cette année ne soit point ainsi augmentée. V. Métemptose. On a donc été obligé de former deux autres tables pour les épactes, dont nous allons tâcher de donner une idée.

Voici comment on construit la premiere. On écrit d’abord horisontalement, les uns à côté des autres, tous les nombres d’or successifs, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 1, 2 ; ensuite sous le premier chiffre 3, on écrit dans une colonne verticale les chiffres 30 ou *, 29, 28, 27, &c. jusqu’à 1 inclusivement ; puis à côté de chacun de ces chiffres on écrit horisontalement, sous les chiffres des nombres d’or, les chiffres des épactes, en supposant que la premiere épacte soit le nombre qui est le plus à gauche dans chaque rangée horisontale : ainsi à côté de 30 ou de *, on écrit les épactes 11, 22, 3, 14, &c. à côté de 29 on écrit les épactes 10, 21, 2, 13, &c. & ainsi de suite. On peut voir cette table dans les élémens de Chronologie de Wolf déjà cités.

Outre cette table, on en forme une seconde par le moyen de laquelle on voit quel doit être le cycle des épactes pour chaque siecle ; & cette table se voit encore dans les élémens de Chronologie de Wolf : ainsi on voit que le cycle des épactes pour le siecle où nous sommes est 22, 3, 14, &c. c’est-à-dire que l’année dont le nombre d’or est 3, a pour épacte grégorienne 22, que l’année suivante a pour épacte grégorienne 3, &c. Ce même ordre durera dans le siecle qui suivra celui-ci ; mais en 1900 il changera, & l’ordre des épactes dans ce siecle & dans les trois autres consécutifs, sera 21, 2, 13, 24, &c. & ainsi de suite. Voyez aussi, sur cette matiere, l’abrégé du calendrier par M. Rivard, &c. le grand ouvrage que prépare M. Coucicault ancien échevin, & que nous croyons sous presse. Ce dernier ouvrage nous a paru fait avec beaucoup d’intelligence, de soin, & de détail.

Par l’ordre des cycles des épactes, il paroît que le même cycle peut avoir à la fois les épactes 24 & 25 ; comme on le verra facilement dans le cycle qui commence par le nombre 24, dans celui qui commence par le nombre 10, &c. Or nous avons dit ci-dessus que dans le calendrier des épactes on met les nombres 24 & 25 au même jour, & cependant les nouvelles Lunes ne peuvent tomber au même jour dans le cours de dix-neuf ans. Pour obvier à l’erreur qui pourroit résulter de-là, on écrit dans tous les mois pairs lunaires les nombres 26 & 25 à côté l’un de l’autre, mais le dernier en plus petit caractere ; & toutes les fois que les épactes 24 & 25 se trouvent ensemble dans le même cycle, alors il faut se servir de l’épacte 25, écrite en petit caractere ; & on ne doit point craindre de confusion de la combinaison des épactes 24, 25, 26, parce que ces trois épactes ne peuvent jamais se trouver ensemble dans un même cycle. A l’égard des épactes 26 & 25, lorsqu’elles se rencontrent dans un même cycle, il faut se servir de l’épacte 25, qui est jointe au même jour avec 24. Enfin dans ce même calendrier on met l’épacte 19 au dernier Décembre, avec l’épacte 20 ; parce que la nouvelle Lune tombe au dernier Décembre toutes les fois que l’épacte 19 répond au nombre d’or 19. De plus, les épactes sont disposées de maniere qu’elles donnent la nouvelle Lune environ un jour trop tard ; la raison que Clavius apporte de cette disposition, c’est qu’il vaut mieux que les épactes donnent les nouvelles Lunes, & par conséquent les pleines Lunes, trop tard, que trop tôt, afin qu’on ne soit

point en risque de célébrer la fête de Pâque avant la pleine Lune, ce qui seroit contraire au decret du concile de Nicée.

Cependant quelque soin que le pape Grégoire XIII. & les astronomes dont il s’est servi, ayent employé pour la détermination des nouvelles Lunes par les épactes, & pour fixer la Pâque, il faut avoüer que la méthode de trouver ainsi les nouvelles Lunes n’a pas toute l’exactitude qu’on pourroit desirer. En premier lieu, la fixation de l’équinoxe du printems au 21 de Mars, est fautive, puisque cet équinoxe peut arriver quelquefois le 19, & quelquefois le 23, comme nous l’avons remarqué dans l’article Calendrier. On trouve de plus dans le tome IV. des œuvres de M. Jean Bernoulli, imprimées à Lausanne en 1743, une piece curieuse sur ce sujet, où l’on voit l’erreur dans laquelle l’épacte peut induire quelquefois. En 1724, suivant le calcul de ce savant géometre, la vraie pleine Lune paschale a dû tomber le samedi 8 Avril à 4h 21′ du soir, l’équinoxe étant arrivé le 20 Mars. Or suivant le calcul par l’épacte, on trouve que la pleine Lune paschale de 1724 a dû tomber le 9 Avril, qui étoit un dimanche ; de sorte que par la regle établie, Pâque n’a été que le 16 Avril, au lieu qu’il auroit dû être le 9. La même chose est arrivée en 1744, où Pâque s’est trouvé 8 jours plûtard qu’il n’auroit dû être : car on verra dans les almanachs de cette année-là, que la pleine Lune paschale est arrivée le samedi 28 Mars, ainsi Pâque devoit être le lendemain 29 ; au lieu que par le calcul de l’épacte, la pleine Lune n’a dû être que le 29, qui étoit un dimanche, ce qui a fait remettre Paque au 5 Avril suivant. Il en arrivera autant, selon M. Bernoulli, en 1778 & 1798, par l’erreur de l’épacte. Voyez Paque.

Dans la préface de l’art de vérifier les dates, pag. 38 & suiv. on trouvera des observations utiles sur l’usage du calcul des épactes pour la chronologie, & pour les dates des anciens titres. (O)

* EPACTROCELE, s. m. (Hist. anc.) bâtiment leger à l’usage des pirates anciens. Ce mot, composé du grec, signifie bâtiment chargé de butin.

EPAGNEULS, s. m. pl. (Vénerie.) Voyez l’article Chiens. Les chiens épagneuls ou espagnols sont plus chargés de poil que les braques, & conviennent mieux dans les pays couverts ; ils chassent de gueule, & forcent le lapin dans les broussailles : quelquefois ils rident, & suivent la piste de la bête sans crier. Ils sont bons aussi pour la plume, & chassent le nez bas.

* EPAGOGES, s. m. (Hist. anc.) magistrats d’Athenes, institués pour juger les différends qui survenoient entre les marchands.

EPAGOMENES, adj. pl. (Hist. anc. & Chronol.) On appelloit ainsi les cinq jours qu’on ajoûtoit à la fin de l’année égyptienne, dont chaque mois avoit trente jours : ces cinq jours ajoûtés faisoient 365. Voyez An. (O)

EPAILLER, v. act. (Bijoutier, Metteur en œuvre, Orfévre, &c.) c’est avec l’échope à épailler (dont nous avons décrit la forme), enlever de l’or toutes les saletés, doublures & porures qui proviennent de la fonte ou du mal forgé. Quand l’or est à une certaine épaisseur, on enleve à l’échope plate toute la superficie ; ensuite on le ploye & reploye avec un marteau de bois. Cette courbure découvre toutes les cavités qui sont dans l’or, & on les enleve avec l’échope à épailler. L’or étant plus sujet aux saletés que l’argent, à cause de son alliage, cette opération est de plus grande conséquence pour le Bijoutier que pour tout autre artiste, d’autant plus que le poli de l’or demande une grande netteté dans le métal.

* EPAIS, adj. (Gramm.) Il se prend ou relativement à la dimension, ou relativement au nombre,