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ivroient pieusement, & passoient la nuit à mettre la ville, & sur-tout les marchés, en tumulte.

* EPHESTIES, adj. pris subst. (Myth.) fêtes instituées en l’honneur de Vulcain, dans lesquelles trois jeunes garçons se disputoient le prix de la course : ce prix étoit accordé à celui qui atteignoit le premier le but, sans que le flambeau allumé qu’il portoit à la main s’éteignît.

* EPHESTRIDE. Voyez Chlamide ; c’est la même chose, selon Artemidore.

* EPHESTRIES, adj. pris subst. (Myth.) fêtes que l’on célébroit à Thebes en l’honneur de Tyrésias. On habilloit la statue du devin en femme ; & après qu’on l’avoit bien promenée sous ce vêtement, on la deshabilloit, & on lui mettoit un habit d’homme ; c’est ce qui est désigné par le mot éphestrie, qui signifie une sorte de vêtement.

EPHETE, s. m. (Hist. anc.) magistrat chez les Athéniens, dont le nombre varia de même que le district. Voyez M. Samuël Petit, dans ses commentaires latins sur les lois d’Athenes, liv. VIII. ouvrage plein de savoir.

Le roi Démophon créa les éphetes, pour connoître seulement des meurtres ; ensuite Dracon étendit leur pouvoir & leur nombre pour en former un tribunal suprème, tant criminel que civil. Il le composa de cinquante-un juges, tirés de ce que la république d’Athenes avoit de meilleur dans son sein : il falloit, pour y être admis, avoir, outre l’âge de 50 ans, de la naissance, une fortune au-dessus de la médiocre, & sur toutes choses une vertu épurée, trois qualités si rarement réunies. On appelloit à cet auguste tribunal des décisions de tous les autres, & il jugeoit de toutes les affaires en dernier ressort. Mais il arriva que l’Aréopage, humilié par Dracon, reprit sous Solon toute sa splendeur, & anéantit celle des éphetes : cependant ce célebre Aréopage lui-même, après s’être attiré pendant quelque tems le respect des peuples, vit à son tour ses beaux jours s’évanoüir, & tout son lustre se ternir par les vices & la corruption. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPHIALTES, COCHEMAR, INCUBE, sorte de maladie. Voyez Incube.

EPHOD, s. m. (Histoire sacrée.) ornement sacerdotal en usage chez les Juifs. C’étoit une espece de tunique fort riche, à l’usage du grand-prêtre ; mais il y en avoit de plus simples pour les ministres inférieurs.

Ce mot est hébreu, & il vient de aphael, qui signifie habiller. Les commentateurs & les interpretes sont fort partagés sur la forme de l’éphod ; voici ce que dit Josephe de celui du grand-prêtre : « L’éphod étoit une espece de tunique raccourcie, & il avoit des manches : il étoit tissu, teint de diverses couleurs & mêlangé d’or, & laissoit sur l’estomac une ouverture de quatre doigts en quarré, qui étoit couverte du rational. Deux sardoines enchâssées dans de l’or, & attachées sur les deux épaules, servoient comme d’agraphes pour fermer l’éphod : les noms des douze fils de Jacob étoient gravés sur ces sardoines en lettres hébraïques ; savoir, sur celle de l’épaule droite les noms des six plus âgés, & ceux des six puînés sur celle de l’épaule gauche ». Philon le compare à une cuirasse, & S. Jerôme dit que c’étoit une espece de tunique semblable aux habits appellés caracalle ; d’autres prétendent qu’il n’avoit point de manches, & que par-derriere il descendoit jusqu’aux talons.

Il y avoit deux sortes d’éphod ; l’un étoit commun à tous ceux qui servoient au temple, & étoit fait seulement de lin ; c’est celui dont il est fait mention au premier livre des rois : l’autre fait d’or, d’hia-

cynthe, de pourpre, de cramoisi & de fin lin retors, étoit uniquement à l’usage du grand-prêtre, qui ne pouvoit faire aucune des fonctions attachées à sa dignité, sans être revêtu de cet ornement. On voit dans le II. livre des Rois, chap. vj. vers. 14, que David marchoit devant l’arche revêtu d’un éphod de lin ; d’où quelques auteurs ont conclu que l’éphod étoit aussi un habillement des rois dans les cérémonies solennelles.

On trouve dans le livre des Juges, chap. viij. vers. 26, que Gédéon, des dépouilles des Madianites, fit faire un éphod magnifique qu’il déposa à Ephra, lieu de sa résidence ; que les enfans d’Israël en abuserent jusqu’à le faire servir d’ornement aux prêtres des idoles, & que ce fut la cause de la ruine de Gédéon & de toute sa maison. Les sentimens sont partagés sur cet éphod : les uns veulent que Gédéon ne l’ait fait faire que pour être toûjours en état de recevoir, même chez lui, les ordres de Dieu par l’organe du grand-prêtre ; ce qui n’étoit pas défendu par la loi : d’autres prétendent que cet éphod n’avoit rien de sacré, mais que c’étoit un vêtement de distinction dont Gédéon, en qualité de juge & de premier magistrat de la nation, avoit dessein de se servir dans les assemblées & les cérémonies publiques. Ses descendans n’eurent pas les mêmes idées : ils en abuserent par des pratiques idolatres ; car l’éphod n’étoit pas inconnu parmi les payens. Il paroît par-Isaïe qu’on revêtoit les faux-dieux d’éphods, peut-être lorsqu’on vouloit consulter leurs oracles. (G)

EPHORE, s. m. (Hist. anc.) magistrat de Lacédémone. Ce mot vient de ἐφορᾶν, veiller, formé de la préposition ἐπὶ, sur, & du verbe ὁρᾶν, voir : ἔφορος signifie donc proprement un surveillant, un inspecteur ; aussi les éphores étoient les inspecteurs de toute la république ; ils parvenoient à cette dignité par la nomination du peuple, mais leur charge ne duroit qu’un an.

Ils étoient au nombre de cinq, & quelques uns ont écrit que les Romains réglerent sur les éphores de Sparte, l’autorité des tribuns du peuple. Xénophon représente leur pouvoir en peu de mots ; ils abolissoient la puissance des autres magistrats ; pouvoient appeller chacun d’eux en justice, les mettre en prison si bon leur sembloit, & leur faire rendre compte de leurs mœurs & de leurs actions.

Ils eurent l’administration des deniers de l’état, lorsque pour le malheur de la république, Lysander y apporta les thrésors qu’il avoit tirés de ses conquêtes. On avoit bâti près de la salle où ils rendoient leurs jugemens, une chapelle dédiée à la Peur, pour montrer qu’il falloit les craindre & les respecter à l’égal des rois. En effet, leur pouvoir s’étendoit d’un côté à tout ce qui concernoit la religion ; de l’autre, ils présidoient aux jeux publics, avoient inspection sur tous les magistrats, & prononçoient sur des tribunaux qu’Elien nomme des thrones : enfin ils étoient si absolus, qu’Aristote compare leur gouvernement à la tyrannie, c’est-à-dire à la royauté. Ils ne contrebalançoient pas seulement l’autorité du sénat ; mais ils faisoient à Sparte ce que les rois pouvoient faire ailleurs, régloient les délibérations du peuple, les déclarations de guerre, les traités de paix, l’emploi des troupes, les alliances étrangeres, & les récompenses, aussi bien que les châtimens.

Les armées des Lacédémoniens prenoient leur nom du principal des cinq éphores, comme celles des Athéniens le prenoient de leur premier archonte. L’élection des éphores se faisoit vers le solstice d’hyver, & c’étoit alors que commençoit l’année des Spartiates.

Hérodote & Xénophon attribuent leur institution à Lycurgue, qui imagina ce moyen pour maintenir la juste balance d’autorité dans le gouvernement.